La décision de l’Arabie saoudite de suspendre ses projets d’expansion de ses capacités en matière de production de pétrole ne doit pas être interprétée comme les prémices d’une baisse de la demande de brut, a déclaré mardi le secrétaire général de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep).
Le gouvernement saoudien a demandé le 30 janvier à la compagnie pétrolière nationale Aramco d’abaisser ses capacités et de viser un objectif de production maximale de 12 millions de barils par jour (bpj), soit un million de bpj de moins que l’objectif annoncé en 2020 et qui devait être atteint en 2027.
Selon des sources, ce revirement surprise dans les projets d’expansion du royaume en matière de pétrole était en préparation depuis au moins six mois et il s’appuie sur une analyse selon laquelle une grande partie de la capacité excédentaire de l’Arabie saoudite n’est pas correctement valorisée.
L’Arabie saoudite, premier exportateur mondial de pétrole, est le chef de file de facto de l’Opep.
Dans ses perspectives annuelles, publiées en octobre, l’organisation a revu à la hausse ses prévisions concernant la demande mondiale de pétrole à moyen et à long terme.
Dans son rapport « World Oil Outlook », elle prévoit que la demande mondiale de pétrole atteindra 116 millions de barils par jour (bpj) d’ici 2045, soit environ six millions de bpj de plus que dans le rapport de l’année précédente, la croissance étant tirée par la Chine, l’Inde, plusieurs pays asiatiques, l’Afrique et le Moyen-Orient.
« Nous nous en tenons à ce qui a été publié dans nos dernières perspectives et nous croyons fermement qu’elles sont solides », a déclaré Haitham al Ghais.
L’Opep doit publier ses nouvelles perspectives dans le courant de l’année et son secrétaire général a déclaré qu’il faudrait « attendre » septembre ou octobre, date à laquelle cette publication devrait avoir lieu, pour déterminer un éventuel changement dans les données.
« Mais nous pensons que nos chiffres restent valables et sont très solides », a-t-il dit.
« S’il y a une évolution, c’est le changement de discours auquel nous assistons actuellement (…) de nombreux pays dans le monde font marche arrière, tempèrent et revoient leurs objectifs de zéro émission nette (…) ce qui créera une nouvelle demande de pétrole à long terme », a-t-il ajouté.
LA SORTIE D’ANGOLA
Haitham al Ghais a par ailleurs souligné ne pas être préoccupé de la décision, annoncée en décembre, de l’Angola de sortir de l’Opep.
« Ce n’est pas la première fois qu’un membre quitte l’organisation pour des raisons qui lui sont propres », a-t-il noté.
« Nous avons eu des membres qui partent et d’autres qui rejoignent l’organisation (…), donc je ne suis pas trop inquiet à ce sujet », a-t-il dit.
L’annonce le 21 décembre du retrait de l’Angola de l’Opep avait provoqué à l’époque une baisse des cours du pétrole, amenant certains analystes à s’interroger sur les fractures entre l’Opep et ses partenaires réunis dans l’alliance Opep+, qui comprend notamment la Russie.
Le secrétaire général de l’Opep a cependant souligné que l’Angola pourrait redevenir membre de l’organisation si elle le souhaite. Il a également noté que les baisses de quotas de production, sur la base du volontariat, mises en oeuvre par certains pays de l’Opep+ montre la flexibilité de l’organisation.
« Pour l’instant, c’est probablement le moyen le plus approprié », a-t-il dit.
« Une réduction sur la base du volontariat est une décision souveraine d’un pays d’ajuster sa production. Cela montre la flexibilité inhérente à notre approche et le fait que nous disposons de plusieurs moyens pour assurer la stabilité du marché », a-t-il poursuivi.