Donald Trump, futur président des États-Unis, a formulé une proposition radicale aux pays européens : augmenter significativement leurs achats de gaz et de pétrole américains pour éviter une augmentation drastique des droits de douane. Une telle mesure est perçue comme radicale car elle remet en question les principes de libre-échange qui sous-tendent les relations commerciales transatlantiques. Cette annonce marque une nouvelle étape dans la stratégie commerciale agressive adoptée par l’ancien président, qui sera investi le 20 janvier prochain.
Dans un message publié le 20 décembre sur son réseau social Truth Social, Donald Trump a averti que l’Union européenne pourrait faire face à des conséquences économiques significatives si elle ne réduisait pas son déficit commercial avec les États-Unis. « J’ai dit à l’Union européenne qu’elle devait combler son énorme déficit avec les États-Unis en achetant à grande échelle notre pétrole et notre gaz », a-t-il écrit. « Sinon, ce sont les droits de douane qui s’appliquent !!!! », a-t-il ajouté, réaffirmant ainsi sa posture protectionniste. Une telle situation pourrait entraîner des hausses de prix pour les consommateurs européens, réduire la compétitivité des entreprises locales et renforcer les tensions sur les chaînes d’approvisionnement énergétique.
Une stratégie commerciale ciblant plusieurs partenaires clés
Ce n’est pas la première fois que Donald Trump menace d’imposer des droits de douane pour redéfinir les échanges commerciaux en faveur des États-Unis. Avant même de s’adresser à l’Union européenne, il avait déjà émis des avertissements similaires à l’encontre de trois autres partenaires commerciaux majeurs : le Canada, le Mexique et la Chine. Ces mesures s’inscrivent dans une stratégie visant à réduire les déficits commerciaux et à renforcer la compétitivité énergétique américaine.
La réaction prudente de l’Union européenne
Face à ces déclarations, la Commission européenne a adopté une position mesurée. Elle a notamment indiqué son intention d’engager des discussions avec Washington pour explorer des solutions mutuellement bénéfiques dans le secteur de l’énergie. Parmi les actions envisagées, l’Union européenne travaille à l’élargissement de ses infrastructures pour accueillir davantage de gaz naturel liquéfié (GNL) et à la conclusion d’accords à long terme avec des fournisseurs alternatifs. De plus, des projets concrets, tels que le renforcement des terminaux de réception de GNL dans les pays membres, font partie de cette stratégie visant à accroître la résilience énergétique. Un porte-parole de l’exécutif européen a indiqué que l’Union était prête à discuter avec le futur président pour renforcer des relations déjà solides, notamment dans le domaine de l’énergie. « L’UE s’est engagée à supprimer progressivement les importations d’énergie en provenance de Russie et à diversifier ses sources d’approvisionnement », a-t-il précisé. Cette déclaration souligne les efforts déployés par l’Union européenne pour réduire sa dépendance vis-à-vis des énergies fossiles russes.
Les chiffres clés du commerce énergétique
Au premier trimestre de 2024, les États-Unis représentaient déjà 47 % des importations de gaz naturel liquéfié (GNL) de l’Union européenne et 17 % des importations de pétrole du bloc, selon les données d’Eurostat. Ces chiffres témoignent de l’importance croissante des hydrocarbures américains sur le marché énergétique européen, un facteur déterminant dans un contexte où l’UE cherche à diversifier ses sources pour réduire sa dépendance aux énergies fossiles russes. Cette situation met en évidence les défis stratégiques pour les états membres, qui doivent concilier sécurité d’approvisionnement et compétitivité sur un marché en pleine évolution.
Cependant, les importations sont largement influencées par les conditions du marché. Les groupes européens de raffinage, souvent détenus par des majors pétrolières et des sociétés de négoce, achètent principalement en fonction du prix et de l’efficacité. Ainsi, les exportations énergétiques américaines vers l’Europe augmentent lorsque celles-ci deviennent plus compétitives par rapport aux producteurs concurrents.
Les principaux partenaires commerciaux
Les exportations de brut américain vers l’Europe dépassent actuellement les deux millions de barils par jour, soit plus de la moitié des exportations totales des États-Unis. Le reste est principalement destiné à l’Asie. Parmi les principaux importateurs de brut américain, on retrouve les Pays-Bas, l’Espagne, la France, l’Allemagne, l’Italie, le Danemark et la Suède, selon les statistiques du gouvernement américain.
Un avenir sous tension
Alors que l’Union européenne poursuit ses efforts pour diversifier ses sources d’approvisionnement énergétique, les nouvelles exigences de Donald Trump pourraient accentuer les tensions commerciales transatlantiques. Ces pressions pourraient redéfinir les relations diplomatiques entre les deux puissances, en suscitant des débats sur la souveraineté énergétique et l’indépendance stratégique de l’Europe. Reste à voir si l’Europe cédera aux pressions ou si elle choisira de maintenir une approche équilibrée, capable de préserver un dialogue constructif tout en résistant à la domination énergétique américaine.