Alors que la plupart des banques centrales mondiales ajustent leur politique monétaire pour juguler l’inflation, la Banque du Japon (BoJ) maintient un cap résolument accommodant. En décidant de ne pas modifier ses taux d’intérêt lors de sa dernière réunion, l’institution nippone affiche une fois de plus sa détermination à soutenir une reprise économique fragile, tout en restant vigilante face aux risques d’inflation.
Cette décision s’inscrit dans la continuité d’une politique monétaire ultra-laxiste mise en place depuis plusieurs années pour sortir le Japon de sa longue période de déflation. Si la consommation des ménages montre des signes d’amélioration, la BoJ estime que l’économie nippone nécessite encore un soutien monétaire important.
Le gouverneur Kazuo Ueda a souligné que la banque centrale continuerait d’évaluer attentivement l’évolution de la situation économique et des prix avant d’envisager de nouvelles mesures. Cette approche prudente s’explique par les spécificités du contexte japonais, où les pressions inflationnistes restent relativement faibles par rapport à d’autres économies développées.
Les raisons de cette divergence
Plusieurs facteurs expliquent la divergence entre la politique monétaire de la BoJ et celle des autres grandes banques centrales :
- Objectifs d’inflation différents: Le Japon vise un taux d’inflation de 2%, un objectif qui s’est avéré difficile à atteindre depuis plusieurs décennies. Les autres grandes économies, comme les États-Unis ou la zone euro, sont confrontées à une inflation plus élevée et plus persistante.
- Structure du marché du travail: Le marché du travail japonais est caractérisé par une forte rigidité des salaires, ce qui limite la capacité de l’inflation à s’auto-alimenter.
- Vieillissement de la population: Le vieillissement rapide de la population japonaise pèse sur la croissance économique et réduit la pression inflationniste.
Les enjeux pour l’avenir
La persistance d’une politique monétaire accommodante au Japon soulève plusieurs interrogations :
- Risque d’instabilité financière: Un écart trop important entre les politiques monétaires des différentes banques centrales pourrait entraîner des tensions sur les marchés financiers.
- Effet sur le yen: Le maintien de taux d’intérêt bas pourrait peser sur le yen, ce qui pourrait avoir des conséquences sur les importations et l’inflation.
- Impact sur la croissance économique: Une politique monétaire trop laxiste pourrait encourager la prise de risques et créer des bulles spéculatives.
Le gouverneur Ueda a reconnu ces risques et a assuré que la banque centrale était prête à ajuster sa politique si nécessaire. Cependant, il a souligné que la priorité actuelle restait de soutenir la reprise économique et d’atteindre l’objectif d’inflation.
En conclusion, la Banque du Japon poursuit une voie divergente par rapport à ses homologues en maintenant une politique monétaire accommodante. Cette décision s’explique par les spécificités du contexte économique japonais et vise à soutenir une reprise économique fragile. Cependant, cette approche comporte des risques qu’il faudra surveiller de près dans les mois à venir.