La banque centrale chinoise (PBOC) a réduit de manière inattendue ses taux directeurs pour la deuxième fois en trois mois mardi, un nouveau signe que les autorités chinoises intensifient leurs efforts pour stimuler une reprise économique qui s’essouffle.
Les analystes estiment que ce mouvement ouvre la porte à une réduction potentielle du taux préférentiel (LPR) la semaine prochaine.
L’effondrement de la croissance du crédit et l’augmentation des risques de déflation en juillet ont nécessité davantage de mesures d’assouplissement monétaire, selon les observateurs du marché, tandis que la confiance sur les marchés s’est dégradée.
« Tous ces éléments renforcent l’importance pour les décideurs politiques d’agir rapidement avant que la confiance des consommateurs et des entreprises ne se détériore fortement », a déclaré Tommy Wu, économiste principal pour la Chine chez Commerzbank.
La PBOC a déclaré qu’elle avait abaissé de 15 points de base son taux sur 401 milliards de yuans (50,57 milliards d’euros) de prêts à un an à certaines institutions financières (MLF), faisant passer ce taux à 2,50% contre 2,65% précédemment.
L’injection de liquidités visait à contrebalancer des facteurs tels que les paiements d’impôts afin de « maintenir la liquidité du système bancaire à un niveau raisonnablement élevé », a déclaré la PBOC dans un communiqué en ligne.
Dans un sondage Reuters réalisé cette semaine auprès de 26 observateurs du marché, 20 participants, soit 77%, ont prédit que la banque centrale laisserait le taux MLF inchangé. Seules six personnes interrogées prévoyaient une réduction du taux marginal.
« La baisse surprenante du taux du MLF a été une réponse rapide aux données décevantes, et qui pourrait enclencher une dépréciation du yuan vers 7,3 », estime Ken Cheung, stratégiste en chef pour les devises asiatiques à la Mizuho Bank.
« La PBOC pourrait avoir l’intention de soutenir les conditions de crédit à moyen terme via des réductions asymétriques de taux, et a ouvert la voie à une réduction du LPR, en particulier le LPR à 5 ans, pour soutenir le secteur de l’immobilier en difficulté ».
Le taux du MLF guide celui du LPR, dont le fixing mensuel est prévu pour lundi prochain.
La banque centrale a également injecté 204 milliards de yuans par le biais de prises en pension à sept jours tout en réduisant les coûts d’emprunt de 10 points de base à 1,80% contre 1,90% précédemment, a-t-elle déclaré dans un communiqué en ligne.
La Chine reste une exception parmi les banques centrales mondiales, car elle a assoupli sa politique monétaire pour soutenir une reprise qui s’essouffle, alors que d’autres banques centrales se sont engagées dans des cycles de resserrement pour lutter contre une inflation élevée.
Le changement de taux de mardi a creusé l’écart de rendement avec d’autres grandes économies, en particulier les États-Unis, ce qui accroît la pression sur le yuan et risque d’entraîner des sorties de capitaux.
Le yuan a perdu environ 5% par rapport au dollar depuis le début de l’année et est devenu l’une des monnaies asiatiques les moins performantes. Il s’échangeait à 7,2761 pour un dollar à 06h08 GMT, contre un cours à la clôture de 7,2580.
Les rendements des obligations d’État chinoises à 10 ans ont baissé à 2,56%, leur niveau le plus bas depuis mai 2020.