Cinq ans après avoir été chassé du pouvoir le 14 de Janvier 2011, le président déchu Zine El Abidine Ben Ali vit en exil en toute discrétion, à Jeddah, en Arabie Saoudite loin des projecteurs, après avoir gouverné le pays d’une main de fer pendant 23 ans.
Le 14 janvier 2011, après un mois de manifestations violemment réprimées, le dictateur embarque à destination de Jeddah, sur les rives de la mer Rouge. Il est accompagné de son épouse Leila Trabelsi – l’une des personnalités la plus abominée des Tunisiens, leur fille Halima et leur fils Mohamed Zine el-Abidine.
Quant à leur fille Nasrine, l’épouse de l’homme d’affaires Sakhr Materi, part avec son mari au Qatar avant d’aller s’installer en exil aux Seychelles depuis décembre de 2012.
Depuis son installation en Arabie saoudite, Zine El Abidine Ben Ali ne fournit aucun détail sur sa vie à Jeddah, sur ce qu’il fait de ses journées, sur ses ressources de subsistance, sur ses projets… Toutefois, il continue de réagir régulièrement à des informations de presse le concernant par le biais de communiqués de son avocat libanais.
D’ailleurs, son avocat Akram Azoury, l’a bien déclaré à l’AFP : « le président Ben Ali ne veut pas donner de détails sur sa vie à Djeddah. »
Les invités de l’émission « Le 8ème jours », diffusée jeudi 14 janvier 2016 à El Hiwar Ettounsi, l’avocat Imed Ben Halima et le journaliste Jamel Arfaoui ont rapporté que le 14 janvier 2011, l’ex-président avait été victime d’un stratagème mis au point par le responsable de sa sécurité, le général Ali Seriati.
Celui-ci, évoquant la menace d’un assassinat, l’aurait poussé à aller mettre sa famille à l’abri, selon cette version, puis aurait empêché son retour en Tunisie. Zine El Abidine Ben Ali soutenait aussi n’avoir jamais donné « l’ordre de tirer à balles réelles sur les manifestants ». Selon un bilan officiel, 338 personnes ont été tuées dans la répression du soulèvement.
Depuis cette époque, très peu de photos de Ben Ali ont été publiées par ses enfants sur Instagram. En août 2013 apparaît une photo de lui en pyjama rayé sur un compte depuis supprimé. Un an plus tôt, Leila Trabelsi avait publié un livre, Ma vérité, dans lequel elle rejetait les accusations de corruption et de dérive dictatoriale du régime déchu.
Une photo de lui, les cheveux toujours teints d’un noir, souriant à côté de sa femme portant le voile, était alors apparue, démentant les rumeurs de divorce. Dans une interview à un quotidien français via Skype, Leila Trabelsi avait aussi nié que son mari soit atteint d’une maladie grave et dans le coma.
Le chef du clan Belhassen Trabelsi, frère de Leila, qui a bâti un puissant empire économique grâce à son influence, encourt l’expulsion du Canada, où sa demande d’asile a été refusée l’an dernier. Quant à Imed Trabelsi, un neveu de l’épouse de Ben Ali, croupit toujours dans les prisons tunisiennes.
L’empire économique, qui s’étendait de la grande distribution à l’immobilier en passant par la téléphonie, les médias ou l’automobile, a été démantelé. Une partie a été privatisée, mais des pans entiers restent sous contrôle d’administrateurs judiciaires nommés par l’État. Aucun programme d’ampleur pour ces actifs n’a été décidé.
L’ancien couple présidentiel a fait l’objet de plusieurs condamnations à la perpétuité par contumace et à des peines de prison pour des malversations et condamné dans plusieurs autres affaires liées à la corruption. Ben Ali a écopé à deux reprises d’une peine de prison à vie pour la répression des manifestations.