Dans le cadre de l’Agenda national des affaires, programme mis en œuvre en partenariat entre l’Iace, l’Utica, l’Utap et la présidence du gouvernement, l’Institut arabe des chefs d’entreprises, en collaboration avec la Fédération tunisienne des agences de voyages et de tourisme (Ftav), a lancé, durant les mois de mars et avril 2021, une enquête auprès des dirigeants d’agences de voyages pour mesurer l’impact de la crise covid-19 sur le secteur des voyages en Tunisie.
Cette enquête menée auprès d’un échantillon de 100 agences de voyages vise à évaluer les mesures de soutien mises en œuvre par le gouvernement et proposer des recommandations pour la relance du secteur des voyages. Les résultats de l’enquête ont fait ressortir qu’environ 80% des agences de voyages étaient totalement fermées pendant le confinement général, 20% en activité, dont 16% fonctionnaient en télétravail.
Actuellement, 28% des agences de voyages sont en arrêt temporaire et 16% optent pour le télétravail. Pour faire face aux restrictions de voyage et de mobilité qui ont obligé les consommateurs à annuler les voyages, les réservations d’hôtels, les excursions… «les agences de voyages ont dû être aussi créatives que possible, en faisant preuve de souplesse et privilégier le service à la clientèle. En vue de s’adapter aux nouvelles réalités du marché, plusieurs agences ont diversifié leurs offres de services en introduisant de nouveaux services, tels que les escapades, loisirs en plein air…».
Une baisse de 75% du CA
La pandémie a eu un impact négatif sur le chiffre d’affaires des agences de voyages au cours du premier trimestre de l’année 2020, suite à l’enregistrement du premier cas de virus début mars dernier. Pendant la période du confinement général, 80 % des agences de voyage ont enregistré une baisse de 75% ou plus de leurs chiffres d’affaires. Pendant la saison estivale, 47% des agences ont enregistré une baisse entre 75% et 100% à l’encontre de 80% des agences durant la période du confinement. Au cours des six derniers mois de 2020, 58% des agences de voyages ont enregistré une baisse de 75% ou plus de leurs chiffres d’affaires. Pour atténuer les effets de la crise, et maintenir leurs activités, 50% des dirigeants des agences ont utilisé leurs fonds propres, tandis que 17% ont utilisé des crédits bancaires garantis par l’Etat et 12% ont obtenu des crédits bancaires avec garantie réelle. Par ailleurs, et en conséquence de la première vague de la pandémie, 67,74% des agences de voyages ont enregistré une diminution au niveau du nombre d’employés. 30,11% ont maintenu le même effectif et 2,15% ont augmenté le nombre d’employés.
41,94% des agences de voyages ont enregistré une diminution du nombre d’employés par rapport à la période qui a suivi la première vague, et 50,54% ont maintenu le même effectif. Seulement 7,53% ont augmenté le nombre d’employés. Dans la période allant d’octobre 2020 à fin mars 2021, 40% des employés dans les agences de voyages travaillaient à temps plein, tandis que 15% étaient en chômage technique et 9% en congé sans solde. 24% des agences de voyages ont eu recours à diverses options (licenciement, chômage technique, congé payé, congé sans solde, temps plein…).
Mesures de soutien
Dans le cadre de la lutte contre les répercussions de la pandémie sur le tourisme et en solidarité avec les entreprises sinistrées et leurs salariés, le ministère du Tourisme et de l’Artisanat a annoncé, le 16 novembre 2020, de nouvelles mesures au profit des professionnels et travailleurs du secteur touristique.
A cet effet, les dirigeants des agences de voyages proposent, la prolongation du délai de dépôt des déclarations de l’impôt sur les sociétés au titre des exercices 2019 et 2020 jusqu’au 31 décembre 2021, avec un rééchelonnement du paiement, à partir de janvier 2022, la réouverture exceptionnelle des inscriptions sur la Plateforme digitale d’accompagnement des entreprises touristiques touchées par le covid-19, sans l’obligation de se conformer aux conditions imposées aux autres secteurs.
Rappelons que ces mesures s’articulent autour de plusieurs axes, dont la suspension à partir de janvier 2021 et pour six mois de la taxe appliquée aux agences de voyages au titre de la contribution au fonds de développement de la compétitivité , fixée à 2 dinars sur chaque siège proposé par les moyens de transport touristique, la prise en charge par l’Etat de la cotisation patronale, en termes de sécurité sociale, et ce, au titre du quatrième trimestre de l’année 2020 et les deux premiers trimestres de l’année 2021, à condition de préserver les emplois. En outre, une prime mensuelle de 200 dinars a été accordée aux employés du secteur touristique qui se trouvent en chômage technique et aux guides touristiques, jusqu’à un retour à la normale.
Selon la même source, 52% des enquêtés déclarent qu’aucun de leurs employés n’a bénéficié de la subvention, tandis que 33% affirment que les employés ont bénéficié de la subvention. Seuls 15% des répondants ont déclaré que tous leurs employés avaient reçu la subvention. 43% des enquêtés ont soumis leurs demandes pour bénéficier de la mesure «Crédit covid» tandis que 57% n’ont pas eu recours à cette mesure.
Priorités et besoins
L’enquête énumère les besoins de soutien aux agences de voyages exprimés par leurs dirigeants, qui sont focalisées en premier lieu sur l’élaboration d’un plan de relance, l’innovation et la numérisation de l’écosystème du tourisme, la création et la diversification des produits et des marchés. Parmi les mesures et décisions supplémentaires que les dirigeants des agences de voyages ont suggéré à l’Etat pour atténuer les effets de la pandémie et sortir de la crise, figure la facilitation de l’obtention des crédits bancaires avec garantie de l’état auprès des banques, l’assouplissement des procédures pour l’obtention des subventions, la prolongation du privilège fiscal pour ceux qui n’ont pas pu acheter de nouveaux équipements de transport. Ceux-ci, outre la suspension de toutes les charges fiscales et sociales jusqu’à reprise de l’activité, d’accélérer la vaccination contre le covid-19 et le lancement des campagnes pour promouvoir la Tunisie comme une destination sûre et, enfin, l’allégement des procédures de paiement des fournisseurs à l’étranger.
N.H.