Afrique: Top 5 des pays à la croissance la plus forte en 2018
#Côte d’ivoire : Le Fonds monétaire international (FMI) vient de revoir ses projections de croissance pour les pays africains en 2018. Les pays les plus dynamiques du continent enregistreront des taux de croissance du PIB supérieurs à 6,5% en 2018. Toutefois, l’Éthiopie ne sera plus la locomotive.
Après la croissance de 1,5% en 2016, soit la plus faible enregistrée par le continent en deux décennies, l’Afrique subsaharienne doit afficher un PIB en hausse de 2,7% au titre de l’année 2017 et une évolution de 3,4% en 2018, selon les dernières estimations et prévisions du Fonds monétaire international (FMI) qui viennent d’être publiées. Toutefois, ces nouvelles projections sont en baisse par rapport aux précédentes. En cause, les ajustements apportés aux prévisions antérieures suite à la publication de nouvelles données par certains pays clés comme le Nigeria.
Les économies d’Afrique subsaharienne restent plombées par les difficultés des deux premières puissances économiques: Afrique du Sud et Nigeria. Toutefois, la majeure partie des pays du continent affiche des taux de croissance supérieurs à 5%. Les cinq pays les plus dynamiques présentent des taux de croissance supérieurs à 6,5% en 2018.
Contrairement aux années passées, l’Éthiopie ne sera pas l’économie la plus dynamique du continent en 2018. Elle sera détrônée par le Ghana qui retrouve son dynamisme après deux années difficiles. La Côte d’Ivoire, le Sénégal et la Tanzanie confirment leur dynamisme.
Des cinq pays, seul le Ghana tirera, en partie, sa croissance des hydrocarbures. Pour les autres, c’est surtout le secteur agricole et les infrastructures qui seront les locomotives de la croissance.
Ghana: la croissance sera tirée par les hydrocarbures
Après une croissance du PIB en ralenti depuis 2012 avec des croissances de 3,9% en 2015 et 3,5% en 2016, le Ghana affiche une nouvelle dynamique avec une croissance de 5,9% en 2017 et devrait voir son PIB croître de 8,9% en 2018, selon les dernières prévisions du FMI, soit la plus forte croissance du PIB au niveau du continent. Il s’agit d’une révision à la hausse de la croissance du PIB du pays par le FMI, qui tablait sur une croissance de l’ordre de 8% pour l’année prochaine.
Cette nouvelle dynamique s’explique par la conjonction de plusieurs facteurs. D’abord, il y a le rétablissement de l’approvisionnement en énergie, l’entrée en production de nouveaux puits de pétrole et la résolution des problèmes techniques qui ont perturbé la production du champ pétrolier et gazier de Jubilée en 2016. La croissance devrait être tirée, à partir de l’année en cours, par la montée en puissance de la production du champ de TEN, qui a débuté fin 2016 ainsi que le lancement de celui de Sankofa dont le démarrage était prévu mi-2017.
De même, l’approvisionnement en électricité, grâce à la production de gaz pour l’alimentation des centrales thermiques, va stimuler le secteur industriel. De même, la production agricole va croître plus rapidement, grâce à la production de cacao dont le pays est le second producteur du continent derrière la Côte d’Ivoire, grâce à des conditions climatiques plus favorables.
Toutefois, le coût élevé du crédit restera cependant un frein à un réel rebond de l’investissement.
Quant à la consommation des ménages, qui pèse environ 60% du PIB, elle sera favorisée par la modération de l’inflation et la stabilisation du cours du cedi (monnaie locale).
Enfin, le pays bénéficie aussi des dividendes de son modèle démocratique avec des alternances et des transitions démocratiques pacifiques, confortant la réputation du Ghana comme «démocratie installée» sur le continent.
Éthiopie: la croissance ralentit mais reste forte
Après avoir enregistré une croissance moyenne annuelle de 10,5% entre 2004 et 2016, la plus forte du continent et du monde sur la période, la croissance éthiopienne ralentit et le pays cèdera, selon les prévisions du FMI, son rang d’économie la plus dynamique du continent au Ghana en 2018. En 2018, le PIB devrait croître de 8,5%, soit le même niveau de croissance prévu pour 2017, et trois fois plus important que la croissance de l’économie mondiale (2,7%). Une résilience saluée malgré un contexte très défavorable. Le pays ayant fait face à une sécheresse qui a frappé plusieurs régions du pays et à la faiblesse des prix mondiaux des produits d’exportations éthiopiens.
La croissance est tirée aussi par le marché domestique de plus de 95 millions d’habitants et un pouvoir d’achat en nette amélioration. Toutefois, selon les experts du FMI, « le sentiment positif des investisseurs envers l’Éthiopie actuellement pourrait être encore renforcé par des réformes destinées à améliorer le climat des affaires. Un taux de change plus flexible favoriserait la compétitivité».
À ce titre, le gouvernement éthiopien a procédé à la dévaluation de 15% du birr, la monnaie locale, afin de relancer les exportations du pays, qui connaissent un coup de mou depuis quelques années, et se conformer aux recommandations du FMI.
