La Chine a annoncé l’imposition de droits antidumping provisoires sur les importations de copolymères de polyacétal, un plastique technique crucial pour de nombreuses industries. Ces droits, variant entre 3,8% et 74,9% selon les pays et les entreprises concernés, entreront en vigueur dès le 24 janvier, selon un communiqué officiel du ministère chinois du Commerce. Cette mesure protectionniste intervient dans un contexte de tensions commerciales internationales déjà vives et pourrait amplifier les frictions avec plusieurs partenaires commerciaux majeurs.
Cette décision fait suite à une enquête de neuf mois initiée par la Chine en mai dernier. Cette enquête a été lancée en réaction à une série de mesures commerciales prises par d’autres puissances économiques, notamment l’augmentation des droits de douane américains sur les véhicules électriques chinois et l’ouverture d’une enquête commerciale par l’Union européenne concernant certaines importations d’acier en provenance de Chine. Le calendrier de cette annonce, intervenant juste avant l’investiture d’un nouveau président américain ayant affiché une posture protectionniste, souligne la dimension géopolitique de cette affaire.
L’impact économique de ces mesures est significatif, compte tenu des volumes d’importation concernés. Selon les données des douanes chinoises, les importations de copolymères de polyacétal en Chine depuis les États-Unis, le Japon, Taïwan et l’Allemagne ont atteint une valeur de 3 milliards de yuans, soit environ 397,58 millions d’euros, entre janvier et novembre de l’année précédente. Ces chiffres témoignent de la dépendance de l’industrie chinoise à ces importations et de l’enjeu économique qu’elles représentent.
Les copolymères de polyacétal sont des thermoplastiques techniques de haute performance. Leur capacité à remplacer partiellement des métaux tels que le cuivre et le zinc leur confère un rôle stratégique dans divers secteurs industriels. On les retrouve notamment dans l’industrie automobile, l’électronique et l’équipement médical, des domaines clés pour l’économie mondiale. Cette large gamme d’applications souligne l’importance de ce matériau dans les chaînes d’approvisionnement globales.
La structure des droits antidumping reflète une approche ciblée. Les entreprises américaines seront les plus affectées, avec des taux pouvant atteindre 74,9%, les plaçant en situation de désavantage concurrentiel majeur sur le marché chinois. Les entreprises de l’Union européenne seront soumises à des droits de 42%, un niveau également substantiel. Du côté des entreprises asiatiques, les producteurs taïwanais et japonais devront s’acquitter de droits respectifs de 32,6% et 43,7%. Ces différences de taux s’expliquent par les variations des pratiques commerciales et des marges de dumping estimées par les autorités chinoises lors de leur enquête.
En adoptant ces mesures protectionnistes, la Chine affiche clairement sa volonté de défendre ses intérêts industriels face à ce qu’elle perçoit comme des pratiques commerciales déloyales. Toutefois, cette décision risque d’exacerber les tensions commerciales internationales, en particulier avec les États-Unis et l’Union européenne. Elle pourrait également entraîner des représailles et redessiner les équilibres économiques mondiaux dans les secteurs industriels concernés, ouvrant une période d’incertitude pour les acteurs économiques impliqués.