La Banque du Japon a procédé mercredi à des vérifications sur les taux de change, une possible étape supplémentaire avant une intervention directe sur le marché, a-t-on appris de source de marché après de nouvelles déclarations officielles sur la faiblesse du yen.
Les informations sur les vérifications effectuées par la banque centrale, dont le quotidien Nikkei s’était le premier fait l’écho, ont permis au yen de remonter à 143,53 pour un dollar et donc de s’éloigner du plus bas de 24 ans touché la semaine dernière à près de 145.
Les autorités japonaises ont déjà exprimé à plusieurs reprises ces dernières semaines leur préoccupation face à la dépréciation de la monnaie nationale, qui pèse sur la consommation en faisant monter les prix des importations et complique les décisions des entreprises.
« Les mouvements récents sont rapides et unilatéraux et nous sommes très préoccupés. Si de tels mouvements se poursuivent, nous devrons réagir, sans exclure aucune option », a déclaré à la presse le ministre des Finances, Shunichi Suzuki, peu avant la publication des informations du Nikkei sur la BoJ.
« Nous parlons de toutes les options disponibles, donc il est correct de le penser », a ajouté le ministre en réponse à une question sur la possibilité d’une intervention sur le marché des changes.
Ces propos sont les plus clairs à ce jour d’un responsable gouvernemental sur une telle possibilité. Mais pour beaucoup d’observateurs, une intervention reste très improbable car Tokyo aurait beaucoup de mal à obtenir l’accord de ses partenaires du G7.
LA BOJ POURRAIT LANCER UN AVERTISSEMENT LE 22 SEPTEMBRE
Le yen a perdu près de 30% de sa valeur face au dollar depuis le début de l’année, principalement en raison de la divergence de plus en plus marquée entre les politiques monétaires japonaise et américaine. La BoJ maintient en effet une stratégie ultra-accommodante alors que la Fed a déjà nettement remonté ses taux et devrait continuer de le faire.
Au-delà des avertissements adressés aux marchés, les autorités japonaises disposent de plusieurs options pour tenter d’endiguer une baisse du yen qu’elles jugeraient excessive, parmi lesquelles une intervention directe sur le marché via des ventes des dollars et des achats de yens.
La vérification des taux de change, qui consiste à contacter des intermédiaires pour connaître les prix d’achat et de vente du yen, est considérée sur le marché comme une possible première étape avant une telle intervention.
Lorsque la BoJ a commencé ces vérifications, le yen s’échangeait autour de 144,9 pour un dollar selon l’agence de presse Jiji, qui cite une source de marché.
« J’ai le sentiment que le ministère des Finances n’interviendra pas à ce stade et qu’il en restera à celui des avertissements verbaux », a commenté Takeshi Minami, chef économiste du Norinchukin Research Institute.
La BoJ, qui publiera son prochain communiqué de politique monétaire le 22 septembre, donc moins de 24 heures après celui de la Fed américaine, ne devrait pas modifier ses taux mais elle pourrait profiter de l’occasion pour adresser à son tour un avertissement aux marchés sur l’ampleur des fluctuations du yen, estiment des analystes.
La dernière intervention avérée des autorités japonaises sur le marché des changes remonte à 1998, lorsque la crise financière asiatique avait déclenché une vaste mouvement de vente de la devise.