Next Einstein Forum : Maha Nasr & Vinet Coetzee, lauréates du NEF, Ces femmes scientifiques qui font bouger l’Afrique
Pourriez-vous citer des découvertes scientifiques de niveau mondial réalisées par des scientifiques africains, voire par des scientifiques africaines? Ne cherchez plus : les lauréates du Next Einstein Forum (NEF) sont à la pointe de la recherche en santé (avec des travaux sur la trisomie 21, le cancer, la maladie d’Alzheimer, ou encore le diabète de type 2), en politiques technologiques et en protection des plantes, pour ne citer que quelques domaines.
« La plupart du temps, le monde n’est pas au courant des contributions des femmes scientifiques à la science et à la société, ou ne leur accorde pas de crédit. Pour changer cela, le Next Einstein Forum travaille à mettre les scientifiques africaines au centre des discussions sur la recherche et l’innovation mondiales. Leurs travaux sont précieux pour la science, et ils sont tout aussi importants pour le développement. Unis aujourd’hui sous le mot d’ordre #PressforProgress, nous devons mettre en avant leurs contributions », a déclaré Thierry Zomahoun, fondateur du NEF et président-directeur général de l’Institut panafricain des sciences mathématiques (AIMS).
Selon l’UNESCO, la proportion de femmes qui poursuivent une carrière dans les sciences et les technologies est de 28 % à l’échelle mondiale ; en Afrique subsaharienne, il y aurait 30 % de femmes parmi les professionnels de ces secteurs. Et pourtant, des compétences solides dans ces domaines sont essentielles pour transformer un pays ou un continent. Un rapport de 2014 de la Banque Mondiale a révélé que la croissance économique notable de l’Afrique subsaharienne ces dernières années se traduit par une capacité croissante en matière de recherche scientifique et technologique.[1]
» Ceux qui bénéficieront de la quatrième révolution industrielle seront ceux qui exploiteront la recherche et le développement. L’Afrique doit impérativement investir pour former les femmes africaines en sciences et en technologies, du niveau secondaire au niveau postdoctoral, et pour les retenir sur son sol. La science a besoin des femmes. Ce n’est pas une phrase tout faite, c’est un impératif économique et sociétal. Il suffit de voir le travail que les femmes de la communauté des scientifiques du NEF accomplissent. Elles sont au plus haut niveau d’excellence scientifique et elles ont un impact concret sur la communauté mondiale « , a déclaré Nathalie Munyampenda, directrice générale du NEF.
Ainsi, Vinet Coetzee, de l’Université de Pretoria, en Afrique du Sud, lauréate du NEF, dirige une équipe qui a mis au point un appareil de photographie en trois dimensions d’un coût abordable (un dixième de celui des systèmes commerciaux comparables), qui permet d’identifier les caractéristiques faciales particulières des nourrissons africains atteints de trisomie 21. Elle prévoit d’élargir ses recherches à d’autres pathologies. Le but à long terme de ce projet est la mise au point d’un outil de détection faciale qui permettrait aux médecins d’identifier plus précisément diverses pathologies à un coût réduit.
Maha Nasr, de l’université Ain Shams, au Caire, en Égypte, pharmacologiste, crée de nouveaux vecteurs, qui transporteront des médicaments plus précisément sur leurs cibles thérapheutiques dans le corps, en particulier pour le traitement des cancers et de la maladie d’Alzheimer.
Rym Kefi, à l’Institut Pasteur de Tunis, en Tunisie, étudie la structure de l’ADN pour détecter des pathologies chez l’humain. En particulier, elle travaille à mieux comprendre la pathogenèse du diabète de type 2, afin d’en améliorer le diagnostic et le traitement, et d’en réduire du même coup la prévalence, en Tunisie et ailleurs.
Sanushka Naidoo, de l’université de Pretoria, travaille sur les mécanismes pouvant conférer une résistance étendue et durable des arbres à leurs parasites et à leurs pathogènes, en étudiant des familles de gènes et leurs réponses à ces parasites et pathogènes.
Aku Kwamie, du Ghana, est consultante sur la gouvernance des systèmes de santé, piliers centraux pour garantir des soins équitables pour tous. Cette problématique est particulièrement importante dans les pays dont les territoires sont très étendus et au sein desquels coexistent divers niveaux de développement.
Le rôle des technologies de l’information et de la communication, en particulier l’identification de celles qui sont adaptées aux contextes ruraux, est l’un des principaux aspects des recherches d’Aminata Garba, de l’université Carnegie Mellon à Kigali, au Rwanda. Elle s’intéresse aux interactions entre les politiques et les technologies.
Pionnières dans leurs domaines, ces lauréates du NEF travaillent à trouver des solutions durables aux problèmes auxquels l’humanité est confrontée. Elles présenteront leurs travaux lors de la Rencontre Internationale du NEF 2018 à Kigali, au Rwanda, du 26 au 28 mars 2018.
Dans le cadre de cette rencontre, le NEF a préparé une session spéciale intitulée » Combler le retard des femmes en science et technologie « . » Il est temps que les femmes scientifiques sortent de l’ombre. Cela n’est possible qu’avec un soutien concret. L’élan et les belles paroles ne sont pas suffisants. Il existe des bonnes pratiques dont nous pouvons nous inspirer. C’est maintenant qu’il faut les mettre en œuvre. C’est ce sur sur quoi portera notre discussion lors de cette session « , a déclaré T. Zomahoun.