La guerre commerciale entre l’Union européenne et la Chine s’intensifie sur le front laitier. Le ministère chinois du Commerce a annoncé lundi le lancement d’une enquête anti-subventions visant spécifiquement des entreprises néerlandaises, italiennes et françaises. Cette décision fait suite aux mesures protectionnistes adoptées par l’UE en août dernier, consistant à imposer des droits de douane pouvant atteindre 45% sur certaines importations de produits laitiers en provenance de Chine.
Des entreprises européennes dans le viseur
Les entreprises laitières européennes sélectionnées pour cette enquête – Elvi (France), FrieslandCampina Nederland B.V. et FrieslandCampina Belgium N.V. (Pays-Bas), ainsi que Sterilgarda Alimenti SPA (Italie) – ont été choisies en raison de leur importance sur le marché chinois. Ces sociétés, qui représentent un volume significatif des exportations laitières européennes vers la Chine, sont soupçonnées par Pékin de pratiquer des prix de dumping, c’est-à-dire de vendre leurs produits à des prix inférieurs à leurs coûts de production, ce qui serait susceptible de nuire à l’industrie laitière chinoise.
Une riposte européenne
La Commission européenne a réagi en saisissant l’Organisation mondiale du commerce (OMC) pour contester la légitimité de cette enquête chinoise. Bruxelles estime que les accusations de dumping sont infondées et que les droits de douane imposés par la Chine sont une mesure protectionniste qui va à l’encontre des règles du commerce international.
Un enjeu économique majeur
Les enjeux de ce conflit commercial sont considérables. En 2023, l’Union européenne était le deuxième fournisseur de produits laitiers de la Chine, après la Nouvelle-Zélande. Les exportations laitières européennes vers la Chine représentaient 1,7 milliard d’euros, un chiffre qui témoigne de l’importance de ce marché pour les producteurs laitiers européens. Les nouvelles mesures protectionnistes chinoises risquent donc de porter un coup dur à ce secteur d’activité.
Les raisons de ces tensions
Les tensions entre l’UE et la Chine sur le marché laitier s’expliquent par plusieurs facteurs :
- La volonté de la Chine de développer son propre secteur laitier : Pékin souhaite réduire sa dépendance aux importations et encourager la production locale de lait.
- La concurrence entre les producteurs laitiers européens et chinois : Les producteurs européens, bénéficiant d’une expertise et d’une image de qualité, sont perçus comme une menace par leurs concurrents chinois.
- Le contexte de tensions commerciales généralisées entre l’UE et la Chine : Ce conflit s’inscrit dans un contexte de relations économiques tendues entre les deux puissances, marquées par des accusations mutuelles de pratiques commerciales déloyales.
Quelles conséquences pour les consommateurs ?
Les consommateurs chinois pourraient être les premiers à subir les conséquences de cette guerre commerciale. En effet, les droits de douane supplémentaires imposés par l’UE pourraient entraîner une hausse des prix des produits laitiers importés, réduisant ainsi le pouvoir d’achat des ménages chinois. Par ailleurs, les producteurs laitiers chinois pourraient être tentés de compenser la perte de compétitivité en réduisant la qualité de leurs produits.
Perspectives d’avenir
Il est difficile de prédire l’issue de ce conflit commercial. Les négociations entre l’UE et la Chine pourraient aboutir à un accord, mais il est également possible que les tensions perdurent. Dans tous les cas, cette affaire met en évidence la complexité des relations commerciales internationales et les défis auxquels sont confrontés les acteurs de l’agroalimentaire dans un monde globalisé.