ABN Amro Investment Solutions (IS) a publié ses prévisions économiques pour 2025, dressant le portrait d’une économie américaine résiliente face aux défis persistants, d’une inflation des services mondiale tenace et de risques financiers jugés limités pour la France. L’institution financière met en lumière plusieurs facteurs clés qui devraient façonner le paysage économique mondial au cours de l’année à venir.
L’économie américaine, selon ABN Amro IS, continue de faire preuve d’une résistance notable face aux hausses de taux d’intérêt. Cette robustesse est attribuée à un écart de productivité significatif par rapport au reste du monde, principalement concentré dans le secteur informatique. La banque souligne que cette performance pourrait être liée aux premiers effets de l’intelligence artificielle, suggérant un impact transformateur de cette technologie sur l’économie américaine.
Cependant, une incertitude majeure plane quant à l’orientation politique qui sera adoptée par une potentielle administration dirigée par un certain homme politique, souvent associé à l’ancien slogan de campagne « America First ». « Ses objectifs peuvent apparaître contradictoires et il s’appuie sur ses menaces tarifaires comme outils de négociation », explique Christophe Boucher, directeur des investissements pour ABN Amro IS. Cette approche politique imprévisible pourrait introduire une volatilité supplémentaire dans les marchés.
ABN Amro IS met également en évidence la fragilité de la majorité dont dispose cet homme politique à la Chambre des représentants. Cette situation pourrait l’inciter à prendre des mesures d’envergure, notamment en matière d’immigration, de baisses d’impôts, de déréglementation et de droits de douane, au cours des deux premières années de son mandat, afin de maximiser leur impact avant d’éventuelles élections de mi-mandat.
Au-delà de l’incertitude politique américaine, des interrogations subsistent quant à l’activité économique globale. L’industrie manufacturière connaît actuellement une contraction profonde, tandis que le secteur tertiaire continue de croître dans les pays développés, créant un contraste marqué entre ces deux pans de l’économie.
Christophe Boucher souligne la tension existante entre les politiques monétaires et l’activité économique : « Les banques centrales arrivent à la limite de ce que les hausses de taux peuvent accomplir. L’industrie, très capitalistique et financée par la dette, est bien plus sensible aux hausses de taux que les services ». Cette sensibilité accrue du secteur industriel aux taux d’intérêt pourrait exacerber le ralentissement économique.
Un autre point crucial soulevé par ABN Amro IS concerne la persistance de l’inflation dans le secteur des services. Alors que les prix des biens stagnent, voire diminuent, l’inflation des services demeure une préoccupation majeure. Tenter de contrôler cette inflation par des hausses de taux supplémentaires pourrait aggraver la récession dans le secteur industriel, créant un dilemme pour les banques centrales.
Christophe Boucher anticipe également un possible rebond de l’inflation : « Lorsque les prix des biens durables se stabiliseront, voire rebondiront, il est envisageable que l’inflation reparte de nouveau à la hausse ». Cette perspective conduit ABN Amro IS à s’attendre à une pause dans les baisses de taux en 2025, les banques centrales adoptant une posture attentiste face à l’évolution de l’inflation.
Concernant la France, ABN Amro IS se montre relativement rassurant quant aux risques financiers : « Certes, une prime de risque existe sur les actifs français, mais les marchés resteront calmes tant que le taux d’intérêt sur la dette demeurera contenu », explique Christophe Boucher. La banque estime également qu’une simple reconduction des budgets l’année prochaine pourrait mécaniquement réduire le déficit grâce à l’inflation, offrant une marge de manœuvre budgétaire.