En 2017, la croissance du PIB réel devrait descendre à 2,5 %, contre 3,3 % en 2016. Cette diminution est imputable à la baisse des investissements publics, résultant de la réduction des ressources de l’État intervenue malgré la stabilité de la croissance du secteur des hydrocarbures, où une reprise de la production est amorcée depuis 2015. Les projections pour 2018 (3,5 %) et 2019 (3,8 %) annoncent un retour de la croissance à un niveau comparable à ceux d’avant 2017 grâce, entre autres, aux efforts d’assainissement des dépenses publiques, au rééquilibrage des comptes extérieurs, à la poursuite de la reprise du secteur des hydrocarbures, ainsi qu’à la relance des investissements publics. L’inflation devrait s’établir à 5,3 % en 2017, puis à 4,5 % et 4 %.
Indicateurs macroéconomiques – Évolution
Même si son impact sur le secteur réel a été limité, la baisse des prix du pétrole affecte depuis 2014 les comptes public et extérieur, avec pour corollaires un épuisement de l’épargne budgétaire et une baisse du stock de devises (97 milliards de dollars EU à la fin 2017 contre 179 milliards en 2014). Ainsi, après un doublement du déficit budgétaire entre 2014 (7,1 % du PIB) et 2015 (15 %), celui-ci a baissé en 2016 (12,6 %) et 2017 (6,4 %), et la tendance devait se poursuivre en 2018 (3 %) jusqu’à une quasi-résorption en 2019 (-0,3 %). L’impact sur les comptes extérieurs a porté le déficit du compte courant de 4,3 % du PIB en 2014 à 16,4 % en 2016. Celui-ci devrait diminuer en 2017 (9,8 %), ainsi qu’en 2018 (5,6 %) et 2019 (1,4 %). Ces évolutions sont le résultat des efforts d’assainissement des dépenses publiques et de rééquilibrage des comptes extérieurs. La chute des cours du brut a aggravé le déficit budgétaire et réduit les réserves de change de près de la moitié. En septembre, les autorités ont publié un audacieux plan d’action quinquen nal visant à équilibrer le budget à l’horizon 2022. Il comprend des emprunts directs auprès de la banque centrale, en vue de compenser la baisse des revenus pétroliers sans avoir recours aux marchés internationaux de la dette. Avec une dette intérieure d’environ 20 % du PIB, l’Algérie a encore de la marge pour des emprunts supplémentaires. Le FMI a également suggéré que les autorités se tournent vers la dette extérieure pour financer le déficit. Les autorités ont toutefois publiquement indiqué que si elles le faisaient, il leur faudrait emprunter environ 20 milliards de dollars EU par an et qu’endéans quatre années, elles risquaient de ne pas être capables de rembourser. Elles ont également avancé que les mesures d’austérité et la dépréciation de la monnaie n’auraient qu’un impact limité sur le déficit du compte courant, qui devrait être partiellement contrebalancé par une demande intérieure plus forte.
Facteurs positifs
Un nouveau Plan d’action du Gouvernement (PAG) a été adopté en septembre 2017 dans un contexte financier difficile. Il comprend, notamment, trois mesures majeures :
- La poursuite de l’assainissement des finances de l’État entamée dans le cadre du Nouveau modèle de croissance économique (NMCE) 2016– 2030 et de la Trajectoire budgétaire 2016–2019 retenus par les autorités en juillet 2016 ;
- Une interdiction de l’endettement extérieur ;
- L’adoption d’un Financement non conventionnel (FNC) faisant appel à la Banque centrale pour les besoins de financement du Trésor, notamment destinés à résorber le déficit.
Le volet assainissement du PAG poursuivra le plan de rééquilibrage budgétaire et extérieur, prévu pour 2017–2019 dans le cadre budgétaire à moyen terme (CBMT) en vue d’atteindre un équilibre budgétaire et extérieur en 2020. Les projections indiquent une avancée dans cette direction, due en partie à la performance retrouvée dans le secteur des hydrocarbures et à la remontée des cours du pétrole depuis juin 2017.
Facteurs négatifs
En 2017, l’exercice de consolidation budgétaire a induit une réduction de 28 % des dépenses d’équipement et le gel de certains projets budgétés en 2014–2019. L’assèchement des liquidités des banques a restreint leur capacité d’intermédiation financière et, par conséquent, leur aptitude à financer des projets d’investissement publics et privés. Il en a résulté une baisse de la croissance du PIB réel hors hydrocarbures. De plus, la limitation des salaires, la hausse de la taxe sur la valeur ajoutée (2 %), la réduction des subventions, et la hausse des prix de l’énergie affecteront la consommation privée et publique. Au cours du deuxième semestre 2017, l’augmentation des cours du baril a permis de prendre des mesures correctives pour libérer les prêts bancaires et accroitre de 4 milliards de dollars EU les dépenses d’investissement. Par ailleurs, s’il n’est pas géré avec parcimonie, le volet « planche à billets » du PAG pourrait porter l’inflation bien au-delà des 5,3 %, 4,5 % et 4 % projetés respectivement pour 2017, 2018 et 2019.