Economie mondiale : La politique économique doit éviter d’y contribuer
L’incertitude modifie le comportement des ménages et des entreprises, Les imprévus et leurs effets de second tour impliquent qu’elle est, dans une certaine mesure, inévitable. Alors que la politique monétaire vise à contenir l’incertitude, les mesures protectionnistes en génèrent et peuvent, à terme, freiner la croissance.
L’incertitude modifie le comportement des ménages et des entreprises, en particulier leurs décisions irréversibles impliquant un engagement long (achat immobilier, investissements).
Elle affecte aussi l’économie à travers les chocs (événements inattendus) et les effets de second tour, ce qui explique qu’elle puisse s’installer. Les chocs peuvent être de natures très diverses et relever d’événements économiques ou non (politiques ou géopolitiques, par exemple). Ensuite, l’évolution des statistiques économiques est une source permanente d’incertitude, la réaction de l’inflation à une baisse du chômage en est un bon exemple.
La politique économique peut aussi influencer l’incertitude et, si l’on se fie à la littérature empirique sur les effets négatifs de cette dernière sur la croissance, il est évident que la politique économique complique les choses. C’est pourquoi les banques centrales communiquent sur leurs intentions et s’efforcent de réagir aux nouvelles informations de façon prévisible : une fonction de réaction stable de ces banques permet de contenir l’incertitude. L’effet de la politique budgétaire est moins tranché : une expansion budgétaire contra-cyclique la réduirait, à condition de disposer d’une marge de manœuvre, alors qu’une impulsion procyclique (les récentes baisses d’impôt aux États-Unis) ajoute aux pressions inflationnistes et, à terme, accroît l’incertitude.
En politique commerciale, les mesures protectionnistes génèrent de l’incertitude de différentes façons : 1) la menace de relèvements des droits à l’importation (avec l’illusion que l’économie se porte bien au regard de l’évolution des importations, alors que celles-ci n’augmentent qu’en prévision des relèvements), 2) la crainte de représailles de la part des partenaires commerciaux, 3) les inquiétudes quant à l’impact sur l’inflation, les rendements obligataires, les taux de change, la politique monétaire, 4) la complexité d’analyser l’impact sur les chaînes de valeur mondiales, 5) les interrogations sur l’érosion à terme de la compétitivité des secteurs économiques protégés. Une des caractéristiques de l’incertitude est qu’à moment donné l’on parvient à un point de rupture. Les fondamentaux (l’utilisation des capacités, la rentabilité) ont beau être robustes, si l’incertitude est forte et perçue comme durable, l’investissement en pâtira du fait du manque de visibilité : la baisse de confiance est la goutte qui fait déborder le vase.
Il s’ensuit des répercussions sur les embauches, la confiance et la consommation des ménages. Pour l’instant, les enquêtes de conjoncture ne vont pas dans ce sens, mais le nombre croissant d’entreprises exprimant leur inquiétude est un rappel utile de ce qui est en jeu.