Les perspectives pour les pays du Golfe se sont améliorées en 2018 grâce à la reprise des cours du pétrole. Le rebond des recettes provenant des exportations rend le besoin d’ajustement budgétaire moins urgent que lorsque les cours du pétrole s’étaient effondrés en 2015-2016. La demande intérieure bénéficie de l’assouplissement de la consolidation fiscale, et tire la croissance des secteurs non-pétroliers. Celle-ci accélère en 2018 (3,2% vs 2.6% en 2017) mais la croissance hors hydrocarbures reste en deçà de la moyenne de 7,5 % observée entre 2003 et 2014. Grace à la hausse des recettes, le déficit budgétaire des pays du Golfe devrait progressivement se réduire de 9 % du PIB en moyenne en 2017 à 5 % du PIB d’ici à 2020. L’émission d’obligations souveraines sur les marchés internationaux reste très élevée : USD 37 mds en 2016, USD 37 mds en 2017 et USD 30,5 mds au premier semestre 2018.
investisseurs internationaux voient d’un oeil bienveillant les émissions de dette des pays du Golfe. Les monarchies disposent de ressources (épargne dans des fonds souverains, richesse pétrolière) qui sont rassurants. Même les émetteurs « non-investment grade » avec des fondamentaux macro-économiques très fragiles, comme le Bahreïn ont réussi leurs placements d’eurobonds souverains en début de 2018. Un risque est qu’à terme, le refinancement de la dette des pays du Golfe doive s’effectuer à des conditions de marché moins favorables. La principale fragilité vient du manque de diversification productive basé principalement sur le pétrole ou le gaz. Face à un nouvel ajustement baissier du prix international du pétrole, les marges de manoeuvre pour réagir à la conjoncture seraient très limitées.
Au cours de trois dernières années, les gouvernements de la région ont présenté des plans nationaux de développement ou des « visions » à des horizons de 20 à 25 ans, pour développer de secteurs tels que le tourisme, les services commerciaux et financiers ainsi que la logistique. Ils ont également diminué les subventions énergétiques et annoncé la mise en place de l’une TVA à 5% en 2018. Pour l’instant, seuls l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis ont introduit la taxe, alors que Bahreïn, Koweït et Oman ont reporté leur introduction jusqu’en 2019. Le rebond du prix du pétrole diminue l’incitation à accélérer la diversification économique et rend la reprise plus fragile.
Le conflit diplomatique qui oppose le Qatar à l’Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis ne semble pas s’apaiser. Le parrainage des Frères musulmans par le Qatar a longtemps été une source de conflit entre les monarchies de la région. À cela se rajoute une rivalité de longue date entre Doha d’une part, et Abu Dhabi et Dubaï de l’autre, en concurrence dans leurs projets de s’ériger en tant que hubs régionaux. Enfin, les bonnes relations entre le Qatar et l’Iran, très mal perçues par l’Arabie saoudite et des positions divergentes dans des conflits régionaux (Yemen, Libie) expliquent aussi les rivalités.
Le Qatar résiste toujours au blocus économique des voisins en vigueur depuis juin 2017 à l’aide de nouvelles routes commerciales et de nouveaux partenariats. Bien que l’option militaire ne semble pas d’actualité, ces tensions demeurent un facteur d’incertitude.