Près de 50% des hôtels ont fermé leurs portes et le reste ne pourra pas résister à cette crise, sur une longue période », a déclaré à l’agence TAP, Radhouane Ben Salah, président d’honneur de la Fédération Tunisienne d’Hôtellerie (FTH).
Le secteur touristique, et notamment celui de l’hôtellerie, a subi de plein fouet, les répercussions de la pandémie du Covid-19, Ben Salah a fait savoir que même les hôtels, dont les portes sont encore ouvertes, souffrent de grandes difficultés financières.
« Ils essaient de maintenir leurs activités, même s’ils sont déficitaires. Mais cette situation ne pourra perdurer au-delà de quelques mois supplémentaires, étant donné que leurs trésoreries connaissent une crise de liquidité sévère, d’autant plus que les banques refusent de leurs accorder des crédits », a-t-il expliqué.
Dans ce cadre, l’hôtelier a fait savoir que la ligne de crédit de 500 millions de dinars (MD), mobilisée par le gouvernement, au début de la crise sanitaire, n’a pas été activée, jusqu’à ce jour, et ce, en raison de rejet des banques.
« Il faut noter que même en activant cette ligne, un grand nombre d’hôtels, parmi ceux ayant des créances douteuses (ayant des crédits contractés auprès des banques, qu’ils ne peuvent rembourser), ne pourront pas en bénéficier, car ils ne sont pas concernés par cette mesure, alors que c’est eux qui souffrent beaucoup de la crise ».
Et d’expliquer que les autres hôteliers peuvent bénéficier de crédits de la part des banques, en ayant recours aux procédures ordinaires, mais ceux dont les créances sont classées , voient leurs demandes de crédits, rejetées automatiquement, et partant, ils ne disposent d’aucune solution pour surmonter la crise.
Le président d’honneur de la FTH a appelé le gouvernement à intervenir pour activer cette ligne de crédit, et prendre en considération lesdits hôteliers, pour assurer la pérennité d’une importante activité économique et de milliers d’emplois, recommandant, aussi, de reporter le paiement des échéances des différents charges, notamment les cotisations de la CNSS et les redevances fiscales, comme c’est le cas pour les crédits bancaires.
Il est à rappeler que la BCT vient de publier une circulaire qui prévoit la prorogation de la période de report à la fin septembre 2021 (contre fin septembre 2020, initialement) et ce, pour les échéances des crédits obtenus par les entreprises et les professionnels opérant dans les secteurs du tourisme et de l’artisanat, y compris les sociétés de gestion touristique.
Hôtellerie, un secteur à l’agonie
Dans le même contexte, Afif Kchouk, président de l’Union nationale de l’Industrie Hôtelière (UNIH) a estimé que la filière de l’hôtellerie, tout comme celle de transport aérien, est à l’agonie, en Tunisie et dans le monde entier.
« Aucune région et aucune catégorie d’hôtels n’est épargnée, dans cette situation difficile, même les hôtels d’affaires sont tous dans le même état, au vu qu’on évite l’organisation des séminaires et des rencontres. La situation devient insupportable pour notre filière, de jour en jour, d’autant plus que nous abordons la basse saison, dans un contexte marqué par l’absence de visibilité quant à l’évolution future de la crise sanitaire », a-t-il souligné.
« Nous constatons que la situation est loin de se calmer, à court terme. Nous appréhendons de voir les hôteliers qui ferment, ces jours-ci, les portes de leurs unités, incapables de les réouvrir, une autre fois ».
Afin d’éviter pareille situation, Kchouk a préconisé de trouver des solutions permettant de sauver l’hôtellerie tunisienne de l’effondrement, et d’assurer la reprise de cette activité après la fin de la crise, ainsi que de repenser, à moyen et long termes, son expansion et son développement. Il a appelé l’Etat à donner plus d’explications et de détails sur les modalités pratiques et concrètes, de la mise en place de la ligne de crédit de 500 MD, tout en activant dans les plus brefs délais, son entrée en vigueur.
Il a proposé, en outre, de mettre en place un « Plan Marshall », conçu par l’UNIH, qui prévoit la réhabilitation et la rénovation de tout le parc hôtelier en Tunisie (plus de 800 unités), lequel représente un patrimoine qui vaut plus de 8 milliards de dinars. « C’est un patrimoine encore bancable. Nous pouvons présenter une stratégie de restructuration adéquate de cette filière d’activité, aux bailleurs de fonds internationaux, pour nous accorder les financements nécessaires, estimés à environ 4 milliards de dinars ».
Selon Kchouk, il faut oeuvrer, en parallèle, à finaliser les projets en cours de réalisation et surmonter les problèmes entravant l’achèvement de certains d’entre eux. « Nous comptons, au total 199 projets en cours de réalisation, représentant un investissement global de 2,5 milliards de dinars, dont Boukhater à Tunis, la Rose à l’Ariana, la Cigale à Gammarth.. ».
« L’hôtellerie tunisienne a un grand avenir devant elle. Nous devons bien nous préparer, et profiter de cette période d’inactivité pour concrétiser notre plan de mise à niveau », a-t-il assuré, soulignant qu’après la crise, « nous serons en face d’un marché grandiose de 1 milliard de touristes potentiels. L’hôtellerie tunisienne doit se régénérer, engager sa mutation basée sur ses acquis, s’adapter à d’autres modèles économiques et se diversifier ».