Les transferts d’argent vers les pays à revenu faible et intermédiaire devraient se replier à 508 milliards de dollars en 2020, en recul de 7 %, avant de connaître un nouvel effondrement en 2021, à 470 milliards de dollars (- 7,5 %). L’atonie de la croissance économique, l’insuffisance des niveaux d’emploi dans les pays d’accueil des migrants, la faiblesse des cours du pétrole et la dépréciation des monnaies des pays d’origine des transferts d’argent par rapport au dollar expliquent en grande partie ce déclin.
Les envois de fonds devraient reculer dans toutes les régions en 2020 et 2021, avec un repli particulièrement marqué en Europe et en Asie centrale (de respectivement 16 et 8 %), devant l’Asie de l’Est et le Pacifique (11 et 4 %), le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord (8 % pour les deux années), l’Afrique subsaharienne (9 et 6 %), l’Asie du Sud (4 et 11 %) et l’Amérique latine et les Caraïbes (0,2 et 8 %).
Malgré le recul attendu, les remises migratoires devraient constituer une source de financement extérieur encore plus importante pour les pays à revenu faible et intermédiaire en 2020. Ces transferts ont atteint un niveau record de 548 milliards de dollars en 2019, dépassant les investissements directs étrangers (534 milliards) et l’aide publique au développement (environ 166 milliards). Les IDE étant appelés à se contracter encore plus nettement, l’écart avec les envois de fonds devrait continuer de se creuser.
« Pendant cette crise, les migrants courent plus de risques d’avoir des problèmes de santé et de se retrouver au chômage, rappelle Dilip Ratha, auteur principal de la note et chef du programme KNOMAD. Les facteurs sur lesquels reposent les remises migratoires sont fragilisés et ce n’est pas le moment de baisser la garde sur les menaces qui pèsent sur ces flux vitaux. ».
Pour la première fois dans l’histoire récente, le nombre de migrants internationaux devrait baisser cette année, à la faveur d’un ralentissement des nouveaux départs et d’une hausse des retours vers les pays d’origine. Ces migrations de retour ont été observées partout dans le monde depuis la levée des mesures nationales de confinement, qui ont bloqué de nombreux migrants dans les pays d’accueil. La hausse du chômage parmi les migrants et les réfugiés, provoquée par des restrictions plus strictes en matière de visas, devraient accentuer encore ce phénomène.