Afrique : Les experts définissent le rôle central de la numérisation pour générer des recettes
La numérisation est qualifiée de pivot pour la collecte des recettes permettant de financer le développement de l’Afrique.
Cette convergence de vues a caractérisé les débats de l’un des débats en plénière de la 38ème réunion du Comité d’experts de la Conférence des ministres africains des finances, de la planification et du développement économique de la CEA, qui se tient à Marrakech, au Maroc.
Se rassemblant pour discuter de manière critique et partager des expériences autour du thème, « La politique budgétaire, le commerce et le secteur privé à l’ère du numérique : Une stratégie pour l’Afrique », les experts ont principalement évoqué des questions de rapidité et de productivité, de gouvernance, de délais et de cyber sécurité liées à la numérisation des régimes fiscaux.
« La numérisation a le plus grand potentiel d’influer sur le commerce et la productivité en Afrique », déclare Adam Elhiraika, Directeur de la Division de la macroéconomie et de la gouvernance de la CEA, qui a étayé ses arguments par des exemples venant du Rwanda et de l’Afrique du Sud, en s’appuyant sur les preuves fournies par le prochain Rapport économique sur l’Afrique de 2019.
Alors que le Rwanda a augmenté sa collecte d’impôts d’un montant louable de 6% du PIB grâce aux stratégies numériques, l’Afrique du Sud a réduit le coût de la collecte des recettes de 20% pour l’État et les contribuables en adoptant un processus virtuel.
Il ajoute que l’Afrique devrait s’attendre à voir de nouveaux succès à mesure que de plus en plus de pays seront convertis au numérique, ce qui facilite plus que jamais l’accès à des domaines jusqu’alors difficiles à taxer tels que l’agriculture, le secteur informel et l’économie numérique elle-même.
Les possibilités d’augmenter les recettes de l’État avec l’utilisation des nouvelles technologies sont réelles, expliquent les délégués de la Guinée, qui déclarent que 19% de leurs compatriotes utilisent déjà des solutions d’argent mobile dans leurs transactions commerciales et habituelles.
Mais ils s’inquiètent du besoin de systèmes pour protéger les utilisateurs de plateformes technologiques des pirates informatiques ; d’où la nécessité pour les pays africains de créer des cadres de réglementation et de surveillance pour la cyber sécurité.
Selon M. Elbakkouri Aziz, Responsable de l’équipe d’experts marocains à la session, ces politiques et d’autres sur l’économie numérique doivent être pratiques et centrées sur le citoyen.
Son équipe indique que les pays africains doivent se réunir et former un front commun afin de traiter le problème préoccupant de la taxation adéquate des multinationales, y compris de l’utilisation des stratégies numériques.
En matière de collecte des recettes, « la perception du secteur informel est un énorme défi », note M. Makki Mohammed Abdelrahim Allan, Directeur général du ministère des finances et de la planification économique de la République du Soudan.
« Mais nous mettons en place un programme d’identification numérique qui prend en compte les informations fiscales et commerciales des citoyens et nous espérons qu’il jouera un rôle important dans la collecte des recettes », informe-t-il.
À ce stade, les Sénégalais ont mis à profit leur expérience en matière de collecte des recettes du secteur informel.
« Les conseils locaux sont les mieux placés pour tirer parti des revenus du secteur informel et doivent y être intégrés », dit M. Mayacine Camara, Maire de Koungheul au Sénégal, dont les
M. Raj Busgeeth, Ambassadeur de Maurice, explique que son pays a beaucoup progressé dans la collecte des taxes numérique, notant que les performances ont été améliorées grâce aux incitations offertes aux citoyens qui paient leurs taxes en ligne.
Cependant, la numérisation n’est optimale pour la mobilisation des ressources que lorsque la corruption est exclue du processus, fait-il savoir, tout en plaidant pour que les personnes en position de force soient suivies de près pour payer leurs impôts.
La corruption est un obstacle à la collecte des recettes fiscales, dit-il, ajoutant que « les gros risques sont probablement ceux qui ne paient pas d’impôts ».
L’équipe égyptienne dirigée par Ahmed Kamaly, Ministre des affaires relatives à la planification, semble avoir une solution à ce problème.
Il indique que les services d’administration en ligne et les centres de technologie se sont révélés avantageux en Égypte car ils réduisent les coûts de transaction, renforcent les investissements et réduisent l’incidence de la corruption liée à la collecte des recettes.
« Mais c’est une bonne idée de poser d’abord la question de savoir si nous avons des politiques fiscales actives ou passives en Afrique », lance-t-il, tout en affirmant que le continent ne semble pas avoir de politique fiscale active.
La conversation se poursuivra jusqu’au 22 mars afin de préparer le terrain pour des discussions ministérielles incisives.