La Réserve fédérale américaine relèvera les taux de 50 points de base seulement en septembre en s’appuyant sur les signaux suggérant que l’inflation a atteint son point haut et sur la montée des craintes de récession.
L’inflation aux Etats-Unis est toujours au plus haut depuis 40 ans mais elle a un peu ralenti en juillet, ce qui a influencé les anticipations d’évolution des taux directeurs en renforçant l’hypothèse d’une hausse limitée à un demi-point de pourcentage le mois prochain après celles de trois quarts de point décidées en juin et juillet.
La majeure partie des économistes prévoir une hausse d’un demi-point à l’issue de la réunion de septembre, qui porterait l’objectif de taux des fonds fédéraux (« fed funds ») à 2,75%-3,00%.
Dix-huit des 94 spécialistes sondés tablent sur une hausse de 75 points de base, soit moins d’un sur cinq.
Le président de la Fed, Jerome Powell, qui doit s’exprimer vendredi dans le cadre du séminaire de Jackson Hole, a déclaré le mois dernier que « ralentir le rythme des hausses » pourrait devenir approprié.
La Fed a déjà augmenté le coût du crédit aux Etats-Unis de 225 points de base depuis mars et la perspective d’une poursuite de ce resserrement nourrit les craintes de récession: les économistes interrogés estiment la probabilité d’une récession à 45% à l’horizon d’un an et 50% d’ici deux ans, selon la médiane de leurs réponses.
« Une récession est un mal nécessaire et la seule manière de parvenir où nous voulons aller: là où les gens ne perdent pas tout leur argent à cause des hausses de prix », a déclaré Philip Marey, stratège senior Etats-Unis chez Rabobank.
« Ce ne sera pas nécessairement une récession forte car habituellement, les grosses récessions se conjuguent à une crise financière, or aujourd’hui, les finances des ménages sont solides. »
Pour 37 des 48 économistes qui ont répondu à une question sur le sujet, si les Etats-Unis entrent en récession dans les deux ans à venir, cet épisode sera court et de faible amplitude.
Dix ont dit tabler sur une récession longue mais peu marquée et un seul sur une récession à la fois longue et marquée.
L’inflation, elle, devrait rester supérieure à l’objectif de 2% que s’est fixé la Fed jusqu’à 2024 au moins, la moyenne des prévisions la donnant à 8,0% cette année et 3,7% l’an prochain.
Près de 90% des participants à l’enquête s’attendent donc à ce que la banque centrale porte l’objectif de taux des « fed funds » à 3,25%-3,50% ou au-delà avant la fin de l’année.
Il devrait culminer à 3,50%-3,75% d’ici la fin du premier trimestre 2023 selon la médiane des prévisions mais près de 80% des économistes qui ont répondu à une question supplémentaire (29 sur 37) ont jugé que la balance des risques penchait en faveur d’un taux plus élevé.
« La persistance de l’inflation reste la menace la plus importante pour l’économie. L’inflation pourrait ne pas baisser conformément aux prévisions. Dans ce cas, les taux directeurs devraient être beaucoup plus restrictifs, quelque part entre 4% et 5% », estime Sal Guatieri, économiste senior de BMO Capital Markets.
« Si c’est le cas, il n’y aura guère de doute sur la capacité de l’économie à éviter une crise profonde. »
Le produit intérieur brut (PIB) américain a reculé au cours des deux premiers trimestres de cette année, ce qui correspond à la définition d’une récession technique, mais le National Bureau of Economic Research (NBER), arbitre en la matière aux Etats-Unis, prend en compte d’autres facteurs, dont l’emploi et l’évolution du revenu réel, pour déclarer officiellement le début d’une phase de récession.
Or le marché du travail reste dynamique avec un taux de chômage revenu à 3,5% le mois dernier, et le PIB devrait croître de 1,7% sur l’ensemble de cette année et de 1,0% l’an prochain.