Les gouverneurs d’Afrique du Nord : La Banque africaine de développement doit poursuivre sur sa lancée de réformes
Les gouverneurs de la Banque africaine de développement pour l’Afrique du Nord ont affirmé, jeudi à Abidjan, leur soutien à la politique de financement de l’institution dans leur région, à l’occasion d’une consultation annuelle tenue au siège de la Banque.
« Nous voulons une Banque qui mène, pas une Banque qui suit », a lancé le président Adesina, dans son allocution d’ouverture, à l’attention des gouverneurs des six pays de la région – Algérie, Egypte, Libye, Mauritanie, Maroc et Tunisie. « La lutte contre le chômage des jeunes est notre première priorité », a-t-il insisté.
Lors de cette réunion, qui a permis de faire un bilan des opérations et de tracer des perspectives d’investissement dans la région, le président de la Banque, Akinwumi Adesina, était entouré des hauts dirigeants de l’institution, parmi lesquels le vice-président principal Charles Boamah, le vice-président et économiste en chef Célestin Monga, la directrice principale du Forum pour l’investissement en Afrique, Stella Kilonzo, le directeur général de la Banque pour l’Afrique du Nord, Mohamed El Azizi, ainsi que le responsable de la gestion des risques au sein du Groupe, Timothy Turner.
Performances, contrastes et défis persistants
Dans sa présentation du tableau économique régional, Célestin Monga a salué la performance de l’Afrique du Nord, qui, selon lui, « fait encore mieux » que le reste du continent, mais il a également pointé « une situation contrastée » selon les pays.
L’emploi, en particulier celui des jeunes et des femmes, demeure un vrai défi : la part des jeunes sur le marché du travail n’est que de 22 %, contre 42,8 % en Afrique subsaharienne tandis que la part des femmes est parmi les plus faibles au monde. Les inégalités sociales constituent un autre défi de taille, notamment sur le plan territorial. Les efforts d’industrialisation doivent s’accélérer dans la région. Enfin, la sécurité alimentaire, soumise aux changements climatiques, reste un problème aigu pour l’Afrique du Nord.
2018, année record pour la Banque en Afrique du Nord
En 2018, la Banque africaine de développement a financé 28 opérations en Afrique du Nord, pour un montant total d’1,6 milliard de dollars, et dont 30 % ont été alloués au secteur privé. La Banque a également mobilisé un montant record de 22 millions de dollars en assistance technique. Signe de sa réactivité et de sa proximité accrue avec ses clients, la Banque a opéré un décaissement record de 1,05 milliard de dollars.
« La nouvelle structure de la Banque -dotée de directions générales décentralisées dans les cinq grandes régions du continent, dont celle pour l’Afrique du Nord, à Tunis- a un impact sur nos opérations », a souligné Mohamed El Azizi.
Grâce à la Banque africaine de développement, 170 000 Tunisiens ont eu accès à l’eau potable en 2018 et 17 stations d’assainissement sont entrées en service. Au Maroc, sur l’axe Rabat-Casablanca, 2,5 millions de personnes profitent désormais d’un accès sécurisé à l’eau potable. En Egypte, pas moins de 12,5 millions d’habitants du Caire vont bénéficier de l’extension de la station de traitement des eaux de Gabel al Asfar. En Libye, plus d‘un millier de cadres ont été formés grâce au programme Tamayoz. En Mauritanie, les financements de la Banque « ont été précieux », s’est félicité le gouverneur du pays. Enfin, l’Algérie, « un pays stratégique pour la Banque » selon Mohamed El Azizi, a reçu de nombreux appuis techniques, notamment sur sa stratégie de développement industriel.
Cesser de fonctionner « à l’ancienne » et maintenir le cap sur l’innovation
L’intégration régionale -l‘une des cinq grandes priorités, High 5, de la Banque- est au cœur des projets d’investissement dans la région, comme, par exemple, le chemin de fer trans-Maghreb, le pont entre la Mauritanie et le Sénégal, le dernier maillon de la route transcontinentale Tanger-Abidjan.
Le directeur général pour l’Afrique du Nord a préconisé cinq grandes mesures susceptibles de générer 134 milliards de dollars de flux financiers par an : lever les barrières tarifaires bilatérales ; mettre en œuvre l’accord sur la facilitation des échanges de l’OMC ; supprimer toutes les barrières non tarifaires sur le commerce des biens et des services, sans discrimination de pays ; négocier avec d’autres pays en développement pour réduire de moitié les barrières tarifaires et non tarifaires ; appliquer des règles d’origine simples, souples et transparentes.
A l’issue de cette consultation, un constat vertueux a fait consensus : poursuivre dans une démarche innovante et cesser de fonctionner « à l’ancienne » dans un monde en pleine mutation. « La Banque africaine doit poursuivre sur sa lancée de réformes », ont conclu les gouverneurs.