SOTETEL a récolté les fruits de son plan de restructuration
Conformément aux attentes, l’année 2016 a été celle du redressement pour la SOTETEL. Récoltant les fruits de son plan de restructuration, la société a mis fin à cinq années de pertes opérationnelles et clôture l’exercice sur un léger équilibre.
Faits et éléments saillants de l’exercice 2016
SOTETEL a enregistré une accélération notable de ses ventes. Grâce à la bonne dynamique de la majorité de ses métiers, la société a vu son chiffre d’affaires bondir de 22% à 48MDt. Contribuant à hauteur de 84% dans les ventes, Tunisie Télécom continue à être le principal donneur d’ordres pour la société.
C’est au niveau de la rentabilité opérationnelle que les retombées du programme de restructuration se ressentent le plus. Le plan social lancé en avril 2016 a permis d’économiser 1MDt sur les charges de personnel, soulageant, ainsi, le résultat d’exploitation. Ce dernier est passé en territoire positif, et ce pour la première fois depuis 2010 (un résultat d’exploitation de 1MDt).
Si la société affiche un résultat net de 1,5MDt, c’est substantiellement grâce à des gains extraordinaires (1,3MDt). Ces derniers ont permis d’absorber la hausse des frais financiers (+59% à 1,2MDt) et des dotations aux amortissements et aux provisions (+62% à 4MDt). Retraité de ces éléments exceptionnels, le résultat net ressort à 112 mille dinars.
Historiquement, la SOTETEL se prévalait d’une situation financière solide et d’une trésorerie excédentaire, mais ce n’est plus le cas depuis trois ans. Face au ralentissement de l’activité et à allongement des délais de paiement, notamment de la part de Tunisie Télécom, SOTETEL a puisé dans sa trésorerie pour financer l’exploitation.
Aujourd’hui, la société affiche une structure financière endettée. Le recours à la dette s’est davantage accéléré en 2016 (un gearing passant de 38% en 2015 à 74% en 2016) en raison de : 1) un besoin accru en BFR nécessité par une activité plus soutenue, 2) la mobilisation d’un emprunt de 3,4MDt pour financer le plan RH (un coût total de 5MDt). Avec des fonds propres plombés par plusieurs reports déficitaires (un cumul de 11,3MDt de pertes), il serait préférable pour la société d’opérer une augmentation de capital pour rééquilibrer ses comptes; un scénario que le management a totalement écarté lors de la dernière AGO.
Une deuxième carence – et non des moindres- est à relever au niveau des comptes de la SOTETEL. C’est sa forte dépendance envers TT. L’opérateur Télécom, qui est également l’actionnaire de référence de la société, jouit de conditions de paiement privilégiées et concentre 68% des créances non recouvrées (une enveloppe brute de 28MDt soit 7 mois de chiffre d’affaires). Cette situation est doublement pénalisante pour la SOTETEL. Elle génère un manque à gagner tant au niveau de la trésorerie que de la rentabilité (un surcoût financier et des provisions à constituer pour couvrir les risques d’impayés).
Prévisions 2017 et perspectives d’avenir
▪ 2017 s’annonce bonne pour la SOTETEL. La société devrait continuer à récolter les fruits de son plan de relance. À notre avis, les réalisations de la firme profiteraient de : 1) une reprise des ventes encore tirée par TT et 2) un effet plein du plan RH sur la rentabilité opérationnelle. Les indicateurs d’activité du T1 2017 corroborent ces deux évolutions : une hausse des ventes de 9% et une marge d’EBITDA multipliée par 8. Au vu de ces réalisations, nous tablons sur une croissance des revenus de 9% à 52MDt et sur un résultat net de 0,3MDt, à fin 2017.
Parcours boursier et opinion de Tunisie Valeurs
▪ Depuis 2016, le titre SOTETEL a réalisé une ascension fulgurante, cumulant une envolée de 133%. Le décollage de l’activité et le redressement de la rentabilité opérationnelle ont été salués par le marché. Avec une capitalisation de 14MDt, le titre traite à des niveaux de valorisation chers (P/E 2017e de 45x). Si l’activité intrinsèque commence à se rétablir, les perspectives à long terme de la société demeurent tributaires de trois principaux facteurs :
i) Sa capacité à reprendre des parts de marché dans un secteur miné par la concurrence, ii) Sa disposition à diversifier d’une manière structurelle son portefeuille de clients et à réduire sa dépendance vis-à-vis Tunisie Télécom, iii) Son aptitude à apurer son encours de créances (principalement envers de TT) et à développer une génération autonome de cash-flow. L’activité de la société est fortement consommatrice en BFR. En l’absence de recapitalisation, nous espérons qu’une croissance aussi rapide de l’activité ne conduise, à moyen terme, à un dérapage au niveau des charges financières.
▪ Autant d’éléments qui nous incitent à émettre une opinion « Neutre » sur la valeur.
D’après Tunisie Valeurs