Les pays gaziers en réunion au sommet en Bolivie : Quelle influence sur les prix ?
La rencontre au sommet a été précédée par un séminaire international et une réunion ministérielle extraordinaire auxquels le ministre de l’Energie a pris part le 22 novembre. Le sommet a eu lieu dans un contexte marqué par une reprise des cours du pétrole qui gravitent actuellement autour de 62 dollars le baril. Une remontée des prix qui pourrait entrainer dans son sillage une augmentation des tarifs de gaz. Il aura permis de mieux comprendre les grandes tendances des prix et de discuter de la manière dont il faudrait soutenir les tarifs gaziers notamment dans des régions où la consommation des gaz est atone. Il reste à savoir si le consensus autour de ces questions existe ou non. Aux dires de beaucoup, certains membres du forum ne parlent pas le même langage à ce sujet pour des raisons diverses dont géopolitiques. Les Russes, par exemple, parlent beaucoup du forum des pays exportateurs de gaz (FPEG), insistant souvent sur le fait que ses membres ne souhaitent pas en faire une Opep du gaz.
D’autres pays moins influents au sein de cette organisation expliquent également que le forum des douze pays exportateurs de gaz qui détiennent 70% des réserves gazières mondiales, n’a aucun plan de se convertir en Opep du gaz. Le forum, dont l’un des objectifs est le renforcement des échanges afin de défendre leurs intérêts, ne désirent pas par ailleurs imposer des quotas sur la production et la vente de gaz, ni imposer des règles sur le marché gazier. Grosse machine gazière, la Russie ne semble pas tout à fait enthousiaste à faire du forum une structure influente devant peser sur les prix. Moscou semble avoir du plomb dans l’aile, conséquemment aux sanctions qui lui sont injustement imposées par l’UE et les Ets-Unis. Du coup, elle tempère ses ambitions au plan géostratégique, se montrant coopérative avec l’Opep, et adoptant une position qui ne la fera pas passer pour une rabat-joie sur le marché gazier. Elle marche ainsi dans les pas du Qatar, un pays qui ne vend pas son gaz à qui mieux mieux, le bradant ou presque.
Russes et Qataris, diamétralement opposés aujourd’hui au plan géopolitique, ont paradoxalement, la même vision quant au Forum du gaz. Ils ne veulent pas le transformer en une Opep du gaz. Pourtant, la fédération de Russie et le Qatar avaient fortement soutenu l’idée d’une Opep du gaz, en 2006, une période moins chahutée par les tensions géopolitiques. Le FPEG est constitué de douze pays membres : cinq en Afrique (Algérie, Egypte, Guinée équatoriale, Libye, Nigéria) ; trois au Moyen-Orient (Emirats arabes unis, Iran, Qatar) ; trois en Amérique du Sud (Bolivie, Trinité-et-Tobago, Venezuela), et la Russie. Composée ainsi de pays aux intérêts divergents, l’organisation gazière n’a aucune stratégie de rétention des quantités de gaz sur le marché pour faire remonter les prix qui sont au plus bas actuellement.
Elle n’a pas de prise sur les marchés gaziers. Au plan pratique, le FPEG n’a pas réellement avancé. Il s’est contenté, pour le moment, de l’installation d’un groupe de travail chargé de proposer de nouvelles stratégies relatives à la «réorganisation » du marché gazier mondial. L’organisation est cantonnée dans une logique théorique, pas pragmatique, appelant à la nécessité d’élaborer des études stratégiques globales sur le développement à long terme du marché gazier à travers le monde, notamment par la révision des indicateurs de référence relatifs à la détermination des prix du gaz naturel, et à l’adoption d’une tarification rationnelle qui refléterait les avantages de l’utilisation du gaz. Les pays gaziers devraient ainsi étudier et revoir les cours du gaz. Encore faut-il pouvoir le faire.