Le Next Einstein Forum (NEF), initiative de l’Institut Africain des Sciences Mathématiques (AIMS) en partenariat avec la Fondation Robert Bosch, présente aujourd’hui les 16 finalistes de sa deuxième édition du Concours de l’Invention à l’Innovation (Ci2i), compétition d’innovation qui se tiendra lors de la Rencontre Internationale du NEF 2018 à Kigali, au Rwanda, du 26 au 28 mars 2018.
Les finalistes, jeunes scientifiques et entrepreneurs, seront en compétition pour remporter le premier prix dans trois catégories : science des données et technologie de pointe, santé personnalisée, adaptation au changement climatique.
« Au NEF, nous croyons que les inventions, en particulier celles qui sont fondées sur la science et qui peuvent dépasser le stade du prototype, sont essentielles à la transformation de l’Afrique. Le concours Ci2i du NEF récompense les innovations fondées sur la recherche et les produits qui ont un impact direct sur nos communautés. Les innovations des finalistes sélectionnés concernent le changement climatique, divers défis en matière de santé et repoussent les limites en proposant de nouvelles technologies de la science des données et des technologies de pointe. Nous avons hâte de voir toutes ces idées prendre vie », a déclaré Thierry Zomahoun, PDG de AIMS, et fondateur et président du Next Einstein Forum.
Le NEF a retenu 16 finalistes sur un total de 133 candidatures. Ils présenteront leurs innovations devant le jury, pendant trois à quatre minutes chacun, en insistant sur leurs impacts et sur leurs potentiels de développement. Les deux premiers, dans chacune des trois catégories, feront ensuite une présentation en séance plénière le 28 mars. Les vainquers seront annoncés lors de la cérémonie de clôture de la Rencontre Internationale du NEF 2018.
« En mettant l’accent sur les innovations fondées sur la recherche, Ci2i contribuera à faire émerger des problèmes importants affectant les familles et les communautés en Afrique, a déclaré Josh Ghaim, directeur de la technologie chez Johnson & Johnson Consumer Inc. Nous sommes impatients de collaborer avec la prochaine génération d’entrepreneurs et de scientifiques du continent, en les aidant à faire avancer leurs idées novatrices et à apporter des solutions pertinentes et sources de transformation pour les patients et les consommateurs sur le continent et dans le monde entier ».
Le vainqueur de chaque catégorie recevra un prix de 25 000 $. Le jury est composé de dirigeants de Johnson & Johnson, d’Elsevier, du Rwanda Biomedical Center, de Hello Tomorrow, de l’Université Carnegie Mellon, d’IBM Africa, de la Banque africaine de développement, entre autres.
Les 16 finalistes
Innovations intelligentes face au climat
1. Donatus Njoroge (Kenya) : Son innovation « Molepse Bio resource oil / powder» est à la fois un répulsif et un poison pour les principaux nuisibles post-récolte. Le produit est formulé à partir d’huiles essentielles de différentes espèces végétales disponibles localement. Une part significative des nuisibles meurent dans les cinq minutes suivant la fumigation, et l’effet répulsif est immédiat. Son produit est un bio-pesticide dérivé des plantes qui aide à réduire les pertes post-récolte de toutes les céréales. Il a permis à des agriculteurs de réduire les infestations par les nuisibles, et de maîtriser les problèmes de santé associés aux pesticides synthétiques.
2. Dickson Ayuka (Kenya) : Il est cofondateur d’UjuziKilimo Solutions qui recueille et analyse les données des exploitations agricoles à l’aide de capteurs, de GPS, de satellites et de mini-stations météorologiques pour aider les agriculteurs et les intervenants agricoles à prendre des décisions précises. L’UjuziKit est un appareil GPS et Internet avec des capteurs installés dans les fermes pour surveiller les niveaux de nutriments, les conditions météorologiques, les valeurs de pH et d’humidité du sol, qui déterminent les quantité d’irrigation, et d’application de chaux et d’engrais, selon les exigences locales.
