L’économie marocaine aurait régressé de 13,8% au deuxième trimestre 2020, au lieu d’une hausse de 0,1% un trimestre plus tôt, selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP).
Cet abaissement serait attribuable à une contraction de 14,4% de la valeur ajoutée non-agricole et d’un repli de 6,1% de celle de l’agriculture, explique le HCP dans son point de conjoncture du 2ème trimestre de 2020.
Au troisième trimestre 2020, la baisse de la valeur ajoutée hors agriculture s’atténuerait progressivement, avec la reprise des activités du commerce, du transport et des industries manufacturières, s’établissant à -4,1%. Compte tenu d’un abaissement de 5,9% de la valeur ajoutée agricole, l’activité économique régresserait de 4,6%, au lieu de +2,4% au troisième trimestre 2019.
Seuls la communication et les services non-marchands seraient restés dynamiques, avec le renforcement des dépenses de fonctionnement. Dans le secteur secondaire, le rythme d’évolution serait passé à -14,3%, après +0,2% au premier trimestre. La baisse d’activité aurait été plus prononcée dans le BTP, l’électricité et dans l’industrie, particulièrement le textile, les IMME et les matériaux de construction. En revanche, l’agroalimentaire et la chimie auraient conservé leur rythme de croissance tendanciel.
L’activité minière aurait, pour sa part, montré une grande résistance face aux effets de la crise Covid-19. En variation annuelle, sa valeur ajoutée aurait progressé de 3,7% au deuxième trimestre 2020, grâce notamment à l’amélioration de l’extraction des minerais non-métalliques. La production du phosphate brut, qui avait quasiment stagné au premier trimestre 2020, aurait été plus soutenue en avril 2020, portée par une demande des industries locales de la chimie plus vigoureuse, en ligne avec l’expansion des quantités exportées des engrais. En dépit de la montée des incertitudes pesant sur la demande mondiale des fertilisants, les échanges internationaux des engrais phosphatés se seraient maintenus en hausse. En outre, les perturbations des chaînes asiatiques d’approvisionnement mondial des matières premières des industries chimiques auraient favorisé une hausse de 7,4% des exportations nationales du phosphate brut, a ajouté le HCP.
Dans l’agriculture, les conditions climatiques se seraient améliorées avec une pluviométrie excédentaire de 86% au terme des mois d’avril et mai 2020, en comparaison avec la même période de 2019. Ce retour quasi-général des précipitations, qui avait succédé à une sécheresse hivernale sévère, n’aurait pas profité au développement de l’ensemble des productions agricoles. Ainsi, si globalement les perspectives de croissance des cultures maraichères de saison, sucrières et de certaines rosacés se seraient améliorées, les rendements des céréales, des légumineuses et des fourrages seraient restés faibles, pâtissant du déficit pluviométrique qui avait entravé leurs phases de floraison. Au niveau des activités d’élevage, l’amélioration des parcours végétaux combinée aux mesures de soutien des prix de l’orge et le report des échéances des crédits des agriculteurs auraient légèrement tempéré les pertes de trésorerie liées à la hausse des prix des autres aliments de bétail et à la fermeture des souks hebdomadaires de commercialisation du bétail, pendant la période de confinement. Les filières avicole et laitière seraient restées, ainsi, les principaux piliers de la dynamique de la production animale. Dans l’ensemble, et compte tenu du repli de la production végétale, la baisse de la valeur ajoutée agricole aurait atteint -6,1% au deuxième trimestre 2020, au lieu de -5% un trimestre auparavant.
Accélération des créances sur l’économie
La masse monétaire aurait évolué au rythme de 5,7%, au deuxième trimestre 2020, après +5,1% un trimestre auparavant, en glissements annuels. Le besoin de liquidité des banques se serait nettement creusé, à la suite de la hausse de la monnaie fiduciaire dans une conjoncture de confinement sanitaire de la population. Dans ce contexte, Bank Al-Maghrib aurait abaissé le taux de réserve obligatoire de 2% à 0% et augmenté significativement le volume de ses financements aux banques. Pour leur part, les avoirs officiels de réserve auraient progressé de 22,1%. Les créances nettes sur l’administration centrale auraient nettement augmenté, marquant une hausse de 7% de l’endettement monétaire du Trésor.
L’encours des créances sur l’économie se serait accru de 6,7%, au deuxième trimestre 2020, en glissement annuel, au lieu de +6% au premier trimestre. Cette évolution serait attribuable notamment à l’accélération des crédits à la trésorerie des entreprises. Dans le sillage de la décision de Bank Al-Maghrib d’abaisser son taux directeur de 50 points de base à 1,5% au mois de juin 2020, les taux d’intérêt sur le marché interbancaire auraient baissé de 33 points de base, en glissement annuel, se situant à 1,94%. Parallèlement, les taux auraient diminué sur le marché des adjudications des bons du Trésor. Les taux d’intérêt à 1 an et à 5 ans auraient reculé, en moyennes et en variations annuelles, de 6 et 12 points de base, respectivement.