Selon un rapport récent de la Banque centrale européenne (BCE), aucun des pays candidats à l’adoption de l’euro ne remplit actuellement tous les critères requis. Pire encore, certains d’entre eux, comme la Hongrie, ont même dérogé aux règles établies de longue date pour l’adoption de la monnaie unique.
Si tous les États membres de l’UE, à l’exception du Danemark, sont tenus d’adopter l’euro à terme, le non-respect de cette obligation n’est pas sanctionné. De plus, de nombreux pays préfèrent conserver l’autonomie de leur politique monétaire plutôt que de se plier aux exigences strictes de la zone euro.
Des progrès freinés par la guerre en Ukraine et des institutions fragiles
Le rapport de la BCE, qui analyse les progrès de la Bulgarie, de la Hongrie, de la Pologne, de la République tchèque, de la Roumanie et de la Suède en vue de leur adhésion à l’euro, met en lumière une progression modeste depuis 2022. Cette situation s’explique principalement par les difficultés économiques engendrées par la guerre en Ukraine, notamment en raison de la forte dépendance de ces pays vis-à-vis de l’énergie russe.
Cependant, des problèmes plus profonds que le simple respect des critères économiques entravent leur adhésion. Selon la BCE, « les indicateurs publiés par des organismes internationaux suggèrent que la qualité des institutions et de la gouvernance dans les pays analysés, à l’exception de la Suède, demeure inférieure à la moyenne de l’UE ».
La Hongrie, la Pologne et la Roumanie à la traîne
Parmi les pays évalués, la Hongrie se distingue comme le plus performant. Budapest ne respecte pas les règles en matière d’inflation, de dette, de déficit budgétaire et de coûts d’emprunt à long terme, tandis que sa monnaie, le forint, affiche une forte volatilité. Plus inquiétant encore, la Hongrie a bafoué les principes d’indépendance de la banque centrale et d’interdiction du financement monétaire direct du gouvernement.
La Pologne et la Roumanie ne font guère mieux, respectant uniquement les critères relatifs à l’endettement.
La Bulgarie vise 2025 mais suscite des inquiétudes
La Bulgarie, qui ambitionne d’adopter l’euro dès 2025, ne respecte pas non plus le critère d’inflation. La BCE se déclare par ailleurs préoccupée par ses perspectives à long terme.
« Sur le long terme, la durabilité de la convergence de l’inflation en Bulgarie suscite des inquiétudes », souligne la BCE. « Une convergence durable en Bulgarie exigera des politiques économiques résolument axées sur la stabilité et des réformes structurelles de grande ampleur ».
L’adoption de l’euro par les pays candidats semble encore lointaine. Si des progrès ont été réalisés, ils restent insuffisants et sont freinés par des facteurs externes et des fragilités institutionnelles. La BCE appelle à des réformes structurelles et à des politiques économiques saines pour garantir une convergence durable et une adhésion réussie à la zone euro.