L’Institut Tunisien des Etudes Stratégiques (ITES) vient de publier en partenariat avec la KAS, une étude basée sur l’approche sectorielle «Covid-19 : Analyse et priorisation d’actions sectorielles». Comme un peu partout dans le monde, la crise de la Covid-19 en Tunisie est une crise simultanée d’offre et de demande. La crise de la Covid-19 est une crise universelle. Tous les partenaires de la Tunisie sont touchés. De ce fait, la balance commerciale s’est trouvée largement affectée.
Selon l’étude, la fermeture des frontières durant deux mois ont lourdement impacté les IDE dans tous les secteurs, exception faite de l’Agriculture : « Les derniers chiffres de la FIPA révèlent que le secteur des services a été le premier à être touché par la crise suivi du secteur industriel.
A l’inverse, les IDE dans l’agriculture ont réalisé un rebond au cours du premier semestre 2020 par rapport à celui de 2019. Il n’est pas inutile de constater que la crise a eu un effet nettement plus faible sur certains segments.
Il s’agit des services bancaires et de l’assurance ainsi que des industries chimiques. Comme un peu partout, la crise a même impacté positivement d’autres segments comme les télécommunications, les technologies de l’information, la biotechnologie et le commerce électronique».
S’agissant des perspectives, l’évolution de la situation économique et sociale continuera à être entourée d’incertitudes, au moins pour le reste de l’année 2020.
Ces perspectives dépendront de nombreux facteurs. Selon les analystes de l’ITES, « deux scénarios peuvent se présenter : la menace du coronavirus se dissipe petit à petit rendant la situation plus ou moins maîtrisable (scénario optimiste) ou une propagation plus vigoureuse de la pandémie entraînant un mouvement de panique incitant les autorités à adopter des mesures d’endiguement très strictes (scénario pessimiste) ».
A ce titre, l’Institut indique que le plan de redressement économique ne peut plus se contenter d’être un simple plan de sauvetage et devra ouvrir la voie à une véritable relance de l’économie à partir d’un ciblage des secteurs en mesure d’amortir l’ampleur de la crise, tout en s’inscrivant dans une logique de rupture. La priorité, insistent les auteurs de cette étude, devra être accordée aux secteurs se caractérisant par un fort nombre d’emplois et une contribution significative au PIB.
A l’exception de l’agriculture, tous les secteurs voient leurs taux de croissance baisser
Toujours selon le même document, pratiquement tous les secteurs, à l’exception de l’agriculture et de la pêche ont enregistré des taux de croissance négatifs : « En particulier, pour les six premiers mois de l’année en cours, le secteur des services marchands a enregistré un taux de croissance de -30.4%. Pour le secteur des industries manufacturières, le taux de croissance est de -27% à cause des fermetures d’usines, de la baisse des flux commerciaux et des restrictions imposées sur la disponibilité des matières premières importées. Quant aux industries non manufacturières, le taux est de -20.8% à cause du blocage de la production dans le bassin minier et du ralentissement des activités du BTP.
Pour l’agriculture, en dépit des perturbations enregistrées dans certaines filières intensives en travail (à l’instar des fruites et légumes, de la pêche et du bétail) occasionnées par la décision de confinement du 22 mars 2020, ce dernier a enregistré un taux de croissance positif s’élevant à 3.6% ».
Industries non manufacturières : la reprise tardera à se manifester
En outre, l’étude souligne que l’évolution de la situation économique et sociale continuera d’être entourée par beaucoup d’incertitudes, au moins pour le reste de l’année. Pour l’OCDE (2020), les perspectives de croissance dépendront de nombreux facteurs, notamment de l’ampleur et de la durée des nouvelles vagues d’infections par la COVID-19.
Le secteur manufacturier connaîtra des perturbations, surtout qu’il est ancré dans les chaînes de valeur mondiales, en particulier les secteurs du textile-habillement, l’automobile, l’aéronautique, l’électronique et l’agroalimentaire.
Pour les industries non manufacturières, le document relève que la reprise tardera à se manifester : « une faiblesse persistante des prix du pétrole à l’international aura des conséquences négatives sur l’activité d’investissement ».
Pourquoi pas un système de veille stratégique aidant à prospecter et à communiquer avec les investisseurs !
En ce qui concerne l’agriculture et les industries agroalimentaires, les auteurs de l’étude estiment qu’seul un scénario de panique poussant les gens à stocker les produits de base risquera d’aboutir à des pénuries graves et des perturbations importantes dans les circuits d’approvisionnement et de distribution. Par ailleurs, l’étude signale que quelques risques continueront de planer sur le secteur, malgré sa capacité de résistance qui va durer pour les prochains mois.
Il s’agit de l’absence d’une logistique développée capable de répondre instantanément aux demandes provenant de nouvelles destinations, la faiblesse des investissements publics pour le reste de l’année et le manque d’appui financier, au moins à court terme, pour certaines filières stratégiques.
En définitive, à l’horizon 2021, l’ampleur de l’impact économique de la pandémie ne sera pas anodin et dépendra du scénario qui va prévaloir. Il sera aussi lié à la nature des stratégies élaborées, mais également des mesures à court terme à entreprendre pour amortir le choc. Cela dépendra de la forme du focus macroéconomique d’une part et de la priorisation sectorielle d’autre part qui seront réalisés et qui façonneront la résilience de l’économie tunisienne.
Il est opportun pour la Tunisie de mettre en place de manière urgente et efficace un système de veille stratégique aidant à prospecter, à informer et à communiquer avec les investisseurs.