La reprise de l’économie américaine reste « inégale et loin d’être complète » et il faudra « un certain temps » avant que la Réserve fédérale envisage de modifier la politique qu’elle a mise en œuvre pour favoriser le retour au plein emploi et la remontée maîtrisée des prix, a déclaré mardi Jerome Powell, le président de la banque centrale des Etats-Unis.
Les baisses de taux d’intérêt et les achats d’obligations au rythme de 120 milliards de dollars (99 milliards d’euros) par mois mis en œuvre par la Fed ont « notablement assoupli les conditions de financement et assurent un soutien important à l’économie », a-t-il dit selon le texte de la déclaration préliminaire écrite pour son audition par la commission bancaire du Sénat à Washington.
« L’économie est encore loin de nos objectifs d’emploi et d’inflation et il faudra sans doute un certain temps avant d’observer des progrès supplémentaires substantiels », desquels dépend la remise en cause des politiques de soutien actuelles, a-t-il ajouté.
Si l’évolution de la situation sanitaire aux Etats-Unis est encourageante et si « les vaccinations en cours permettent d’espérer un retour à une situation plus normale plus tard dans l’année », a-t-il poursuivi, « la trajectoire de l’économie reste notablement dépendante de l’évolution du virus et des mesures prises pour maîtriser sa propagation ».
L’audition de Jerome Powell au Congrès, la première depuis les élections de novembre, intervient alors que la conjoncture économique reste affectée par la crise du coronavirus mais semble en passe d’entrer dans une phase de reprise si la campagne de vaccination permet un retour à la normale de l’activité.
Les discussions en cours entre le Congrès et la Maison blanche sur un plan de relance de 1.900 milliards de dollars ont alimenté ces dernières semaines les interrogations sur d’éventuels risques de flambée inflationniste et de surchauffe des marchés financiers. Mais la déclaration de Jerome Powell ne semble pas dévier du ton adopté par la Fed ces derniers mois sur la nécessité d’un maintien des mesures de soutien pour ne pas risquer de faire dérailler la reprise.
Le mandat de la banque centrale inclut le plein emploi et pas seulement la maîtrise de l’inflation. Or quelque dix millions d’emplois supprimés l’an dernier au plus fort de la crise n’ont toujours pas été recréés et tous les risques liés à la pandémie sont loin d’avoir disparu.
La Fed a donc répété lors de chacune de ses réunions de politique monétaire ces derniers mois qu’elle maintiendrait des taux d’intérêt proches de zéro et les autres instruments moins conventionnels mis en oeuvre depuis le début de la crise pour favoriser la reprise du marché du travail.
Il y a deux semaines, Jerome Powell a plaidé pour « un engagement de l’ensemble de la société » dans ce sens, ce qui a été interprété comme un message aux membres du Congrès pour qu’ils adoptent rapidement un plan de relance.