Les statistiques officielles de la Banque centrale de Tunisie ne dévoilent aucune injection directe de liquidité avec ou sans planche à billets, alors que des rumeurs ont circulé récemment sur l’impression de billets par la BCT, afin de couvrir les salaires de janvier 2022, a affirmé l’expert en économie et en marché financier, Moëz Hadidane. En effet, toute injection de liquidité par la BCT doit se retrouver nécessairement dans les statistiques de l’institut d’émission, a-t-il expliqué, dans une déclaration donnée hier. Il a fait savoir, parallèlement, qu’aucune trace d’injection directe de liquidité ni à travers l’achat direct d0-e BTA (Bon de trésor assimilable) dans le cadre d’une adjudication réservée à la Banque centrale, ni à travers une injection dans les comptes des banques ou du trésor.
Moëz Hadidane a indiqué que la dernière opération de monétisation directe remonte au 5 août 2021, notant qu’une hausse éventuelle du solde du compte courant du Trésor n’est pas nécessairement causée par une intervention directe de la Banque centrale, et encore moins par l’utilisation de la planche à billets, qui peut être parfois légitime lorsque la taille de l’économie s’accroît ou les réserves en devises ou en or augmentent. L’expert a souligné que la variation du solde du compte du Trésor, au mois de janvier 2022, est expliquée d’abord par l’échéance mensuelle du délai réglementaire de paiement de certaines taxes, comme la TVA (qui doit être payée avant le 25 de chaque mois), la conversion du crédit algérien en dinars (300 millions de dinars), le placement périodique d’une partie des dépôts d’épargne de la poste chez le Trésor et enfin l’émission de Bons de Trésor.
A ce titre, le trésor a levé, lors de l’adjudication de BTA du mois de janvier 2022, un montant de 113,4 millions de dinars et 118,3 millions de dinars avec l’adjudication bimensuelle du mois de janvier 2022. Il s’apprête d’ailleurs à encaisser le 2 février 2022, 651 millions de dinars, suite à l’émission de Bons de Trésor de court terme (Btct), de 26 semaines en date de 27 janvier 2022.
La BCT peut injecter directement de la liquidité dans l’économie
M. Hadidane a souligné que la BCT injecte périodiquement de la liquidité dans l’économie à travers ses interventions à son initiative, pour le refinancement des banques, notamment les appels d’offres à une semaine, un mois, trois mois et six mois, et les achats fermes (Open Market) de Bons de Trésor, de seconde main, dans le cadre de sa politique monétaire.
La BCT intervient, également, à l’initiative des banques : facilités de prêt et de dépôt à 24 heures. Ces interventions sont matérialisées par l’échange en contrepartie d’un collatéral, soit des actifs négociables et non négociables qui répondent aux critères d’éligibilité prévus par la circulaire n° 2017-02 du 10 mars 2017, relative à la mise en œuvre de la politique monétaire de la Banque centrale de la Tunisie. Par dérogation et dans le cadre des mesures prises pour soutenir les agents économiques face à la pandémie du Covid-19, la BCT (circulaire n °2020-10 du 17 avril 2020) peut admettre, en garantie des opérations de refinancement, des actifs négociables et non négociables ne répondant pas aux critères d’éligibilité. Plus rarement, la BCT peut injecter directement de la liquidité dans l’économie, soit à travers l’achat direct de Bons de Trésor sur le marché primaire, comme c’était le cas en février 2021, pour un montant de 1 milliard de dinars, soit par le dépôt d’argent sur les comptes des organismes qui disposent de comptes chez la BCT (les banques et le Trésor).
La liquidité des banques évolue en fonction de l’impact expansif ou restrictif des facteurs autonomes de la liquidité, à savoir la conversion de la monnaie centrale en billets en circulation, la fuite de monnaie centrale vers le compte du Trésor et la conversion de la monnaie centrale contre devises (solde des opérations avec l’extérieur), précise encore l’expert.