« Maman, pourquoi tu ne me demandes pas d’abord si tu peux mettre ma photo sur Facebook ? » Ces questions sont posées par la génération des enfants dont les photos apparaissent sur les réseaux sociaux sans leur permission. Les limites floues de la vie privée ne sont qu’une des choses auxquelles ces enfants doivent faire face.
Le manque de contrôle qu’ils ont sur leur empreinte numérique est un autre problème pouvant causer des perturbations sur leur vie privée, voire servir à les harceler. À l’avenir, les enfants d’aujourd’hui ne remercieront probablement pas leurs parents qui ont souvent posté des photos d’eux sur les réseaux sociaux. Bien avant qu’ils puissent même apprendre ce qu’ils aiment et ce qui ne doit pas être rendu public, leurs parents créent déjà leur présence sur les réseaux sociaux.
Que risquons-nous en faisant cela ? En grandissant, nos enfants pourraient se retourner contre nous et nous accuser de ne pas leur avoir permis de choisir leur personnalité, tant dans le monde numérique que dans le monde réel, ou du moins de leur avoir rendu la tâche difficile.
Vous vous demandez encore comment le partage des photos de famille affecte votre enfant ?
Où s’arrête le droit des parents à la liberté d’expression ?
Les informations en ligne ont le potentiel de rester en permanence sur Internet, sous forme d’empreinte numérique.
Si nous réalisons aujourd’hui à quel point nous pouvons influencer l’empreinte numérique de nos enfants, nous pouvons non seulement les protéger du cyber-harcèlement et d’autres problèmes psychologiques, mais également influencer positivement leur statut social, en tant que citoyens numériques qu’ils deviennent aujourd’hui. Cela s’applique notamment à leurs interactions avec des services gouvernementaux à travers le monde, qui sont de plus en plus numérisés pour simplifier les démarches administratives, et à leurs informations personnelles qui peuvent devenir vulnérables à des fuites lorsqu’elles ne sont pas suffisamment protégées.
Si vous partagez des messages mettant en scène vos enfants, vous créez non seulement leur empreinte numérique mais également leur identité numérique.
Si vous ne pouvez pas renoncer à publier des photos de temps en temps, il est important de surveiller les paramètres de confidentialité de tous les contenus partagés. Posez-vous toujours des questions telles que : Qui est le propriétaire ? Qui a accès à toutes mes données ? Des tiers peuvent-ils consulter certaines de mes informations ?
Évitez également de partager des photos explicites de vos enfants, par exemple lorsqu’ils se baignent. Ces photos peuvent faire l’objet de captures d’écran ou être téléchargées et envoyées à n’importe qui, si elles ne sont pas correctement protégées. Et lorsqu’elles apparaissent dans un contexte différent, elles peuvent entraîner des risques physiques.
Même le RGPD et son droit à l’oubli ne peuvent éliminer le risque qu’une photo embarrassante soit conservée sur le disque dur de quelqu’un qui a fait une capture d’écran. Même si elle a été effacée à sa source, l’information peut réapparaître sur Internet à l’avenir et devenir un fardeau, compliquant les futures demandes d’emploi ou les futures relations de l’utilisateur.
Si vous souhaitez vraiment partager certaines informations, utilisez des paramètres de confidentialité qui permettent aux parents de sélectionner le public spécifique pour tout ce qui est partagé, et mettez en place des notifications pour contrôler où les informations publiées apparaissent. Selon la Child Rescue Coalition, 89% des parents n’ont pas vérifié leurs paramètres de confidentialité depuis plus d’un an et ce malgré le fait que la pandémie ait obligé les enfants à être en ligne tous les jours. Donc, si vous ne l’avez pas encore fait, assurez-vous que tout soit correctement configuré.
Pour conclure, ne vous jugez pas trop sévèrement. L’interaction avec les gens en ligne est devenue encore plus importante depuis la pandémie de COVID-19. Les réseaux sociaux nous ont permis de rester en contact avec des amis éloignés. Utilisées à bon escient, quelques photos de famille ne risquent pas de causer beaucoup de dégâts, pour peu que les parents réfléchissent bien à leur public.