Nommé officiellement, à la tête du ministère du tourisme et de l’artisanat le 27 février 2020, soit quasiment, la veille du signalement du 1er cas COVID-19 en Tunisie (le 2 mars), Mohamed Ali Toumi, reste optimiste. Il estime que si la pandémie du coronavirus reste maîtrisée en Tunisie, le secteur pourra réaliser la moitié des recettes en devises de 2019, soit 2,5 milliards de dinars et ce, après avoir enregistré des recettes de plus de 1 milliard de dinars au premier trimestre de l’année en cours.
Dans une interview accordée à l’agence TAP, après la réouverture des frontières au terme de trois mois de fermeture, le ministre du tourisme et de l’artisanat se dit optimiste notamment après l’obtention par la Tunisie du « Safe Travel Stamp » du WTTC (World Travel and Tourism Council). Il annonce même, de nouveaux projets, pour la période à venir dont la création d’une cité sportive, un nouveau port de croisière et un parc d’attraction international.
«Il est temps de changer de cap et de diversifier l’offre à travers de tels projets, actuellement en cours d’étude, pour faire de la Tunisie, une destination touristique plus attractive avec une offre complète », a-t-il dit.
Le ministre, ancien président de la FTAV (Fédération tunisienne des agences de voyages), a souligné que, « pour le moment, le fait que la Tunisie soit une destination safe, c’est le plus important pour les touristes qui viendront en grand nombre, j’en suis sûr, pour passer leurs vacances dans notre pays ».
Et d’ajouter : « Qu’ils soient des touristes ou des Tunisiens résidents à l’étranger (TRE), nous ferons tout ce que nous pourrons pour faciliter toutes les procédures depuis leur arrivée jusqu’à leur départ et pour les faire profiter d’un agréable séjour en Tunisie, tout en veillant à l’application du protocole sanitaire anti-COVID-19 lancé par le ministère (distanciation, mesure de la température, gestes barrières…) dans toutes les unités touristiques.
La Tunisie a relevé le défi
D’après Mohamed Ali Toumi, au lendemain de sa nomination, le gouvernement actuel s’est retrouvé face à un énorme défi qu’il a réussi à relever avec beaucoup de responsabilité et est parvenu à contenir la pandémie, donnant ainsi, une belle image d’une Tunisie sûre malgré le peu de moyens dont elle dispose.
Il a formé le vœu de voir dans les prochains jours, plusieurs pays classés dans la liste orange, par le ministère de la santé en fonction du niveau de risque pandémique, passer à la liste verte afin que les TRE ou les touristes puissent venir en Tunisie, en toute confiance, sans être soumis à des restrictions de la liste orange (test PCR négatif et quarantaine de 14 jours obligatoire).
Pour les marchés voisins, libyen et algérien, le ministre a souligné qu’il suffira que ces deux pays rouvrent leurs frontières pour que les Libyens et Algériens commencent à réserver leur séjour en Tunisie.
« Ces deux pays sont nos voisins et ne sont pas concernés par la liste de classification élaborée par le ministère de la santé. Ils auront un traitement spécifique et seront bien accueillis aux frontières à leur arrivée, tout veillant au respect du protocole sanitaire », a-t-il assuré.
Le ministre convient que le secteur passe par une période très difficile et que certaines unités touristiques risquent de fermer et des emplois peuvent être perdus (sans préciser les chiffres) et ce, à l’instar de tous les autres secteurs économiques et de tous les pays du monde, qui ont été contraints à faire face à la pandémie du coronavirus. Il a souhaité toutefois, que le tourisme intérieur puisse jouer un rôle important dans cette phase critique.
Packages spécifiques aux Tunisiens
« On va appuyer à fond le marché local », a-t-il insisté, annonçant l’organisation d’une campagne de sensibilisation qui ciblera les clients tunisiens pour les inciter à soutenir le secteur touristique et à passer leurs vacances dans les hôtels. Le tourisme intérieur est devenu au cours des dernières années, le levier du secteur bien qu’il ne représente que 20% des nuitées, à ce jour.
Selon Toumi, la promotion du tourisme intérieur est une responsabilité commune. « L’Etat doit mettre en place les mécanismes appropriés et le professionnel doit répondre aux attentes du tunisien qui lui aussi doit mieux s’organiser et réserver à l’avance son séjour ».
« Des réunions ont eu lieu avec les professionnels du secteur qui ont exprimé leur disposition à créer des packages spécifiques aux Tunisiens à des prix préférentiels. Les amicales des institutions publiques sont aussi, appelées à organiser des excursions et des séjours dans les hôtels pour le personnel et le secteur bancaire devra créer des crédits loisirs pour aider le Tunisien à financer ses vacances », a-t-il ajouté.
Amélioration de la qualité des services
Pour la qualité de services, le ministre a été clair , « celui qui n’améliorera pas la qualité de services n’aura pas de place. Aujourd’hui, le client est averti et n’est plus un consommateur passif. A travers les réseaux sociaux, il peut facilement et instantanément dénoncer toute mauvaise prestation et cela ne peut que nuire à l’image de l’hôtel ou du restaurateur qui ont intérêt à fournir des prestations de qualité ».
Dans ce contexte, Toumi a évoqué le projet de révision des normes de classification hôtelière avec la Fédération tunisienne de l’hôtellerie (FTH), qui va tirer vers le haut la qualité de services. « Dans ce sens, il faudra orienter les financements et trouver des solutions aux hôtels qui ont des difficultés financières ou bancaires et mettre en œuvre s’il le faut, le livre blanc sur le financement du secteur touristique (conçu par la FTH et l’Association Professionnelle Tunisienne des Banques et des Établissements Financiers), pour résoudre plusieurs problèmes liés à l’endettement. Il faudra également, penser à la reconversion de certains hôtels, par exemple, en unités pour le tourisme médical ou autre ».
Renforcer la représentativité de l’ONTT à l’étranger
Toumi a aussi, évoqué la création au sein du ministère, d’une cellule de réflexion stratégique qui regroupera des représentants du département, des universitaires et des professionnels pour étudier tous les problèmes et penser aux solutions appropriées pour le secteur, comme l’amélioration de l’accessibilité aux sites touristiques et de l’environnement, en partenariat avec les municipalités et la valorisation des produits de l’artisanat.
« Il convient de penser à renforcer la présence de l’Office national du tourisme tunisien à l’étranger notamment, dans les pays à fort potentiel comme l’Afrique, l’Amérique du Sud ou encore le Golfe », a-t-il conclu.
Pour rappel, le secteur touristique fournit près de 400 mille emplois directs et indirects. Il a généré des recettes en devises, de plus de 5 milliards de dinars, l’année écoulée.
En 2020, les recettes touristiques ont chuté de 43%, à seulement, 1 milliard de dinars à la date du 20 juin, et ce par rapport à la même période de l’année dernière, selon la Banque Centrale de Tunisie
Au mois de mai dernier, une série de mesures ont été annoncées pour renforcer le secteur du tourisme et de l’artisanat dont la mise en place d’une ligne de crédit de 500 millions de dinars, au profit des établissements hôteliers touchés par la pandémie du Covid-19, afin qu’ils puissent payer les salaires de leurs fonctionnaires.
Une ligne de financement de 300 MD a été également, créée pour soutenir les sociétés opérant dans le secteur touristique. De même, 50 MD ont été consacrés aux agences de voyages et 10 MD au secteur de l’artisanat pour fournir de la liquidité leur permettant de payer les salaires au cours de la période allant de mars 2020, à mars 2021.