khaled Zribi, président du Conseil d’Administration de la Bourse de Tunis est revenu, aujourd’hui sur les ondes d’Express Fm, sur la situation actuelle de la Bourse des Valeurs Mobilières de Tunis (BVMT), plongée dans le rouge depuis des mois, avec un cumul de perte de 12,34% depuis son record annuel de juin dernier.
Le constat général pour Khaled Zribi est que la Bourse de Tunis n’a pas encore eu sa chance dans les stratégies mises en place, si tant est qu’on puisse parler de stratégie, en l’absence d’une volonté politique, défaillante sur les 20 dernières années et même de nos jours. La Tunisie est un pays qui navigue à vue, indique le responsable, qui déplore à ce propos l’absence de politique économique claire, même le plan de développement 2016-2020 intéresse l’opinion publique non pas pour son fonds mais pour des sujets périphériques, selon Khaled Zribi, faisant référence à la polémique sur l’intervention du groupe de conseil financier Lazard. Le plan en lui-même ne semble pas réaliste selon Khaled Zribi.
La Bourse doit jouer on rôle de financement pour la création de richesse, le récent partenariat conclu avec Euronext sera spécifiquement axé sur le financent de la PME par le mécanisme du marché, une première réunion du comité de pilotage a eu lieu en ce sens avec les expert d’Euronext pour engager cette démarche à travers des actions comme la réhabilitation du marché alternatif qui reste une très belle initiative même si elle a un peu végété et qu’elle n’a pas encore donné son rendement attendu.
Khaled Zribi rappelle que près de 95% des entreprises tunisiennes sont des PME, voire des TPME, dont une bonne majorité ont des problèmes de haut de bilan et de financement de leurs investissements, et sont en grande partie éligibles au marché alternatif, il faudra faciliter l’accès au marché financier pour ces entreprises pour augmenter le taux de participation de la Bourse au financement de l’investissement de 7% actuellement, à 20 voire 30% dans les 5 ou 6 prochaines années.
Le Président de la BVMT a également évoqué le programme de promotion et de vulgarisation de la culture boursière à travers des outils comme Investia Academie, My Investia,… et qui attire de plus en plus le public. Le responsable s’est montré très enthousiaste à ce sujet, dans la mesure où de tels programmes permettront de démocratiser la culture boursière, encore très défaillante en Tunisie surtout chez un grand nombre de chefs d’entreprises qui ne savent pas que leurs sociétés sont éligibles.
Interrogé sur la situation des petits porteurs, Khaled Zribi a insisté sur le respect des règles de base pour tout placement boursier, investir rationnellement et à long terme, suivre les fondamentaux, etc. Ceci conjugué à plus de transparence de la part des sociétés cotées (communiquer plus dans les mauvaises passes que dans les bonnes) et des intermédiaires en Bourse, il n’ y a pas de raison de craindre pour son placement, souligne Khaled Zribi, qui invite les sociétés actuellement en difficultés à clarifier leur situation et à rassurer les actionnaires.
Parmi les incitations qui existent aujourd’hui, Khaled Zribi cite le compte épargne en action – CEA – qui offrent un avantage fiscal considérable, à titre d’exemple le CEA représente en France plus de 70% de la capitalisation du « particulier », une démarche qui plus est institutionnalisée du fait de son adossement à des fonds, ceci constitue d’ailleurs un axe sur le quel la bourse de Tunis travaille, il s’agit d’inciter le particulier à aller vers l’épargne collective et les fonds communs de placement mixtes…La BVMT œuvre également à ce que les acteurs de l’écosystème du marché financier interagissent de façon plus effective. Outre l’initiative pour le financement des PME, créée avec Euronext, une deuxième initiative est en gestation, comme la création d’une institution de place, un organisme pour la promotion de la Bourse de Tunis, à l’image de ce qui se fait à Londres, Casablanca où encore à Paris (Paris EruoPlace)…