3. Isaac Brenya (Ghana) : Isaac Brenya montrera comment Ecovon vise à révolutionner la façon dont les matériaux de construction sont fabriqués. Ecovon met au point un bois issu de ressources renouvelables, de l’écorce de noix de coco et de la bagasse de canne à sucre. L’objectif est de fournir au marché mondial un produit de remplacement du bois, biosourcé et sans formaldéhyde, meilleur pour les hommes et pour la planète.
4. Rachel Sibande (Malawi) : Rachel Sibande a créé, en 2013, le premier centre d’innovation du Malawi, mHub. Elle cherche à utiliser des épis de maïs comme biocarburant pour faire fonctionner un système électrique alimenté par du gaz. Le système fournira une énergie abordable aux communautés mal desservies, aux écoles, aux centres de santé et aux entreprises locales au Malawi, où seulement 10% de la population est connectée au réseau électrique. Le développement économique et la création d’emplois sont aussi pris en compte, en particulier par le recyclage des cendres et des coproduits du système électrique dans des blocs de terre comprimés, qui permettent de construire des maisons bon marché.
5. Isaac Sesi (Ghana) : Il est le co-fondateur de Sesi Technologies, start-up technologique qui produit du matériel informatique et des logiciels à des coûts abordables pour les agriculteurs et les autres parties prenantes du secteur agricole. L’innovation d’Isaac Sesi, GrainMate aide les céréaliers à mesurer avec précision l’humidité de leurs céréales avant stockage. Ils peuvent ainsi savoir si celles-ci sont prêtes pour le stockage ou si elles doivent continuer à séchr. Cela aide à réduire la contamination des grains due aux aflatoxines et à des micro-organismes, à l’origine de pertes.
6. Lahbib Latrach (Maroc) : Lahbib Latrach, chercheur et inventeur, est le fondateur et PDG de Green WATECH. Son innovation brevetée (technologie Multi-Soil-Layering, MSL) est une nouvelle méthode de traitement des eaux usées peu coûteuse et efficace. La technologie MSL est conçue pour être utilisée dans la gestion et la réutilisation des eaux usées domestiques dans les communautés rurales et dans les sites isolés. Elle consiste en une filtration de l’eau à l’aide de matériaux disponibles et peu coûteux tels que le sol, le gravier et la sciure de bois.
Solutions technologiques de pointe
1. Abdoulaye Diallo (Guinée) : Abdoulaye Diallo est co-fondateur de My Intelligent Machines (MIMs) qui a créé MIMsOmic, plate-forme Software as a Service. Celle-ci utilise l’intelligence artificielle, le langage naturel et la bioinformatique afin d’aider les scientifiques et les médecins travaillant dans les universités, les hôpitaux, les organismes de santé, les industries pharmaceutiques, biotechnologiques et agroalimentaires à effectuer des recherches génomiques en libre-service et de la veille biologique. MIMsOmic permet aux chercheurs en science de la vie et aux médecins, d’accéder en temps réel aux connaissances génomiques, de catalyser leur créativité et d’accroître l’efficacité et la normalisation de leur recherche collaborative.
2. Davy Uwizera (Rwanda) : Il travaille sur S-Transport, une solution d’intelligence artificielle pour le transport public dans les villes africaines. Le système observe en utilisant des capteurs de caméra dans les bus et aux arrêts de bus, et des traqueurs GPS. Il fournit des données sur le nombre de passagers et de personnes en attente, ainsi que des données de localisation pour cartographier les passagers et les bus. L’opérateur de transport peut ainsi surveiller les bus sur la route et les besoins des voyageurs au moyen d’un tableau de bord. Les voyageurs accédent aux données via des notifications par SMS et des panneaux d’information aux arrêts de bus. En outre, S-Transport fournit une application pour la gestion des flottes.
