L’économiste et ancien ministre du Commerce, Mohsen Hassan, a récemment analysé les implications de la nouvelle politique protectionniste américaine sur l’économie tunisienne. Bien que l’impact direct soit jugé modéré, les conséquences indirectes, tant positives que négatives, pourraient s’avérer significatives.
Impact direct : une augmentation des droits de douane ciblée
Les mesures américaines, entrées en vigueur le 3 avril 2025, entraînent une augmentation des droits de douane pouvant atteindre 28 % sur certains produits tunisiens clés, tels que les dattes, l’huile d’olive et les textiles. Cette hausse risque de réduire la compétitivité de ces produits sur le marché américain, où l’huile d’olive tunisienne a représenté 17,2 % des exportations entre novembre 2024 et janvier 2025.
Impact indirect positif : baisse du pétrole et renforcement du dinar
Cependant, la politique américaine a également des retombées positives. La baisse du prix du pétrole Brent, passé de 80 à 70 dollars le baril depuis janvier 2025, allège la facture énergétique de la Tunisie. De plus, la dépréciation du dollar face à l’euro renforce le dinar, réduisant le coût des importations.
Impact indirect négatif : risques de récession et de ralentissement de la demande
Néanmoins, une récession européenne, exacerbée par l’inflation, pourrait réduire la demande pour les produits tunisiens, aggravant ainsi le déficit commercial. En 2024, la Tunisie a enregistré un excédent commercial de 215,8 millions de dinars avec les États-Unis, avec des exportations de 360 millions de dinars. Cependant, les importations, s’élevant à 480 millions de dinars à fin février 2025, montrent une dépendance significative.
Recommandations de Mohsen Hassan : une stratégie proactive
Face à ces défis, Mohsen Hassan préconise une refonte des politiques commerciales, notamment de l’accord de libre-échange avec l’UE. Il suggère :
- Un relèvement des droits de douane sur les produits non essentiels.
- Une diversification des partenariats économiques vers l’Amérique latine et l’Afrique.
- Une relance de la diplomatie économique pour explorer de nouveaux marchés.
Une opportunité de transformation
Selon Mohsen Hassan, la Tunisie doit moderniser son environnement des affaires et renforcer sa compétitivité. « L’activation d’une stratégie commerciale proactive est plus que jamais nécessaire », insiste-t-il. En s’adaptant, la Tunisie peut transformer ces menaces en opportunités et consolider sa position sur les marchés internationaux.