La finance verte gagne du terrain dans l’UE
L’Union des marchés de capitaux, dont un bilan est attendu le 7 juin, contribue à généraliser le verdissement de la finance européenne.
La finance durable était encore considérée comme « exotique » il y a peu. Elle est cependant en train de se faire une vraie place dans les politiques européennes, selon Niall Bohan, chef d’unité chargé de l’Union des marchés de capitaux à la Commission européenne.
« La difficulté est à présent de transformer la prise de conscience en politiques et en applications concrètes », a-t-il indiqué à l’occasion d’un événement Euractiv.
Les législateurs sont incités à soumettre les portefeuilles des grands investisseurs publics à des stress tests concernant les objectifs environnementaux de long terme. Une telle politique pourrait réorienter des milliards d’euros vers les énergies propres.
L’exposition aux désastres climatiques, comme les inondations, tempêtes ou la montée des eaux, peuvent avoir un impact catastrophique sur les propriétés et infrastructures, avec la destruction de biens de valeurs et une augmentation subite des frais d’assurance.
« Dans nos services, nous avons atteint un moment charnière en ce qui concerne l’intégration de la durabilité dans la trame des réglementations financières », a expliqué Niall Bohan. Il se réfère à une communication de septembre 2016 qui a posé les fondements de futures mesures européennes sur la finance durable.
Si les normes évoluent peu à peu, le secteur financier reste toutefois à la traine. PKA, un fonds de pension danois, a investi 25 % de son capital dans des projets « alternatifs », comme des champs éoliens ou des petits projets de rénovation des bâtiments, estimant que ceux-ci assurent des bénéfices plus sûrs que les investissements traditionnels.
« Ces alternatives ne représentent que 1 % des placements de l’investisseur moyen », souligne Pelle Pedersen, qui s’occupe des investissements responsables chez PKA. La finance durable est donc encore loin d’être la norme.
Les banquiers ne sauveront pas la planète
La Commission européenne devrait présenter son examen à mi-parcours de l’Union des marchés de capitaux le 7 juin. Cet examen devrait introduire de nouvelles mesures renforçant le contrôle de l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA) sur les marchés financiers.
Niall Bohan a cependant tenté de tempérer les attentes des militants écologistes, insistant sur le fait que les banquiers ne sauveraient pas la planète à eux seuls. « S’attendre à ce qu’une réglementation financière règle le problème [du réchauffement climatique] ne mènera qu’à des déceptions », a-t-il prévenu.
« Nous allons demander des comptes-rendus fiables et honnêtes. Les entreprises qui lèvent des fonds devront expliquer comment elles utilisent ce capital », ce qui comprend les mesures écologiques et durables qu’elles mettent en place, a-t-il poursuivi.
Le représentant européen a également appelé les législateurs à se montrer pragmatiques, prévenant que l’imposition d’« obligations de divulgation intenables » ne servirait à rien et qu’avant de pouvoir atteindre des objectifs de durabilité, les gestionnaires d’actifs devraient se procurer les outils nécessaires.