Selon les projections, la croissance mondiale devrait atteindre 3,9 % en 2018 et en 2019, ce qui correspond aux prévisions des Perspectives de l’économie mondiale (PEM) d’avril 2018, mais l’expansion devient moins égale, et les risques entourant les perspectives augmentent. Le rythme de l’expansion semble avoir culminé dans certains grands pays et la croissance est devenue moins synchronisée. Aux États-Unis, la dynamique à court terme s’affermit conformément aux prévisions des PEM d’avril dernier, et le dollar s’est apprécié d’environ 5 % ces dernières semaines. Les projections de la croissance ont été révisées à la baisse pour la zone euro, le Japon et le Royaume-Uni, car l’activité a été inférieure aux prévisions au début de 2018. Parmi les pays émergents et les pays en développement, les perspectives de croissance deviennent aussi plus inégales, sur fond de la montée des prix du pétrole, de la hausse des rendements aux États-Unis, d’une escalade des tensions commerciales et des pressions des marchés sur les monnaies de pays dont les paramètres économiques fondamentaux s’affaiblissent. Les projections de la croissance ont été révisées à la baisse pour l’Argentine, le Brésil et l’Inde, tandis que les perspectives de quelques pays exportateurs de pétrole se sont améliorées.
Le solde des aléas influant sur les perspectives est encore plus négatif, y compris à court terme. Les relèvements des droits de douane qui ont été annoncés récemment par les États-Unis, ou qui sont anticipés, et les mesures de rétorsion de leurs partenaires commerciaux ont accru la probabilité d’une escalade et d’une prolongation des mesures commerciales. Cela pourrait faire dérailler la reprise et peser sur les perspectives de croissance à moyen terme, en influant directement sur l’affectation des ressources et la productivité, ainsi qu’en faisant monter l’incertitude et en pesant sur l’investissement. Les conditions restent favorables pour les pays avancés sur les marchés financiers, avec des écarts de taux réduits, des valorisations tendues sur certains marchés et une faible volatilité, mais cela pourrait changer rapidement. Parmi les déclencheurs éventuels figurent une aggravation des tensions et des conflits commerciaux, des problèmes géopolitiques et une montée de l’incertitude politique. La hausse de l’inflation aux États-Unis, où le chômage est inférieur à 4 % mais où les marchés intègrent une trajectoire bien moins profonde pour les relèvements des taux d’intérêt que celle figurant dans les projections du comité de politique monétaire, pourrait aussi entraîner une réévaluation soudaine des paramètres économiques fondamentaux et des risques de la part des investisseurs. Un durcissement des conditions financières pourrait provoquer des ajustements de portefeuille déstabilisateurs, de fortes variations des taux de change et de nouvelles réductions des entrées de capitaux dans les pays émergents, en particulier ceux dont les paramètres fondamentaux s’affaiblissent ou qui présentent un risque politique plus élevé.
Pour préserver l’expansion mondiale, il reste essentiel d’éviter les mesures protectionnistes et de trouver une solution basée sur la coopération qui encourage la croissance continue des échanges de biens et services. Les politiques des pouvoirs publics et les réformes doivent viser à soutenir l’activité, à rehausser la croissance à moyen terme et à en accroître le caractère inclusif. Mais, étant donné la baisse des capacités inemployées et la montée des risques de dégradation, beaucoup de pays doivent reconstituer leurs amortisseurs budgétaires de manière à dégager une marge de manœuvre en vue de la prochaine récession et de renforcer la résilience financière face à une volatilité peut-être plus élevée sur les marchés.