L’Institut National de la Statistique (INS) a annoncé un repli du taux d’inflation en Tunisie pour le mois de janvier 2025. L’inflation annuelle s’établit désormais à 6%, contre 6,2% en décembre 2024. Ce léger fléchissement, bien que positif, masque des dynamiques contrastées selon les secteurs et révèle une pression persistante sur les prix alimentaires.
Ce ralentissement global de l’inflation s’explique principalement par une modération de la hausse des prix dans certains secteurs clés. Le secteur des produits alimentaires, pilier de la consommation des ménages, a vu son taux d’augmentation annuelle légèrement diminuer, passant de 7,2% en décembre à 7,1% en janvier. Parallèlement, le secteur de l’habillement et des chaussures a enregistré une baisse plus prononcée de l’inflation, qui est passée de 9,7% à 8,6%.
Cependant, cette tendance baissière n’est pas uniforme. Le secteur des services de santé a connu une accélération de l’inflation, avec une hausse des prix de 9,1% en janvier, contre 8,4% le mois précédent. Cette évolution met en lumière la complexité du paysage inflationniste tunisien, où des tendances sectorielles divergentes se manifestent.
Flambée des prix de la viande et des légumes : l’alimentation reste un moteur de l’inflation
L’analyse détaillée de l’évolution des prix alimentaires révèle une augmentation de 7,1% sur un an. Cette hausse est principalement alimentée par une envolée des prix de certaines denrées essentielles au régime alimentaire tunisien. La viande ovine enregistre une augmentation spectaculaire de 22,7%, témoignant d’une forte tension sur ce marché. Les légumes frais suivent avec une hausse de 18%, impactant directement le budget des ménages. D’autres produits de base connaissent également des augmentations significatives : les fruits secs (+15,1%), le poisson frais (+13,7%) et les volailles (+11,2%).
Dans un contexte de hausse généralisée, la baisse des prix des huiles alimentaires (-13,4%) constitue une exception notable. Cette diminution, bien qu’appréciable, ne suffit cependant pas à compenser la forte inflation observée sur d’autres produits alimentaires de première nécessité.
Produits manufacturés et services : des augmentations généralisées
Au-delà de l’alimentation, les produits manufacturés affichent une augmentation de prix de 5,7% sur un an. Cette hausse est notamment portée par l’habillement et les chaussures (+8,6%) ainsi que les produits d’entretien courant (+7,7%). Ces chiffres soulignent une inflation diffuse qui touche l’ensemble des biens de consommation courante.
Le secteur des services n’est pas épargné par cette tendance inflationniste. L’inflation annuelle des services atteint 5,3%, principalement en raison de la forte augmentation des prix dans le secteur de la restauration, des cafés et des hôtels, qui enregistrent une progression de 11,7%. Cette hausse pourrait impacter le secteur touristique et les dépenses de loisirs des ménages.
Inflation sous-jacente : un signal encourageant ?
L’inflation sous-jacente, indicateur clé qui exclut les produits alimentaires et l’énergie, se replie également à 6% en janvier 2025, contre 6,3% en décembre 2024. Ce léger recul pourrait être interprété comme un signe de détente des pressions inflationnistes fondamentales.
Par ailleurs, l’analyse des prix selon leur régime révèle un écart significatif. Les prix des produits libres (non encadrés) augmentent de 6,6% sur un an, tandis que ceux des produits encadrés progressent plus modérément (+3,8%). Cette tendance se confirme dans le secteur alimentaire, où les produits alimentaires libres connaissent une forte hausse de 8%, contre seulement 1,3% pour les produits alimentaires encadrés. Ces chiffres mettent en évidence l’impact de la politique d’encadrement des prix sur certains produits de base.
Hausse mensuelle des prix : l’alimentation et la santé en tête
Sur une base mensuelle, les prix à la consommation ont progressé de 0,4% en janvier 2025 par rapport à décembre 2024. Cette augmentation est principalement due à la hausse des prix des produits alimentaires (+0,6%) et des services de santé (+0,9%). À noter, le secteur de l’habillement et des chaussures a enregistré une baisse des prix de 0,5%, en raison de l’effet des soldes d’hiver lancés à la mi-janvier.
L’analyse plus fine de l’évolution mensuelle des prix alimentaires révèle une hausse de 0,6%, portée par l’augmentation des légumes frais (+3,6%), de la viande d’agneau (+1,7%), de la viande bovine (+1,3%), des fruits frais (+1%) et des œufs (+0,9%). Les huiles alimentaires continuent cependant leur tendance baissière, avec une diminution de 4,7% sur un mois.
Soldes d’hiver : un impact limité sur l’inflation globale
L’effet des soldes d’hiver s’est traduit par une baisse des prix de l’habillement de 0,5% en janvier 2025. Cette diminution, bien que significative pour le secteur, n’a eu qu’un impact limité sur l’inflation globale, soulignant la prédominance des pressions inflationnistes dans d’autres secteurs.
Services de santé : une inflation mensuelle notable
Les services de santé ont enregistré une hausse de prix de 0,9% en janvier par rapport à décembre. Cette augmentation est principalement due à la progression des prix des services ambulatoires (+1,9%), témoignant d’une tension persistante sur les coûts de santé.
Contributions sectorielles à l’inflation : produits manufacturés et alimentation fraîche en tête
Les secteurs ayant le plus contribué à l’inflation globale en janvier 2025 sont les produits manufacturés (+2,2%) et l’alimentation fraîche (+2%). Ces chiffres confirment le rôle majeur de ces deux catégories de produits dans la dynamique inflationniste actuelle.
Contributions par régime de prix : les produits libres en première ligne
D’un point de vue réglementaire, les hausses de prix les plus importantes proviennent des produits non alimentaires libres (+3,1%) et des produits alimentaires libres (+2%). À l’inverse, les produits alimentaires encadrés n’ont qu’une contribution marginale à l’inflation (+0,1%). Cette observation renforce l’importance de la politique d’encadrement des prix pour maîtriser l’inflation sur certains produits essentiels.
En conclusion, le léger repli de l’inflation en Tunisie en janvier 2025 est un signe encourageant, mais il ne doit pas masquer les fortes disparités sectorielles et la pression persistante sur les prix alimentaires. La vigilance reste de mise face à ces tendances inflationnistes différenciées.