Tunisie: Françoise Vilain, Déléguée Générale de Futurallia invite les PME à s’impliquer dans les affaires
Pour sortir de la crise économique, tenter de résorber le chômage et donner de nouvelles perspectives à sa jeunesse, la Tunisie est à la recherche d’investisseurs étrangers. C’est pourquoi « Futurallia » – dont les PME sont la cible – a décidé d’organiser son prochain grand Forum du 14 au 16 novembre à Tunis. Avec l’aide de la Conect (Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie) de Tarak Cherif. Un rendez-vous tuniso-africain auxquel des entreprises venues de trente pays sont déjà annoncées.
« La Tunisie a besoin d’une reprise économique rapide et l’investissement direct étranger (IDE) est la solution au problème de l’emploi dans notre pays. Car il nous faut donner des perspectives positives pour lui redonner confiance en un avenir meilleur. C’est la volonté de la Tunisie, c’est pourquoi j’espère voir revenir rapidement chez nous les investisseurs ». Ambassadeur de Tunisie en France, en poste depuis un an et demi à Paris, Abdelaziz Rassaa n’y va pas par quatre chemins pour expliquer pourquoi il se met à la disposition de tous les entrepreneurs et les bonnes volontés qui cherchent à s’implanter et réaliser des affaires en Tunisie où les opportunités sont nombreuses.
Et cette politique d’investissement, ajoute-t-il, peut se faire « au bénéfice des deux parties et des deux rives de la Méditerranée » comme en témoignent d’ailleurs des chiffres extrêmement parlants : « Depuis l’accord de libre-échange conclu en 1985 avec l’Union européenne, se plaît-il ainsi à rappeler, les échanges et exportations de la Tunisie vers la France ont été multipliés par cinq, et les exportations de la France vers la Tunisie par deux.»
C’est dans ce but que la Tunisie accueille à bras ouverts tous ceux qui peuvent l’aider à résoudre ou du moins résorber la crise économique et le problème du chômage auxquels elle est confrontée. La XXIIe édition du Forum Futurallia, qui se déroulera du 14 au 16 novembre prochain à l’Hôtel Laico de Tunis, fait partie de cette stratégie de reconquête des esprits et des marchés.
« C’est un forum où l’on ne fera pas de discours, mais des affaires »
Créée il y a vingt-cinq ans dans le cadre du Futuroscope de Poitiers par Mme Françoise Vilain (sœur de l’ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin), Futurallia se veut un réseau mondial de partenariats d’entreprises. « Notre cible, ce sont les PME qui veulent travailler et percer à l’international, et ce n’est pas si simple », explique sa fondatrice et actuelle déléguée générale.
« Les entreprises françaises ne sont pas toujours les plus dynamiques du monde. Elles vont au plus efficient, où cela rapporte, et il faut les comprendre », dit-elle avec une certaine franchise.
« Or, en Tunisie aujourd’hui, il y a des risques et c’est à nous de les convaincre qu’il y a aussi beaucoup d’affaires à réussir pour les PME. Futurallia à Tunis, c’est un forum où l’on ne fera pas de discours, mais des affaires ». Le ton est donné. « Les entreprises françaises qui viendront en novembre à Tunis – où plus de trente pays sont attendus – ne rencontreront pas que des entreprises sœurs de Tunisie, mais des sociétés partenaires de toute l’Afrique. »
Le but à l’évidence n’est pas de « faire un forum pour faire un forum de plus », mais de créer en Tunisie une véritable dynamique qui profite à tous grâce à un réseau africain, maghrébin et international de premier choix car les affaires pour prospérer ont besoin du long terme. « Notre but, ajoute Mme Vilain, est l’investissement dans la durée, car il n’y a que cela qui marche. On ne fait rien de bien quand on y va qu’une fois. C’est pourquoi la Tunisie, où l’on parle bien français et qui bénéficie de bonnes infrastructures, peut être un port d’attache pour rayonner dans toute l’Afrique. »
Seize rendez-vous personnalisés assurés en deux jours à chaque entreprises
Et pour réussir à monter cet événement à l’automne, Futurallia – qui a l’habitude de monter chaque année un grand Salon d’affaires en France, en Pologne, en Turquie ou aux Etats-Unis et de plus petits forums économiques tous les trois mois en Afrique – s’est associée pour cette XXIIe édition à la Conect (Confédération des Entreprises Citoyennes de Tunisie, créé fin 2011) que préside Tarak Cherif.
L’homme d’affaires se veut pragmatique et réaliste. « Nous n’avons pas besoin de bavardage ou de politique ! Nous, on se focalise uniquement sur l’économique », lâche-t-il, avant de rappeler à ceux qui l’auraient oublié : « Notre balance commerciale est excédentaire avec la France et même avec l’Allemagne grâce aux produits manufacturés, et on ne le sait pas assez. Ce sont ces opportunités qu’il nous faut faire connaître. » Ce genre de forum permet répond à ce besoin.
Avec l’organisation de nombreuses rencontres B2B et jusqu’à seize rendez-vous personnalisés de 30 minutes en deux jours assurés (sous forme de speed dating) aux PME qui tenteront l’aventure tunisienne, « Futurallia à Tunis, c’est le rendez-vous de la rentrée à ne pas manquer », surenchérit même Monia Jeguirim Essaidi, présidente de Conect International (la structure dédiée à l’international de ce syndicat patronal) et cheville ouvrière de l’événement. « Notre objectif, poursuit-elle, est d’accompagner les PME dans leur développement et de contribuer ainsi au positionnement de l’économie tunisienne dans une dynamique de rayonnement à l’international. »
« Un euro investi en Europe équivaut aujourd’hui à 5 € investis en Afrique »
« La mode est aux activités sectorielles, mais ne faire des partenariats qu’avec son secteur est assez restrictif », observe Mme Vilain. C’est pourquoi ce Forum sera plurisectoriel avec un focus cette année sur : l’agroalimentaire (La Tunisie est le premier exportateur de dattes, le 2e producteur mondial d’huile d’olive, le 2e exportateur de produits bio en Afrique…), le BTP, la santé et le bien-être, le numérique, l’enseignement supérieur et la formation professionnelle, les énergies renouvelables. Autant de secteurs qui constituent, en Tunisie, des secteurs d’excellence et devraient permettre de nombreux échanges et projets de contrats.
Ancien ministre du Commerce et du Tourisme et PDG de Talan (une société de conseil qu’il a fondée en 2002), Mehdi Houas met également en avant les efforts indéniables de la Tunisie pour s’en sortir. « La Tunisie est aujourd’hui un pays post-révolutionnaire, mais avec un potentiel extraordinaire grâce une population très dynamique et mobile. C’est cela notre secret », explique-t-il, observant qu’« un euro investi en Europe équivaut aujourd’hui à 5 € investis en Afrique. »
« Notre métier, c’est d’accompagner en général les grands groupes [mais] il nous faut aussi faire prendre conscience aux PME des potentialités de l’ouverture d’un marché de 600 millions de personnes » de la classe moyenne africaine émergente, ajoute-t-il, invitant lui-aussi les investisseurs à « utiliser la Tunisie comme un hub » pour se déployer sur le continent africain.
Bruno Fanucchi