3. Oday Samad (Afrique du Sud) : Oday Samad travaille actuellement sur le projet Sign. Celui-ci vise à prévenir les accidents en mer, grâce à un gilet de sauvetage technologiquement avancé.
4. Tobi Dwoeye (Nigeria) : Il mène des recherches en utilisant des données générées par les patients pour évaluer les effets des analgésiques administrés aux femmes enceintes. Il veut traiter les résultats, en utilisant des identités numériques mobiles / web et l’apprentissage informatique profond, pour révéler des schémas cachés, créer une conscience de la situation, influencer positivement la pratique clinique et produire des résultats fondés sur des preuves.
5. Magondu Wairimu (Kenya) : Chef de projet chez eLimu, qui a créé une application d’alphabétisation, Hadithi Hadithi, destinée aux enfants de 6 à 8 ans avec des histoires écrites dans les langues locales du Kenya, de l’Ouganda, de la Somalie et du Soudan du Sud. Cette application couvre le programme scolaire, et chaque histoire contient des jeux avec des phrases, sur l’orthographe et sur l’écriture. Elle est fondées sur la pédagogie scientifiquement prouvée Reading to Learn.
Médecine personnalisée
1. Conrad Tankou (Cameroun) : Ce médecin camerounais a fondé GIC Space, entreprise sociale qui a développé GIC Med. GIC Med est un projet de télémédecine et de microscopie numérique ciblant les cancers du sein et du col de l’utérus. Cette solution innovante permet aux femmes ciblées d’avoir accès au dépistage et au diagnostic par des médecins spécialistes. Elle met aussi en place une plate-forme pour assurer le traitement et le suivi.
2. Joel Gasana (Rwanda) : Joel Gasana est étudiant en dernière année de médecine à l’Université du Rwanda, entrepreneur en santé sociale et fondateur de Companionapp. Companionapp est une application mobile connectant les patients porteurs du VIH et leurs médecins pour intensifier le suivi des patients et améliorer l’observance des traitements antirétroviraux. Companionapp vise à passer cette observance à 98%, réduisant ainsi la mortalité et la pharmacorésistance. Un autre objectif est la réduction de la transmission de la mère à l’enfant à moins de 1% en Afrique subsaharienne d’ici 10 ans.
3. Emmanuel Owoebu (Nigeria) : Médecin, entrepreneur social et passionné de santé mobile, il a un intérêt profond pour la santé publique, la recherche, la cybersanté et l’utilisation des technologies de l’information et de la communication au service du développement. Il a créé la solution OMOMI qui permet aux mères de surveiller la croissance et le développement de leurs enfants, d’avoir des informations de qualité sur la santé et d’accéder à une expertise médicale 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 en appuyant sur un bouton. En pariant sur la modification des comportements, l’apprentissage continu et la fourniture de compétences et de techniques simples à manipuler, sa solution tente en même temps de résoudre le problème aigu du manque d’accès aux soins et de fournir une solution à long terme au problème de mortalité maternelle et infantile.
4. Munyaradzi Rushambwa (Zimbabwe) : Munyaradzi Rushambwa conçoit un système grâce auquel les médecins peuvent obtenir des informations physiologiques en temps réel sur les patients, où qu’ils soient. Ce système permet une meilleure évaluation des patients par des médecins experts du monde entier. Il utilise l’Internet des objets pour réduire les coûts de consultation médicale et augmenter la couverture des services de santé dans les régions isolées.
5. Daniel Nyabdza (Zimbabwe) : Daniel Nyabdza est le fondateur de Digitech. Cette entreprise a mis au point une canne électronique intelligente pour les malvoyants, qui utilise des services de reconnaissance d’images et d’autres services d’intelligence artificielle rendus accessibles par IBM Research, en Afrique du Sud. Cette technologie offre aux aveugles une plus grande liberté de déplacement et une meilleure compréhension de leur environnement, en utilisant en temps réel des services d’intelligence artificielle en nuage.