Au moment où notre économie en quête de sauvetage, interpelle les consciences devenues distraits et insoucieuses, hélas. Les tiraillements politiques s’accentuent sans relâche. Alors que les indicateurs financiers ne cessent de clignoter au rouge, les décideurs gèrent le quotidien avec les moyens du bord dont ils disposent. Toutefois, dans tout ce marasme, il faut que l’on sache que nous ne sommes nullement épargnés du vrai danger qui nous menace, celui de la « faillite ».
Danger imminent qui exige tous les impliqués une mobilisation tous azimuts en faveur de la relance de l’économie tunisienne.
A cet effet, Taoufik Baccar, ancien gouverneur de la Banque Centrale de Tunisie (BCT) a publié sur sa page facebook le bilan économique 2011-2020 qui l’a décrit par le « pire bilan d’une décennie depuis l’indépendance ».
Il vient aussi de dresser un bilan sombre, qui s’est aggravé par la propagation de la pandémie.
Le secteur du bâtiment et de l’habitat voit son PIB baisser entre 8 et 10% en 2020
M. Baccar est revenu sur la période de confinement et l’impact sévère attendu : « Les secteurs du tourisme et du transport international représentent à eux seuls près de 12% du PIB avec ce que le tourisme génère comme activités connexes, les difficultés du secteur du bâtiment et de l’habitat lui aussi fortement impacté ».
Notre interlocuteur laisse entrevoir une estimation de la baisse du PIB du secteur du bâtiment et de l’habitat entre 8 et 10% pour l’année 2020.
M. Baccar indique aussi que les évaluations relatives à la baisse du PIB de la plupart des pays ont opté pour le confinement total pour une période relativement longue et dont les secteurs du tourisme et des services qui ont un poids important sont d’ailleurs de même ordre de grandeur de l’estimation avancée plus haut.
Et d’ajouter : « Une baisse de cette ampleur signifierait que la croissance annuelle du PIB sur la décennie 2011-2020 serait proche de Zéro.
En des termes simples, le PIB du pays en dinars constants est resté au même niveau entre 2011 et 2020 alors qu’au même moment la population a augmenté de 1200000 habitants.
Cette contre performance est inédite dans l’histoire économique du pays. Elle est à comparé à la croissance des cinq décennies d’avant 2011 :
- (1962-1971) : 4.4%,
- (1972-1981) : 7.8%,
- (1982-1991) :3.4%,
- (1992-2001) :5.0%,
- (2002-2010) : 4.5% ».
Une baisse globale du revenu par tête sur la période 2011-2020 de plus de 10% en dinars constants
L’ex-responsable de l’institut d’émission souligne aussi que la contre-performance de la période 2011-2020 se traduirait par une baisse globale du revenu par tête sur toute la période de plus de 10% en dinars constants et de 50% en dollars.
Entre autres, M. Baccar pense que le taux de chômage, malgré́ la baisse sensible de la demande additionnelle d’emplois par rapport à la décennie d’avant, pourrait dépasser le seuil de 20% à la fin 2020 contre 13.7% en 2010 : « Le seuil d’un million de chômeurs soit le double de celui de 2010 n’est pas exclu si des réformes profondes et des mesures vigoureuses de relance ne sont pas engagées à temps».
L’ex gouverneur de la BCT a affirmé que ce tableau sombre ne s’explique pas simplement par la pandémie du coronavirus, il est surtout le produit de l’absence de vision, de l’incompétence, de la mauvaise gouvernance et de l’obstination des gouvernements successifs à «détruire l’ancien sans construire le nouveau» : «
Le secret du changement est de focaliser toute l’énergie non pas à combattre l’ancien mais à construire le nouveau ».