La Banque centrale européenne « BCE » privilégie la prudence
Sans surprise, la BCE a maintenu sa politique inchangée. Il faut dire qu’avec les annonces faites au mois d’octobre il n’y a – sauf événement – plus grand-chose à attendre sur le front monétaire avant le T2 2018 lorsqu’il sera question de préciser l’orientation monétaire de 2019. Pour rappel la BCE a annoncé en octobre un prolongement du programme d’achats d’actifs jusqu’en septembre 2018 au moins. Etant donné par ailleurs que les achats nets ne prendront pas fin brutalement et qu’une hausse de taux n’interviendra que « bien après » la fin du programme il ne devrait a priori rien se passer côté monétaire l’an prochain.
L’intérêt de la réunion du jour se concentrait donc sur deux points : les nouvelles prévisions macroéconomiques de la BCE incluant pour la première fois 2020 et, de façon moins formelle, un éventuel durcissement du ton de M. Draghi suite aux bonnes nouvelles économiques, laissant suggérer une normalisation plus rapide qu’anticipée à partir de 2019 donc.
Concernant les prévisions, la BCE a revu à la hausse son profil de croissance du PIB pour les prochaines années exprimant sa confiance quant à la solidité de la reprise. Du côté de l’inflation là aussi les prévisions ont été revues en hausse mais à 1,7% en 2020 la projection d’inflation maintient une certaine ambiguïté quant à la réalisation de l’objectif, une ambigüité recherchée bien entendue, qui permet à la BCE de conserver un discours prudent et de justifier un degré élevé de soutien monétaire.
Interrogé à plusieurs reprises sur la compatibilité du mandat de la BCE avec une inflation de 1,7%, Draghi a quelque peu éludé les questions insistant sur la dimension qualitative du concept de stabilité des prix, à savoir la dimension auto-entretenue et durable du mouvement de convergence. Reste qu’en projetant l’inflation à 1,7% en 2020 la BCE se laisse le choix, soit d’en faire plus si besoin, soit de relever sa projection dans le futur pour indiquer un changement à venir.
Pour ce qui est, finalement, du ton général de la conférence de presse, Draghi a maintenu une position équilibrée : confiant sur la dynamique de croissance mais toujours prudent quant à l’inflation, une position qui revient à reconnaître les liens distendus, du fait de la crise, entre croissance des salaires et embellie économique.
Thibault MERCIER