Pour les années à venir, l’Éthiopie table sur le développement des industries de substitution des importations par la production locale. Le pays compte développer les secteurs d’automobile, les pièces détachées, les produits de sidérurgie, les ascenseurs, etc. Pour cela, le pays a mis en place un plan quinquennal 2015-2020, le Plan de croissance et de transformation (GTP). Ce plan devrait permettre une hausse de la production industrielle locale et freiner par la même occasion les sorties de devises.
L’ambition du pays est de porter la part du secteur industriel à 20% du PIB et d’intégrer le pays, à l’horizon 2025, dans le groupe des pays à revenu intermédiaire.
Pour cela, le pays pourra également compter sur l’apport du barrage de la Grande Renaissance de plus de 6.400 MW qui devrait être opérationnel début 2018 et combler le déficit énergétique du pays.
Côte d’Ivoire: la vigueur malgré la crise du cacao
Malgré la conjoncture difficile que traverse le secteur du cacao, secteur qui pèse près de 40% des recettes d’exportation et contribue à hauteur de 20% du PIB du pays, la Côte d’Ivoire poursuit sa dynamique de croissance.
Le FMI estime que le pays devrait afficher de bonnes performances à moyen terme. Toutefois, la crise du cacao a entraîné une baisse des recettes, poussant l’État à réduire les dépenses en investissements publics.
En attendant, après une croissance de l’ordre de 7,6% en 2017, la Côte d’Ivoire devrait afficher une croissance de l’ordre de 7,3% en 2018.
Le pays jouit d’une inflation modérée en dessous de la norme de 3% de l’Union économique et monétaire de l’Afrique de l’Ouest (UEMOA).
Le FMI recommande à la Côte d’Ivoire de préserver la viabilité des finances publiques et de la dette en favorisant un espace budgétaire nécessaire pour financer le programme d’investissement du Plan national de développement 2016-2020. Désormais, l’accent est mis sur la transformation des produits agricoles (cacao, anacarde, etc.) afin de développer le tissu industriel et générer des emplois et de la valeur ajoutée.
Pour continuer à afficher une croissance solide, le FMI recommande au gouvernement ivoirien d’accélérer les réformes afin de maintenir «une croissance forte, soutenue et inclusive».
Sénégal: une dynamique de croissance soutenue
Le Sénégal est engagé depuis quelques années sur une trajectoire soutenue. Après des croissances de 6,5% en 2015, 6,7% en 2016, le Sénégal devrait enregistrer une évolution de son PIB de 6,8% en 2017 et atteindre 7% en 2018, selon les projections du FMI.
Les principaux facteurs qui ont contribué à cette dynamique sont la production agricole soutenue par une pluviométrie favorable, des investissements dans les filières agricoles clés (arachide, riz, horticulture, etc.) et les politiques de soutien de l’État. De même, les performances de l’industrie extractive soutiennent la croissance, notamment l’exploitation d’ilménite de Diogo, dont la production a augmenté de 400% entre 2014 et 2016. De même, les industries chimiques, notamment celles du secteur des phosphates, affichent de bonnes performances.
Le pays bénéficie aussi de la dynamique de son secteur BTP avec les grands chantiers: autoroute Thiès-Touba, aéroport international Blaise Diagne, construction de centrales thermiques et solaires qui ont fortement réduit le déficit énergétique, etc. Ces actions s’inscrivent globalement dans le cadre du Plan Sénégal émergent (PSE)
Toutefois, pour poursuivre sa dynamique, le Sénégal doit renforcer la compétitivité de son secteur privé en soutenant les PME et en attirant davantage l’investissement direct étranger. De même, cette croissance soutenue ne se ressent pas encore dans le quotidien des Sénégalais.
Tanzanie: un énorme potentiel non exploité
Après une croissance de 7% en 2016, l’économie tanzanienne devrait afficher des croissances de l’ordre de 6,5% en 2017 et 6,8% en 2018.
Toutefois, après avoir affiché une croissance de son PIB de l’ordre de 7% en moyenne annuelle depuis 10 ans, la dynamique de la croissance de l’économie tanzanienne semble s’essouffler.
Il faut dire que l’économie tanzanienne demeure axée sur l’agriculture (coton, café…), le tourisme et l’industrie minière avec une base industrielle quasi inexistante et peu compétitive. En outre, la corruption demeure importante et le programme de développement des infrastructures de base n’a pas bénéficié des investissements adéquats.
Toutefois, la dynamique pourrait être entretenue, notamment grâce au Plan «Vision 2025» qui prévoit l’augmentation de capacité de production électrique pour faire face au déficit énergétique, le développement des réseaux de transport (ferroviaire, routier et aérien) afin de favoriser les échanges avec les pays voisins enclavés (Rwanda, Ouganda, etc.), l’exploitation des réserves de gaz offshore découvertes en 2010, etc.
De même, jouissant d’un marché intérieur fort de plus de 55 millions d’habitants, d’un positionnement géographique stratégique et de potentialités de production d’énergie importantes, la Tanzanie dispose de tous les atouts nécessaires pour continuer à afficher des taux de croissance élevés.
Seulement, pour entretenir cette croissance, le FMI recommande au gouvernement tanzanien d’assouplir sa politique monétaire afin de résoudre les problèmes de restriction de liquidité et d’accès au crédit pour le secteur privé. De même, l’instabilité du cadre règlementaire ne favorise pas l’arrivée des investisseurs étrangers.