La Banque mondiale a annoncé mardi avoir abaissé ses prévisions de croissance pour 2023, à des niveaux proches de la récession pour de nombreux pays, alors que l’impact de la remontée des taux d’intérêt par les banques centrales prend de l’ampleur, que la guerre russo-ukrainienne se poursuit et que les principaux moteurs de l’économie mondiale s’essoufflent.
L’organisation internationale table ainsi pour cette année sur une croissance mondiale de 1,7%, ce qui marquerait la progression la plus faible depuis près de 30 ans, hors récessions de 2009 et 2020.
Dans son précédent rapport datant de juin, elle prévoyait une croissance de 3,0%.
L’important ralentissement économique dans les pays avancés – la croissance devant décélérer à 0,5% aux Etats-Unis et dans la zone euro – pourrait augurer une nouvelle récession mondiale, moins de trois ans après la dernière.
« Compte tenu de la fragilité des conditions économiques, toute nouvelle évolution défavorable – comme une inflation plus élevée que prévu, des hausses brutales des taux d’intérêt pour la contenir, une résurgence de la pandémie de COVID-19 ou une escalade des tensions géopolitiques – pourrait faire basculer l’économie mondiale dans la récession », explique l’institution dans la nouvelle édition de ses Perspectives économiques mondiales.
La conjoncture économique s’annonce particulièrement difficile pour les marchés émergents et en développement, affectés par un endettement élevé, la faiblesse des monnaies locales et par le ralentissement des investissements des entreprises, dont le taux de croissance annuel est désormais estimé à 3,5% pour les deux prochaines années.
« La faiblesse de la croissance et des investissements des entreprises aggravera les revers déjà dévastateurs en matière d’éducation, de santé, de pauvreté et d’infrastructures, ainsi que les exigences croissantes du changement climatique », a déclaré le président de la Banque mondiale, David Malpass.
L’INFLATION SOUS-JACENTE POURRAIT RESTER ÉLEVÉE
La croissance de la Chine s’est effondrée à 2,7% l’année dernière, soit, après 2020, son deuxième rythme le plus lent depuis le milieu des années 1970, en raison de l’impact du COVID-19, de la crise du marché immobilier et de la faiblesse de la consommation, de la production et de l’investissement, estime la Banque mondiale dans son rapport.
Celle-ci prévoit un rebond du produit intérieur brut à 4,3% en 2023, un chiffre toutefois inférieur de 0,9 point de pourcentage à la prévision de juin étant donné la gravité des bouleversements dus à l’épidémie et l’affaiblissement de la demande extérieure.
La Banque mondiale a souligné que certaines pressions inflationnistes ont commencé à s’atténuer fin 2022, avec un recul notamment des prix de l’énergie, mais a averti que les risques de nouvelles perturbations de l’offre étaient importants et que le niveau élevé de l’inflation sous-jacente pourrait durer.
Les banques centrales pourraient donc être amenées à réagir en relevant leurs taux plus que prévu, aggravant ainsi le ralentissement mondial, a-t-elle ajouté.
La banque a appelé à un soutien accru de la communauté internationale pour aider les pays à faible revenu à affronter les chocs alimentaires et énergétiques et au risque croissant de crise de la dette.
Le rapport de la Banque mondiale est publié alors que son conseil des administrateurs doit examiner cette semaine une nouvelle « feuille de route pour l’évolution » de l’institution afin d’accroître considérablement sa capacité de prêt.