PAYS DU GOLFE : L’introduction progressive de la TVA et la baisse des subventions augmentent l’inflation
L’extension de l’accord OPEP + visant à limiter la production de pétrole a permis de soutenir les prix du pétrole. Ceux-ci se situent à USD 70/b en mars 2018, soit 60% au-dessus de la moyenne de 2016. Si les prix du pétrole plus élevés permettent le redressement de la demande intérieure des pays de la zone et ainsi des secteurs non-énergétiques, la nécessaire poursuite de l’ajustement budgétaire pour revenir sur une trajectoire soutenable continuera de peser sur les perspectives de croissance à moyen terme. La croissance hors hydrocarbures pourrait s’accélérer progressivement, mais restera bien en deçà de la moyenne de 7,5% pour la période 2003-2014.
L’inflation devrait augmenter en raison de la réduction des subventions au prix du carburant sur le marché local et de l’introduction d’une TVA de 5% en Arabie saoudite, aux EAU début 2018 et probablement dans les autres pays du Golfe en 2019. En Arabie saoudite, les autorités ont lancé un vaste programme de réformes (nouvelle loi de faillite, ouverture aux investisseurs étrangers) en vue d’améliorer l’environnement des affaires et promouvoir une croissance plus créatrice d’emplois.
Le déficit budgétaire des pays du Golfe devrait progressivement se réduire de 9% du PIB en moyenne en 2017 à 5% du PIB d’ici à 2020. L’émission d’obligations souveraines sur les marchés internationaux (40 milliards USD en 2016 et 60 milliards USD en 2017) restera forte en 2018 et 2019.
L’amélioration générale des comptes courants devrait assurer le maintien des régimes de change fixes vis-à-vis du dollar. Toutefois, Bahreïn fait encore face à d’importantes vulnérabilités avec un déficit budgétaire élevé et une hausse des ratios de dette publique en 2017. Sa stabilité monétaire dépendra du maintien du soutien financier en provenance des alliés, notamment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis. À Oman, l’État est engagé dans des projets d’infrastructure et de soutien de l’emploi des nationaux, ce qui maintiendra des déficits publics élevés. A présent, les marchés absorbent aisément les émissions de dette extérieure. Le prix du pétrole minimum pour équilibrer le budget et la balance courante du pays est de USD 80/b. En cas de tensions sur la liquidité, Oman pourrait mobiliser ses fonds souverains.
Le Qatar a résisté au blocus par d’autres États de la région à l’aide de nouvelles routes commerciales. Les autorités ont réagi aux sorties de capitaux des nonrésidents en utilisant le fonds souverain pour fournir des liquidités au système financier. La richesse financière du pays, ses fondamentaux solides (excédent courant élevé) créent des conditions propices pour une expansion soutenue. La crise politique régionale n’est pourtant pas finie et demeure un facteur d’incertitude.