La croissance Africaine pour 2018 et 2019 est toujours attendue à un niveau supérieur à celle de 2017 (4 % vs. 3,5 % l’année dernière). Toutefois la plupart des indices des directeurs d’achat de la région sont en baisse depuis avril ou mai. En Afrique du Sud, ils suggèrent même une contraction de l’activité à venir.
Cette décélération semble cohérente avec un moindre dynamisme des moteurs de croissance externes. En effet, depuis T2-18 : i) le prix de la plupart des matières premières s’est stabilisé (pétrole, coton) ou a baissé légèrement (métaux, café) et ii) l’activité chez les principaux partenaires commerciaux de l’Afrique (zone Euro : plus de 25 % des exportations totales ; Chine : environ 15 %) ralentit. Parallèlement, le redémarrage des moteurs de croissance internes reste lent, avec une croissance du crédit au secteur privé qui demeure globalement inférieure aux tendances historiques. Les secteurs bancaires régionaux restent toujours fragilisés par des niveaux de créances douteuses élevés.
Les comptes financiers extérieurs régionaux reflètent le passage à une conjoncture moins favorable. Premièrement, après avoir enregistré en mars 2018 son 1er excédent commercial depuis début 2014, le continent dans son ensemble enregistre depuis une nouvelle détérioration de sa balance commerciale. Deuxièmement, du fait du resserrement des conditions monétaires internationales, les pays Africains ont fortement réduit leur recours aux marchés de capitaux (environ 8 Mds EUR émis entre avril et août contre 13 Mds EUR d’émissions au T1-18).
Plusieurs devises de la région se sont également dépréciées face à l’USD, que ce soit en raison de facteurs internes (Zambie : chute des prix du cuivre et forte hausse de la dette publique ; Tunisie : pressions persistantes sur la balance courante) ou de facteurs externes (Afrique du Sud – et devises liées : Botswana, Namibie, Swaziland et Lesotho – principalement en raison d’effets de contagion liés à la forte dépréciation de la devise turque).
La détérioration « conjoncturelle » enregistrée par certains pays ne doit pas masquer l’amélioration globale des situations financières extérieures sur la région, illustrée par la réduction légère mais continue du déficit courant moyen des pays du continent (3,5 % du PIB en 2018 vs. 6 % en 2016 et 4 % en 2017). En outre, les institutions financières internationales maintiennent un appui considérable (plusieurs programmes FMI sont en cours de discussion avec des pays vulnérables : Angola, Guinée Equatoriale). Enfin, les réserves de changes dans la plupart des pays d’Afrique continuent de croître, par exemple dans les zones Franc CFA, dont les ancrages à l’euro ne semblent pas devoir être remis en cause à court / moyen terme.