La situation économique et financière de la Tunisie souffre depuis une dizaine d’années d’une turbulence, traduite notamment par un déficit budgétaire, un recours effréné à l’endettement et une masse salariale démesurée. La politique monétaire a montré ses limites et ne peut plus donner de nouveaux avantages. D’où la nécessité d’effectuer les réformes nécessaires afin de sauver notre économie d’une chute certaine dont les prémices commencent à se faire sentir. Il s’agit, en premier lieu, de réduire le déficit budgétaire en comprimant les dépenses et en améliorant davantage les recettes. Il est nécessaire, dans ce cadre, d’élargir le recouvrement fiscal multipliant le nombre des agents chargés du recouvrement dans toutes les régions du pays. Il semble, d’après les derniers chiffres publiés, que les montants non recouverts s’élèvent à des millions de dinars.
Certaines entreprises n’ont pas encore régularisé leur situation auprès de l’administration fiscale malgré les facilités accordées dans ce sens. La fuite fiscale est encore pratiquée par plus d’une entreprise qui cherche à faire des gains aux dépens de la fiscalité. D’où la nécessité de redoubler d’effort de la part de l’administration fiscale en vue d’améliorer les revenus de la trésorerie.
L’Assemblée des représentants du peuple a approuvé plusieurs projets d’accords de financement avec des taux d’intérêt parfois élevés. Il s’agit de faire un audit sur la bonne utilisation de ces crédits et d’essayer de ne pas recourir automatiquement à l’endettement qui est supporté par les générations futures
Rationaliser l’endettement
Par ailleurs, une étude approfondie devrait être élaborée au sujet de l’endettement depuis la dernière décennie pour connaître quel est le montant des crédits contractés, les sources des bailleurs de fonds et les projets pour lesquels ces fonds ont été dépensés. L’Assemblée des représentants du peuple a approuvé plusieurs projets d’accords de financement avec des taux d’intérêt parfois élevés. Il s’agit de faire un audit sur la bonne utilisation de ces prêts et d’essayer de ne pas recourir automatiquement à l’endettement qui est supporté par les générations futures. A noter que la Tunisie est appelée chaque année à payer régulièrement le service de la dette en recourant parfois à de nouveaux crédits. Le recours aux prêts devrait être l’ultime solution d’autant plus que la marge de manœuvre de la Tunisie sur le marché financier international est devenue très limitée avec un endettement qui a touché le fond, soit presque 100% du PIB. Il vaut mieux privilégier faire appel aux ressources intérieures en sollicitant l’aide des banques tunisiennes comme ce fut le cas au cours des dernières années quand le ministère des Finances a réuni plusieurs banques locales pour conclure des accords de prêts destinés à financer le budget. A ce niveau non plus, il ne faut pas faire preuve d’abus car les ressources de remboursement sont bien limitées. La résolution du problème lié à la disponibilité de fonds ne peut se faire que par la création de richesses à valeur marchande.
Autrement dit, les Tunisiens doivent travailler plus, en favorisant la recherche-développement et l’expertise. Les produits fabriqués seront ainsi exportés vers les quatre coins du globe pour rapporter un panier de devises, capable d’alimenter les caisses de l’Etat.
Fluctuation du taux de change
Aussi, il est nécessaire de prendre les précautions nécessaires au sujet du taux de change. Les principales devises utilisées par la Tunisie sont le dollar et l’euro, il est important de savoir donner à la monnaie locale sa juste valeur. Récemment, on a enregistré une appréciation du dinar tunisien vis-à-vis du dollar et une dépréciation vis-à-vis de l’euro. Les exportateurs qui utilisent l’euro dans leurs transactions sont ainsi appelés à dépenser plus lors de l’importation des biens d’équipements, des matières premières et des produits semi-finis. Par contre, lors des opérations d’exportation, la valeur des ventes est plus importante. Ce n’est pas le cas pour les utilisateurs du dollar qui sont avantagés lors des importations et pénalisés lors des exportations dans la mesure où ils sont obligés de subir le fléchissement de la valeur de la monnaie américaine. Cette fluctuation du taux du taux de change peut avoir des conséquences fâcheuses sur les importateurs et les exportateurs.
Un autre point à prendre en considération concerne la masse salariale dans la Fonction publique et les entreprises publiques. Celle-ci est appelée à être allégée en favorisant le départ volontaire et la retraite anticipée. Dans le cadre de la restructuration des entreprises publiques, un plan social est lancé pour inviter les employés à bénéficier d’une retraite anticipée. Il s’agit de rendre ces entreprises plus légères et plus efficientes afin qu’elles puissent équilibrer leur situation financière et faire des bénéfices. C’est le cas, par exemple, des sociétés de transport et de services. L’objectif consiste aussi à améliorer le rendement des sociétés minières et énergétiques (phosphate, pétrole, gaz) pour réduire les pertes et augmenter les bénéfices.
C.G.