Après Berlin et Bâle, le 3ème European Nutrient Event se tiendra jeudi 8 et vendredi 9 novembre au parc des expositions de Rimini au cours de la green technologies expo de IEG
Élément indispensable à l’agriculture, inséré par l’UE parmi les matières critiques, il peut être nocif s’il est déversé de manière incontrôlée dans les eaux www.ecomondo.com
En grec, son nom signifie « porteur de lumière », mais le phosphore n’existe pas dans la nature à l’état élémentaire. Cette matière première indispensable à l’agriculture (pour la production de fertilisants, et donc des produits destinés à notre alimentation), qui est aussi un composant fondamental des cellules humaines, risque de devenir une « matière obscure » au vu de la difficulté de le trouver, mais aussi du danger lié à sa dispersion dans l’environnement.
Ce n’est pas un hasard si l’Union Européenne l’a ajouté à la liste des matières critiques, tandis que la gestion durable du phosphore a été identifiée comme la troisième parmi les limites les plus critiques de notre planète.
Que faire ? Le sujet figure depuis longtemps au programme de la communauté scientifique et des organismes politiques internationaux. Pour faire le point sur les difficultés et les solutions, le rendez-vous de référence est le troisième European Nutrient Event co-organisé, entre autres, par l’action d’innovation européenne Horizon2020 SMART Plant, l’European Sustainable Phosphorus Platform, la Piattaforma Italiana del Fosforo et le Groupe HERA, les jeudi 8 et vendredi 9 novembre prochains au parc des expositions de Rimini. Une initiative sur deux jours qui, après Berlin en 2015 et Bâle en 2017, se tiendra cette année pour la première fois en Italie dans le cadre d’Ecomondo, la grande manifestation consacrée à l’économie green et à l’économie circulaire organisée par Italian Exhibition Group qui compte cette année sa 22ème édition. L’initiative est dirigée par Francesco Fatone, professeur de l’Università Politecnica delle Marche, membre du comité technique et scientifique d’Ecomondo et coordinateur du projet européen Smart-Plant.
Un choix qui n’a pas été fait au hasard : cette année, la troisième édition du European Nutrient Event se concentre justement sur les pays de la région méditerranéenne, à commencer par l’Italie qui verra sous peu, comme l’a prévu la dernière loi sur le budget, l’institution de la Piattaforma Italiana del Fosforo (Plateforme italienne du phosphore). Celle-ci a pour objectif d’encourager une législation adéquate et de plus en plus nécessaire afin de récupérer et de réutiliser le phosphore en introduisant des modèles de gestion circulaire des cycles d’épuration des eaux usées et des déchets. Des pays tels que l’Allemagne, la Suisse, la Finlande, la Suède et le Danemark ont déjà légiféré sur l’obligation de récupérer et de gérer le phosphore de manière durable.
Comme le montre le projet Horizon 2020 SMART-Plant, dont la coordination est italienne, les technologies pour la récupération du phosphore et d’autres matériaux de valeur lors du traitement des eaux usées sont aujourd’hui disponibles et elles sont en cours de validation dans des stations d’épuration en Italie et en Europe. Les parcours de l’économie circulaire sont freinés, surtout en Italie, par les barrières ou les incertitudes législatives et réglementaires. Ces barrières et incertitudes ont récemment porté à « l’urgence boues », par exemple à travers la sentence du Tribunal administratif régional de Lombardie (le 20 juillet) qui a bloqué la réutilisation dans l’agriculture des boues produites par les stations d’épuration. Des problèmes analogues se sont produits en Toscane, où 10 000 tonnes de boues en moyenne sont produites par mois.
En Italie, 5 millions de tonnes environ de boues sont produites chaque année par les stations d’épuration. « Aujourd’hui, la technologie durable obtenue grâce à des projets tels que Smart Plant nous montre qu’il est possible de transformer les stations d’épuration en installations de récupération de matières renouvelables qui ont de la valeur et un marché : il faut travailler pour reconnaître cette valeur économique circulaire, tout en assurant la sécurité pour la santé et l’environnement », souligne le professeur Francesco Fatone.
Cela est confirmé par l’installation innovante qui a été inaugurée le 12 février dernier à Carbonera, dans la province Trévise : il s’agit de la plus grande installation démonstrative en fonction dans les stations d’épuration urbaines, en mesure de récupérer, grâce à des technologies innovantes, 1 kilo environ par jour de bioplastiques et 300 grammes de struvite (sel de phosphore) à partir des boues de l’épuration.