Selon la méthode ARA, régime flottant, la fourchette d’adéquation des réserves d’un pays doit être comprise entre 100% à 150% des réserves optimales nécessaires. La Tunisie est en dehors de cette fourchette depuis 2010.
Le niveau des réserves de change est en deçà des besoins de la Tunisie, selon une analyse publiée récemment, sur la tribune de l’Itceq (Institut tunisien de la compétitivité et des études quantitatives). Pour l’auteur de cette analyse, l’économiste Bouzid Amaira, «assurer une meilleure adéquation des réserves de change en Tunisie nécessite de préserver les équilibres externes, en veillant à maîtriser le déficit commercial, par le rétablissement de l’activité des secteurs pourvoyeurs de devises, d’établir une stratégie de promotion du tourisme, suite aux difficultés actuelles, d’améliorer le climat des affaires pour mobiliser davantage d’IDE (investissements directs étrangers) et d’optimiser la gestion de la dette extérieure du pays».
Se référant aux différents ratios traditionnels de l’adéquation des réserves de change (Ratio des réserves de change, rapportées aux importations, Ratio des réserves de change, rapportées à la dette extérieure à court terme, Ratio des réserves de change, rapportées à la masse monétaire), mais aussi à l’approche de l’adéquation des réserves de change développée par le FMI, il a pu en déduire que le niveau de réserves de change est en deçà des besoins du pays.
«En effet, l’approche développée par le FMI tient compte des différents ratios traditionnels et prend aussi en considération plusieurs paramètres, tels que la valeur des exportations, la dette extérieure à court terme, les autres engagements envers les non-résidents et la fuite de capitaux».
«Cette approche appelée la méthode ARA régime flottant permet d’évaluer les réserves nécessaires aux besoins courants. Selon cette méthode, la fourchette d’adéquation des réserves d’un pays doit être comprise entre 100% à 150% des réserves optimales nécessaires. La Tunisie est en dehors de cette fourchette depuis 2010 », a-t-il encore précisé.
« En effet, les réserves de change en Tunisie pour l’année 2018 sont de l’ordre de 10,7 milliards de dinars, soit 48% des besoins. Le niveau de réserves est jugé, actuellement, en deçà des besoins », a souligné l’économiste. Et d’enchaîner : «Il convient de souligner que la gestion du stock des avoirs en devises connaît un certain décalage entre les dépenses et les recettes, ce qui induit parfois des baisses relativement prononcées, mais momentanées de ce stock, que la Banque centrale de Tunisie cherche à maintenir au-dessus d’un niveau stratégique».
« Par conséquent, la Tunisie doit s’assurer qu’elle dispose suffisamment de réserves de change pour ses besoins courants. La méthode la plus reconnue par les institutions internationales, telles que le FMI (2011), consiste à s’assurer une couverture d’au moins de 3 mois d’importation. Il importe, à ce titre, de poursuivre les efforts destinés à préserver les équilibres externes », a-t-il conclu. Selon les statistiques de la BCT, les avoirs nets en devises sont de l’ordre de 22149 MD, soit 156 jours d’importation, au 22 février 2021.
Selon cette analyse, l’adéquation des réserves de change est une composante essentielle de la gestion macroéconomique. Les réserves en devises sont considérées comme un motif de précaution et par conséquent sont utilisées pour assurer les besoins stratégiques en liquidité de l’économie en cas de pressions sur les comptes extérieurs.
A cet effet, elles servent à garantir aux créanciers et aux investisseurs étrangers la capacité du pays à honorer ses engagements et à lisser les fluctuations du taux de change de la monnaie nationale