La victoire écrasante de l’économiste ultra-libéral Javier Milei à l’élection présidentielle en Argentine devrait exercer une pression à la baisse sur le peso mais pourrait être mieux perçue par les détenteurs d’obligations, estiment des analystes.
Les marchés argentins sont fermés ce lundi en raison d’un jour férié et l’impact de la victoire de Javier Milei ne se fera pleinement ressentir que mardi. Toutefois, les obligations souveraines cotées à l’étranger et certaines actions seront négociées lundi, principalement en Europe et aux Etats-Unis.
« À court terme, les obligations vont réagir positivement mais nous nous attendons à des pressions sur le marché des changes en raison de l’incertitude qui règne jusqu’au 10 décembre », estime Juan Manuel Pazos, économiste chez TPCG à Buenos Aires, en référence à la date d’entrée en fonction de Javier Milei.
Le candidat anti-système, qui s’est engagé à fermer la banque centrale et à abandonner le peso au profit du dollar américain, a remporté le second tour du scrutin face au ministre sortant de l’Economie, le péroniste Sergio Massa.
Lors de son premier discours en tant que président élu, Javier Milei a pris soin toutefois d’adopter un ton plus mesuré.
Il a promis des réformes rapides pour redresser une économie embourbée dans la crise et où l’inflation atteint 143%. Mais il a également remercié ses principaux soutiens conservateurs, Mauricio Macri et Patricia Bullrich, avec lesquels il a conclu une alliance dans l’entre-deux-tours.
« Le fait que Javier Milei ait déclaré être prêt à élargir son soutien politique et qu’il ait également remercié Macri et Bullrich est positif », observe Martin Castellano, responsable de la recherche sur l’Amérique latine pour l’Institute of International Finance (IIF).
« Cela aidera à stabiliser le sentiment du marché dans les prochains jours. »
Ancien présentateur de télévision, Javier Milei, 53 ans, a peu d’expérience politique. Lors de la campagne présidentielle, il a longtemps brandi une tronçonneuse dans ses meetings électoraux pour illustrer sa volonté de couper dans les dépenses publiques, un « accessoire » qu’il a ensuite laissé de côté pour se donner une image plus modérée.
Pour Walter Stoeppelwerth, stratège chez la société de gestion Gletir, Javier Milei devrait rester sur ses positions, malgré les craintes réelles des électeurs concernant les conséquences d’un plan d’austérité.
« Le facteur déterminant est l’engagement budgétaire. Si Milei peut convaincre le marché que la tronçonneuse (la discipline budgétaire) est le coeur et l’âme de sa présidence, les obligations se redresseront », a-t-il déclaré. « S’il s’oriente vers l’unification de la monnaie, c’est également un point positif. Il ne peut pas être équivoque. »
Javier Milei a remporté la présidentielle avec un score plus élevé que prévu mais une fois intronisé, il devra composer avec un Congrès très fragmenté, où aucun bloc politique ne dispose de la majorité.
« La mise en oeuvre d’un plan de stabilisation complet sera urgente pour la nouvelle administration alors que la ‘lune de miel’ pourrait être plus courte que d’habitude dans le contexte délicat et alors qu’un large soutien politique sera nécessaire », souligne l’économiste Gustavo Ber.