La crise sanitaire due à la propagation de la pandémie du coronavirus a entrainé des bouleversements durables dans le mode de vie des consommateurs tunisiens, analyse Mourad Ben Hassine, directeur général de l’Institut National de la Consommation (INC). Voici ses réponses aux trois questions de la TAP.
La crise sanitaire de la Covid-19 ne cesse de sévir sur tout le globe. Pensez-vous qu’elle va bouleverser les modes de consommation en Tunisie ?
La crise sanitaire mondiale due à la pandémie du Covid-19 a impacté l’économie mondiale, et de fait la chaine alimentaire mondiale, de la production à la consommation. En effet, la production des produits agricoles frais (fruits, légumes, poissons, viandes rouges et volailles) n’est plus au même niveau que les années précédentes. Aussi, les restrictions imposées au transport international, maritime, aérien et terrestre, a eu pour effet un coût supplémentaire et une augmentation des prix à la consommation pour les produits frais et produits industrialisés.
Quelles sont les tendances que vous avez vu s’accélérer ?
Cette situation économique aura à court et moyen terme un effet sur le mode de consommation dans le monde et en Tunisie. A titre indicatif, et du fait des situations de confinement, la consommation de produits frais, comme les fruits et légumes et certaines légumineuses, a pris le dessus sur la consommation dans les lieux publics ; protocoles sanitaires obligent.D’un autre côté, les ventes en ligne, via les sites de commerce électronique ou de vente à distance, ont augmenté et devront s’accélérer pendant la prochaine période.
L’achat sur Internet est une nouvelle orientation pour les Tunisiens, surtout lors du confinement général, pensez-vous que cela peut amplifier la consommation où impacter le pouvoir d’achat surtout pour les citoyens de la classe moyenne ?
Pour le moment, il est difficile de se prononcer sur l’effet de cette nouvelle orientation pour le consommateur tunisien et sur son pouvoir d’achat. D’une autre façon, il s’agit d’un nouveau mode de consommation qui va s’amplifier, d’autant plus que le taux de connectivité des Tunisiens sur internet est relativement important (taux de connectivité de l’ordre de 70%). Par ailleurs, la confiance dans les sites électroniques marchands n’est pas au beau fixe ; c’est pourquoi l’INC s’est associé à des partenaires, notamment l’Organisation de Défense du Consommateur (ODC), en vue de labelliser les sites électroniques (Label de confiance).
La mesure du pouvoir d’achat est un concept beaucoup plus complexe ; d’ailleurs, l’INC est en phase de lancer une étude pour cadrer ce concept et se doter d’indicateurs et/ou de systèmes d’information pour le cerner et se doter d’un moyen technique fiable pour la mesure du pouvoir d’achat.