L’économie chinoise a enregistré au deuxième trimestre une croissance molle dans un contexte de ralentissement de la demande intérieure et extérieure, l’élan post-COVID-19 s’étant rapidement essoufflé, ce qui pourrait inciter les autorités à adopter de nouvelles mesures de relance pour soutenir l’activité.
Ces mesures de relance pour remettre l’économie sur les rails (les investissements immobiliers ont chuté de 20,6% en juin sur un an) et endiguer le chômage (celui des jeunes a augmenté à 21,3% en juin) risquent cependant d’alourdir la dette du pays et créer des distorsions structurelles.
Selon les chiffres publiés lundi par le Bureau national des statistiques, en données corrigées des variations saisonnières, le produit intérieur brut de la deuxième puissance économique mondiale a augmenté de seulement 0,8% sur la période avril-juin par rapport au trimestre précédent.
Les analystes interrogés par Reuters prévoyaient une hausse de 0,5% au deuxième trimestre après une croissance de 2,2% au premier trimestre avec la levée des restrictions sanitaires.
En rythme annuel, le PIB a progressé de 6,3% au deuxième trimestre, contre 4,5% sur les trois premiers mois de l’année, mais ce taux est nettement inférieur au consensus qui tablait sur une croissance de 7,3%.
DES DONNÉES CONTRASTÉES
Le rythme annuel est le plus rapide depuis le deuxième trimestre de 2021, même s’il est fortement biaisé par l’impact économique lié aux restrictions sanitaires l’an dernier à Shanghaï et dans d’autres grandes villes.
« Les données suggèrent que le boom post-COVID de la Chine est clairement terminé », a déclaré Carol Kong, économiste à la Commonwealth Bank of Australia, à Sydney.
« Les indicateurs importants sont en hausse par rapport aux chiffres de mai, mais ils dépeignent toujours une reprise sombre et à bout de souffle, tandis que le chômage des jeunes atteint des niveaux record », a-t-elle ajouté.
D’autres données publiées en même temps que le PIB montrent que les ventes au détail en Chine ont augmenté de 3,1% en juin sur un an, ce qui marque une nette décélération par rapport à mai lorsqu’elles avaient bondi de 12,7%. Les analystes tablaient sur une hausse des ventes au détail de 3,2%.
La production industrielle en revanche a enregistré une accélération inattendue de sa croissance le mois dernier à 4,4% sur un an, après 3,5% en mai. La demande reste cependant timide.
Les investissements privés en actifs fixes ont diminué de 0,2% au cours des six premiers mois de l’année, ce qui contraste fortement avec la croissance de 8,1% des investissements publics et suggère une faible confiance de la part des entreprises privées.
Des données publiées la semaine dernière avaient déjà montré que la reprise post-COVID chinoise s’essoufflait rapidement, les exportations ayant enregistré leur plus forte baisse en trois ans en raison du ralentissement de la demande domestique et en provenance de l’étranger. La baisse continue du marché de l’immobilier, qui représente environ un quart de l’économie, a de son côté pesé sur la confiance.
La faible dynamique de l’économie chinoise et les risques d’une récession mondiale ont alimenté l’espoir d’une action accrue des responsables chinois pour soutenir l’activité.
Selon des experts et des économistes, les autorités chinoises devraient prendre de nouvelles mesures de relance, notamment en matière de dépenses budgétaires pour financer des projets d’infrastructure de grande envergure. Elles pourraient également accroître leur soutien aux consommateurs et aux entreprises privées et assouplir les règles dans l’immobilier.
RISQUE SUR L’OBJECTIF DE 5% DU PIB EN 2023
Les analystes doutent toutefois que cela soit mis en oeuvre rapidement alors que tous les regards sont désormais tournés vers la réunion du Politburo, l’instance dirigeante du Parti communiste chinois (PCC), prévue à la fin du mois, au cours de laquelle les principaux dirigeants pourraient définir la politique à suivre pour le reste de l’année.
Les marchés d’actions en Asie ont fini dans le rouge, tandis que le yuan chinois s’est déprécié après la publication de ces données.
Même si la Chine reste en bonne voie pour atteindre son modeste objectif de croissance de 5% pour cette année, le risque d’un échec pour la deuxième année consécutive ne peut être exclu, estiment certains économistes.
« Le chiffre de 6,3% est assez décevant, il est donc clair que la dynamique ralentit », a déclaré Alvin Tan, responsable de la stratégie changes pour l’Asie chez RBC Capital Markets, à Singapour.
« A ce rythme de décélération, il y a maintenant un risque que l’objectif de croissance ne soit pas atteint – ces 5% pourraient ne pas être atteints si l’économie continue à décélérer à ce rythme. Je pense donc qu’il est encore plus urgent de renforcer le soutien politique dans un avenir proche », a-t-il déclaré.
L’économie chinoise n’a progressé que de 3% l’an dernier en raison des restrictions liées à l’épidémie de COVID-19, ratant ainsi l’objectif officiel fixé.