Les perspectives de croissance précaires de ses principaux partenaires commerciaux. Les déficits budgétaires devraient se creuser à mesure que les recettes pétrolières diminuent. En Arabie Saoudite, le secteur des loisirs et des divertissements soutient la croissance du PIB dans le secteur pétrolier hors hydrocarbures
La région continue à enregistrer de la croissance, mais la baisse des revenus pétroliers, les perspectives économiques précaires pour les principaux partenaires commerciaux (Chine, Europe) et les niveaux élevés d’incertitude géopolitique sont des vents contraires. La croissance du PIB hors hydrocarbures dans le CCG s’est considérablement ralentie depuis 2015. Elle devait se situer dans une fourchette de 2 à 3 % en 2020, loin de la norme de croissance de 7,5 % pour la période 2000-15, lorsque le CCG a bénéficié d’une rente pétrolière croissante et a connu une expansion rapide des infrastructures.
Le Covid-19 pèsera sur la croissance via une demande mondiale plus faible. Pourtant, le plus grand risque pour le CCG vient de l’effondrement des prix du pétrole qui en résulte. L’épidémie ayant entraîné une baisse de la demande de pétrole et l’OPEP+ n’ayant pas consenti à réduire l’offre globale, le prix du pétrole a accentué sa tendance à la baisse. Il accumule une perte de près de 50 % depuis le début de l’année. Les prix du pétrole pourraient rester bas, surtout si les producteurs tentent de contrecarrer la baisse des prix par la hausse de l’offre et du volume des ventes.
Le canal de transmission de la crise de Covid-19 comprend également des liens sectoriels. Les EAU sont confrontés à l’impact de la crise sur le trafic aérien et le commerce. L’Arabie Saoudite devrait faire face à des retards dans des projets d’expansion en coopération avec des constructeurs chinois, mais les difficultés devraient être temporaires. Au niveau macroéconomique, l’impact du Covid-19 devrait être fort au premier semestre 2020, mais l’activité devrait reprendre rapidement avec le rétablissement de l’économie chinoise.
Les plans nationaux de développement économique à long terme envisagés par les gouvernements du CCG sont axés sur la modernisation de l’économie, le développement des énergies renouvelables et les efforts visant à isoler les revenus de la volatilité des prix du pétrole. Les mesures de nationalisation de la main d’oeuvre sur le marché du travail du Golfe ont entraîné un flux de sortie de travailleurs migrants des pays du Golfe, ce qui a nui aux dépenses de consommation locales. De nombreux secteurs aux EAU travaillent avec une capacité excédentaire et le marché de l’immobilier est toujours en difficulté. En Arabie saoudite, le secteur des loisirs et des divertissements, soutenu par le gouvernement, fait augmenter la croissance du PIB. Pour l’avenir, le défi consiste à créer les conditions qui permettront au secteur privé de jouer un rôle plus important dans l’économie.
Les déficits budgétaires sont en passe de devenir une caractéristique structurelle. Les prix du pétrole qui équilibrent les finances publiques ont généralement baissé depuis 2014 grâce à des mesures d’austérité, nottament une réforme fiscale en Arabie saoudite(introduction réussie d’une TVA de 5 %), aux Émirats arabes unis et à Bahreïn) et la diminution des subventions et des transferts sociaux. Toutefois, le prix « breakeven » est toujours beaucoup trop élevé par rapport aux prix du pétrole actuels pour équilibrer les budgets nationaux dans la plupart des pays du CCG.
Pour compenser les pertes de revenus, les gouvernements ont été très actifs sur les marchés internationaux de la dette. L’Arabie saoudite a également vendu 1,5 % des parts d’Aramco, la géante pétrolière nationale, pour lever des fonds afin de moderniser l’économie (25,6 Mds USD levés, soit la plus importante introduction en bourse de l’histoire).
Depuis plus de trois décennies, les économies du CCG ont bénéficié de l’ancrage de leur monnaie au dollar, permettant une grande stabilité monétaire. La volatilité des prix du pétrole et les programmes de diversification peuvent conduire à reconsidérer cette stratégie à un moment donné. Toute réforme du régime de change ne se fera pas à la hâte. Toutefois, Bahreïn ou Oman, qui ont d’importants déficits extérieurs, pourraient être confrontés à des pressions spéculatives sur les devises s’ils devaient faire face à une période prolongée de dépression des prix du pétrole. Les préoccupations géopolitiques semblent devoir rester une source d’incertitude.
L’attaque de missiles visant les installations pétrolières saoudiennes en septembre 2019 a fait craindre une confrontation directe entre le Royaume et l’Iran. Le blocus imposé au Qatar depuis 2017 par ses voisins les plus proches réduit les perspectives commerciales des entreprises ayant une activité dans toutes les économies du CCG. Sur une note positive, l’Arabie saoudite préside et accueille le G20 en 2020, confirmant l’intention du pays d’assumer une position d’ouverture sur la scène internationale. 2020 est également l’année de l’exposition universelle de Dubaï et la région attirerait l’attention du monde des affaires.