Les bailleurs de fonds partenaires de la Tunisie ont exprimé leur disposition à contribuer au financement des projets de développement programmés par le pays sur les moyen et long termes, a indiqué le ministre de l’Economie de la Planification, Samir Saïed, dans une interview accordée à l’agence TAP, en marge des Assemblées annuelles 2023 de la BM et du FMI, tenues à Marrakech, du 9 au 15 octobre 2023.
Saïed, aussi gouverneur de la Tunisie au Groupe de la Banque mondiale, a affirmé que les responsables de plusieurs bailleurs de fonds dont la BM, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD), la Banque islamique de développement (BID), l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), la Banque allemande de développement (KfW)…, qu’il a rencontrés au Maroc, lui ont exprimé la disposition de leurs structures à soutenir les projets de développement de la Tunisie.
Toujours selon lui « les bailleurs de fonds partenaires de la Tunisie s’interrogent souvent sur l’avancement des négociations avec le FMI, étant donné que la conclusion d’un accord avec le Fonds pourrait donner un signal fort au reste des institutions financières, témoigner que des réformes sont en cours et que le pays est capable de retrouver ses équilibres financiers et de rembourser ses dettes ».
Le ministre de l’Economie a souligné que les rencontres menées au Maroc lui ont permis d’exposer le plan de développement 2023-2025 approuvé en Conseil des ministres depuis décembre 2022, et qui sera bientôt soumis à l’ARP pour examen et adoption, après y avoir apporté les propositions des différents ministères et structures concernés.
Le plan de développement comporte 185 mesures pour améliorer le climat des affaires. «Lesquelles ont été élaborées de concert avec les organisations professionnelles et les chambres nationales. Ces mesures seront progressivement appliquées sur trois ans ».
« Dans le cadre de ce plan, nous avons également travaillé à mettre en place les réformes visant à améliorer le climat des affaires au profit des PME ayant bénéficié d’une ligne de financement de 120 millions de dollars de la part de la BM. Ces réformes s’inscrivent dans le cadre des mesures urgentes prises, depuis 2022, pour relancer l’économie».
Le ministre a par ailleurs, évoqué la Vision Tunisie 2035, qui sera concrétisée sur trois plans de développement, dont le plan triennal 2023-2025, rappelant les réformes économiques qui ont été mises en œuvre dans le cadre de cette vision, notamment celles relatives à l’encouragement de l’investissement à travers la suppression de 70 autorisations. « Le véritable défi réside dans l’accélération de la concrétisation des réformes et le renforcement de l’efficacité de l’appareil économique ».
Saïed a aussi fait savoir que son département se penche, en collaboration avec les bailleurs de fonds partenaires, sur le suivi du projet d’interconnexion électrique méditerranéenne (Elmed) de 600 mégawatts reliant la Tunisie à l’Italie, soulignant « l’importance de ce projet qui favorisera l’exportation de l’électricité produite à partir d’énergies renouvelables vers l’Europe »
Ce projet connectera les réseaux électriques des deux pays moyennant deux stations HT (Haute tension) qui relieront la future station de Ras Taieb (nord-est de la Tunisie) à la future station de Sicile en Italie.
« A Marrakech, nous avons aussi abordé avec nos partenaires, les perspectives de financement du plan de développement 2023/2025 et nous avons fixé une liste de projets qui nécessitent des financements supplémentaires et de nouveaux projets »
Le plan de développement 2023/2025 qui s’étale, exceptionnellement sur 3 ans au lieu de 5 en raison de la pandémie du coronavirus, s’articule sur 6 axes relatifs, entre autres, aux ressources humaines, à l’investissement dans l’éducation, la santé et la culture et à l’économie de savoir. Il vise à garantir une progression dans les chaînes de valeur et à promouvoir la Tunisie comme une destination attractive pour les investissements dans l’économie de savoir.
Ce plan a aussi pour objectif de jeter les bases d’une économie compétitive et de favoriser le développement du secteur privé qui constitue « une locomotive de croissance ». Il donne également la priorité à l’environnement, à la transition vers une économie verte et circulaire, au développement des énergies renouvelables, à la lutte contre les changements climatiques…
Le cinquième axe de ce plan traduit l’ambition d’atteindre un meilleur équilibre entre les régions en termes de développement et de croissance, en accordant la priorité au développement régional et à la consolidation de la gouvernance locale. Le sixième axe revêt un aspect social en s’attaquant à la réforme fiscale et au renforcement de la solidarité nationale pour lutter contre la détérioration du pouvoir d’achat.