La Tunisie est classée au 95ème rang mondial en termes d’Indice de Développement Humain (IDH), selon le rapport du développement humain 2020, du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), devançant ainsi au niveau régional, la Libye (105ème rang) et le Maroc (121ème rang),. Publié sous le titre « La prochaine frontière : le développement humain et l’Anthropocène », le PNUD propose un nouveau point de vue expérimental dans son Indice annuel de développement humain.
Appelé nouvel IDH expérimental, il tient compte outre des anciens critères ; à savoir la santé, l’éducation et le niveau de vie d’un pays, les émissions de dioxyde de carbone et de l’empreinte matérielle des pays, souligne le rapport du PNUD. Et d’expliquer « qu’en ajustant l’IDH, l’indice montre comment la situation globale du développement mondial pourrait changer si le bien-être des êtres humains et l’allègement des pressions exercées sur la planète étaient tous deux au cœur de la définition du progrès de l’humanité ».
La Tunisie n’est pas épargnée dans ce contexte, elle était plaçée au 91ème rang mondial sur un total de 189 pays, elle est l’un des pays méditerranéens les plus exposés à la hausse des températures, la baisse des précipitations, l’élévation du niveau de la mer et aux phénomènes climatiques extrêmes, soulignent les auteurs du rapport. A titre d’exemple, 75% des terres fertiles sont exposées au risque de désertification. « Au PNUD Tunisie, nous œuvrons à limiter l’impact climatique sur le développement du pays, notamment, à travers les projets de résilience côtière, de limitation des émissions carbone, tout en adoptant une approche axée sur le développement humain » souligne, pour sa part, Steve Utterwulghe, Représentant Résident du PNUD en Tunisie. Selon les auteurs du nouveau rapport, « il est temps pour tous les pays de repenser leur chemin vers le progrès en tenant pleinement compte des pressions dangereuses que les êtres humains exercent sur la planète tout en éliminant les déséquilibres flagrants de pouvoir et d’opportunités qui empêchent le changement ». L’indice ainsi ajusté, fait ressortir une nouvelle vision du monde, moins optimiste, mais plus claire du progrès humain.
Plus de 50 pays quittent le groupe à très haut développement humain, en raison de leur dépendance aux combustibles fossiles et de leur empreinte matérielle, précise le rapport. Et d’ajouter que «la prochaine étape critique du développement humain exigera que l’on travaille avec, et non contre la nature, tout en transformant les normes sociales, les valeurs ainsi que les mesures d’incitation gouvernementales et financières ».
Selon le rapport, les actions publiques peuvent remédier aux inégalités, en ayant recours par exemple à une fiscalité de plus en plus progressive ou à des investissements et des systèmes d’assurance préventifs destinés aux communautés habitant le long des côtes, mesure qui peut protéger les vies des 840 millions de personnes exposées au risque d’inondations côtières à travers le monde.
Mais il faut un effort concerté pour s’assurer que toutes ces actions n’opposent pas davantage les peuples et la planète. Les bonnes politiques et réglementations ont un rôle à jouer et peuvent se révéler profitables avec des impacts durables, selon le même document qui appelle dans ce cadre « à remettre par exemple en question les subventions gouvernementales aux combustibles fossiles qui, selon les estimations, coûteraient directement et indirectement aux sociétés plus de 5 000 milliards de dollars par an, soit 6,5 % du PIB mondial ».